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Critique de li_ederlezi


Ce livre occupe une place de choix parmi toutes les lectures scolaires qui ont laissé une empreinte dans ma mémoire..

Le joueur d'échecs, c'est d'abord le récit d'une torture d'un autre genre, qui, pour varier les plaisirs sans doute, ne cible pas le corps, mais l'esprit.

Que peut-il y avoir de plus cruel, de plus éprouvant, de plus dangereux pour l'esprit que la honte, la peur, ou même le désespoir?

le vide...

Le néant.

Ce rien morbide qui aspire l'esprit pour l'anéantir, comme le ferait un trou noir dans l'univers..
Contre cet abominable vertige, cette insupportable absence de tout, notre héros va trouver son salut dans un petit, minuscule, manuel de jeu d'échecs (un jeu dont, à ce stade, il ignore tout).

Alors, comme un affamé qui ne ferait pas la fine bouche sur la nourriture qu'il trouve, son esprit soumis à la torture du vide dévorera cette nourriture inespérée avec avidité, encore et encore, dans une intensité qui confine à la démence.
Pour le héros cependant, la démence représente le seul salut contre un danger encore plus grand : le néant.

Aristote disait : "la nature a horreur du vide".

Zweig ne nous dit pas autre chose, mais il sait surtout nous le faire ressentir, ce mal ultime, supérieur à la souffrance elle-même.

Je ressens toujours un vague malaise devant la beauté monochrome d'un paysage de neige... je n'aime pas que tout ce blanc absorbe les reliefs, les sons et les couleurs. C'est pour moi comme un avant-goût du néant...

C'est donc avec effroi que j'ai réalisé l'horreur vécue par ce personnage...

Et pour nous posséder tout à fait, ce roman mêle aux flash back de la torture, la plus époustouflante partie d'échecs de tous les temps. On assiste à la rencontre de deux champions hors normes, à la maîtrise et au talent presque équivalents, bien qu' issus de deux cheminements très différents.

La tension qui se crée autour de cette partie est plus que palpable et elle n'épargne personne : les joueurs, les spectateurs, et le lecteur, tous retiennent leur souffle jusqu'au dénouement..

C'est peut être justement par égard pour nous et notre besoin de respirer, que l'auteur nous a servi ce concentré d'émotions sur une centaine de pages... Faire durer l'expérience davantage nous aurait exposés à l'asphyxie... et n'aurait rien ajouté à cette oeuvre qui possède déjà tout.


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