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Critique de larmordbm


Pendant la lecture du Mage du Kremlin, je ne pensais pas en faire la critique, ne voyant pas quoi ajouter aux beaux billets présents sur le site.
Et puis, une fois la dernière page tournée, et en prenant du recul, une petite musique m'a invitée à exprimer ce qui ne m'a pas permis d'être pleinement dans le livre, et ce qui m'empêche de rejoindre le concert de louanges dont il fait l'objet depuis sa parution.
J'en ai, néanmoins, apprécié de nombreux aspects, parmi lesquels je noterai l'érudition de son auteur, la qualité de son écriture, sa parfaite connaissance de la géopolitique de la Russie, sa clairvoyance, la vision et l'anticipation dont il a su faire preuve, le roman ayant été écrit avant le début de la guerre en Ukraine. Da Empoli se livre à un impressionnant travail historique, doublé d'une analyse sociologique et politique étayée grâce à sa maîtrise des arcanes du pouvoir et des institutions russes. Il nous offre une rétrospective condensée des étapes traversées par le pays depuis la révolution de 17, en passant par le stalinisme, la chute du mur, l'éclatement de l'URSS, Maïdan...
Nous avons l'impression de vivre de l'intérieur, les soubresauts de l'histoire, d'en comprendre ainsi les enjeux et de mesurer à quel point les occidentaux en ont eus une lecture erronée, ce dont nous prenons conscience aujourd'hui.
J'oubliais le magnifique portrait de Ksenia, l'amour de Baranov.
Alors me direz-vous pourquoi cette réserve ?
La première raison tient au choix de l'auteur d'avoir écrit un roman alors que le contenu aurait pu justifier, à mes yeux, la rédaction d'un essai, la juxtaposition de faits réels et d'éléments fictifs laissant parfois dubitatif.
La deuxième tient à ses choix narratifs. le roman se résume pour l'essentiel au monologue de Vadim Baranov, le fameux mage, conseiller de Poutine.
Ce monologue permet de relater de manière chronologique l'ascension du Tsar et de la situer dans le contexte mais la question se pose de savoir qui parle, Baranov ou Da Empoli. le conseiller parait extérieur aux évènements, en situation d'observation, voire de jugement.
Le monologue crée de l'ambiguïté ; il renseigne peu sur les interactions entre le Tsar et le conseiller et ne donne pas de relief au récit.
Malgré ces quelques réserves formelles qui sont éventuellement à mettre en rapport avec le fait que le livre n'ait pas été choisi pour le Goncourt, j'en conseille néanmoins la lecture, le mage du Kremlin nous éclairant sur le fonctionnement de Vladimir Poutine, ex-chef des services secrets, loin d'être fou, produit d'un pays marqué par la violence et la désintégration qui revendique encore aujourd'hui un statut d'empire.
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