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Critique de MissAlfie


La particularité de la biographie que livre Zweig en 1932 est qu'elle n'épargne personne, elle ne cherche pas à dresser un procès à charge ou à décharge. Elle est le portrait le plus fidèle possible d'une femme, et par ricochet de son entourage, qui fut très longtemps une sorte de bimbo de l'époque, plus intéressée par ses toilettes que par la situation de son peuple, qui fut courtisée et trouva très probablement l'amour auprès du Comte Fersen, malgré tout la vertu que la Restauration voulut imposer au personnage. Zweig explique en conclusion qu'il a travaillé à partir de documents certifiés, à savoir quasiment uniquement des correspondances de Marie-Antoinette à sa mère, puis à Fersen. Il souligne d'ailleurs que de nombreux écrits ont été soit trafiqués, soit carrément créés de toute pièces après la Révolution, pour contribuer à faire de Marie-Antoinette une sorte de simple écervelée dramatique.

En réalité, on est assez loin de ce personnage. La Marie-Antoinette que décrit Zweig, si elle est effectivement assez peu futée et peu instruite, qu'elle préfère s'intéresser aux tissus de ses robes qu'à quelques auteurs que sa mère lui conseille de lire, deviendra, face à L Histoire, une femme mure, qui tentera coûte que coûte de sauver sa famille et ses enfants. C'est elle qui comprendra l'intérêt de manoeuvrer avec Mirabeau pour être protégée, qui osera prendre certaines décisions, et restera la tête haute, même lors du transfert au Temple, ou plus encore lors de son procès odieux. Non, je ne suis pas royaliste en considérant que le procès qui mena Marie-Antoinette à la guillotine était odieux, je suis réaliste. A l'époque, la Terreur régnait en maître, et il fallait que les têtes tombent, à n'importe quel prix, même à celui d'accusations calomnieuses. Elle ne fut ni la première, ni la dernière d'ailleurs à en faire les frais : à ma connaissance, le tribunal révolutionnaire n'a pas du rendre beaucoup de jugements de relaxe... S'il en a rendu...

Avant de clore ce pavé (oui, pour Marie-Antoinette, c'est comme pour Marie Stuart, je vous fais des pavés sur des bouquins que jamais au grand jamais je n'aurai voulu lire il y a quelques années... Comme quoi, en vieillissant...), il convient de souligner qu'au-delà de l'histoire de cette reine de France, c'est aussi tout un univers que Zweig nous faire (re)visiter, de Versailles et ses coulisses, ses magouilles silencieuses, les manoeuvres des frères de Louis XVI pour un jour accéder au trône, les libelles et les rumeurs qui y courent... Ce contexte relaté vient faire un excellent pendant aux romans de Parot dont vous me savez grande adepte. J'ai d'ailleurs profité de cette lectures pour tirer quelques conclusions sur le dernier opus dont je vous ai parlé il y a deux semaines, notamment concernant quelques jalons que Parot pourrait bien avoir posé pour ses prochains romans...

Il y a mille autre choses que je pourrai vous dire sur cette biographie que j'ai vraiment dévorée, mais retenez qu'il s'agit d'une occasion pour se rafraîchir la mémoire sur des années marquantes pour notre pays, de réviser les grandes étapes que furent les états généraux, le départ de Versailles, la fuite à Varennes ou encore l'emprisonnement de la famille royale au Temple, puis à la Conciergerie pour Marie-Antoinette. Bref, Zweig avait, avec ce destin, toutes les billes pour faire un fabuleux roman (d'autres auteurs ne se sont guère privés d'ailleurs), il a choisi la vérité et la précision, le tout servi avec son talent littéraire. Un vrai coup de coeur.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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