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Critique de NicolaK


Je n'ai pas cette édition et lis de préférence les bibliographies dans l'ordre. En 1900, alors qu'il avait 20 ans, Stefan Zweig a écrit Dans la neige, de suite après Printemps au Prater.
Le chandelier enterré vient bien plus tard; en 1937. Je l'ai aussi, mais la lirai et en ajouterai un retour ici même le moment venu.
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C'est parti pour Dans la neige :
Alors que les premières nouvelles de Zweig traitaient d'amour, celle-ci parle des Juifs. Il ne savait d'ailleurs qu'en faire, sa parution dans les quotidiens auxquels il envoyait habituellement ses écrits étant fortement compromise, les journaux préférant éviter le sujet.
Il se refusait également à l'envoyer à un journal Juif parce qu'elle ne recèle aucune tendance nationale, caractéristique qui primait dans les récits de cette nature.
Elle fut enfin publiée dans le numéro 31 de l'organe du mouvement sioniste de Vienne, Die Weig, le 2 août 1901, puis reprise en 1904 dans le Jüdischer Almanach.
Mais le principal est qu'elle soit parvenue jusqu'à nous, n'est-ce pas ?
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Si le sujet tranche sacrément avec les précédentes nouvelles de l'auteur qui parlaient essentiellement d'amour, ce récit témoigne encore d'une exceptionnelle maîtrise littéraire. Quel style ! Mais quel style ! On ne se lasse pas de s'en repaître.
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Chaque détail, tendre ou violent, fait mouche. Chaque phrase nous emporte au-delà de tout ce qu'on pourrait imaginer. Les éléments sont vivants, le froid est vivant... on le ressent au plus profond de nos entrailles, la neige est vivante.
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Et ces gens qui s'enfuient dans des conditions effroyables, après avoir perdu tant de leurs proches, on a mal avec eux, on a peur avec eux. Leur ressenti nous frappe de plein fouet, nous aussi.
Des doigts de glace m'enserrent le coeur.
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"Le froid est devenu terrible et s'enfonce comme des couteaux de glace dans les membres qui ont déjà perdu beaucoup de leur mobilité. Et peu à peu s'est aussi levé un vent puissant qui entonne des chants sauvages et fait retentir son râle contre les charrettes. Comme des mains cupides se tendant vers les objets du sacrifice, il tire sur les bâches constamment secouées, et que seules les mains figées par le froid parviennent encore à retenir."
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Autre "personnage" très présent, la Mort. Oui, un personnage. Elle est là, aux aguets, épiant le moindre de signe de faiblesse. L'auteur répète le mot à plusieurs reprises comme pour la rendre encore plus prégnante.
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Un moment très riche en émotions que j'espère avoir réussi à partager un peu avec vous. Si vous n'avez pas encore lu cette nouvelle, foncez.
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