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Critique de Gerard17200


Vous êtes curieux ? Vous vous intéressez à ce qui se passe ailleurs, au-delà de nos frontières ?
Giuliano da Empoli va vous emmener faire un tour dans la Russie contemporaine, celle de l'après chute du Mur de Berlin.
Son narrateur recueille les confessions d'un proche du pouvoir. Un visiteur du soir du nom de Vadim Baranov.

On passe en revue tous les personnages et tous les évènements qui ont jalonné cette période : Gorbatchev et la liquidation du communisme, Boris Eltsine et les dix années d'ultra capitalisme avec l'avènement des oligarques russes dont les fortunes se sont faites quasiment du jour au lendemain. Et puis, bien sûr, l'ère Poutine, le nouveau Tsar de toutes les Russies, le maître absolu.
Si vous voulez faire le point sur vos connaissances, si vous voulez remettre les évènements en perspective les uns par rapport aux autres, si vous voulez essayer de comprendre l'âme russe, incompatible avec l'âme occidentale, n'hésitez pas à lire ce livre qui est à mi-chemin entre le roman et le récit journalistique.

Giuliano da Empoli usurpe l'identité du véritable conseiller de Poutine : Vladislav Surkov, l'homme qui a longtemps murmuré à l'oreille du Tsar jusqu'à ce que, lui aussi tombe en disgrâce. Je ne sais pas pour quelles raisons il a utilisé le personnage de Vadim Baranov (1930 – 2014) qui n'a jamais été le bras droit de Poutine.

Dans ce livre, c'est essentiellement le contenu qui prévaut. Plus que le style ou la qualité littéraire qui sont secondaires. C'est probablement une des raisons pour lesquelles l'auteur n'a pas obtenu le Goncourt en 2022.

Pour bien comprendre la Russie, il faut savoir que seul le pouvoir compte. L'argent est totalement anecdotique. Il n'est pas interdit de s'enrichir, certes, mais un milliardaire de la finance ne pèsera jamais sur le pouvoir politique.

Bon nombre de phrases mériteraient d'être reproduites tellement elles font mouche.

Pour vous servir, en voici quelques morceaux choisis que je livre à votre sagacité :

Voyez-vous, pour comprendre que Gorbatchev allait détruire l'Union soviétique, on n'avait pas besoin de l'écouter ; il suffisait de le regarder. Il montait à la tribune et on lui apportait immédiatement son verre de lait. Les gens n'en croyaient pas leurs yeux. Puis il doubla le prix de la vodka. Il voulait mettre tout le monde au lait. En Russie. Vous vous rendez-compte ? Après on s'étonne que tout soit parti en vrille.

Qui connaît la Russie sait que chez nous le pouvoir est sujet à de périodiques mouvements telluriques. Avant qu'ils ne se produisent, on peut tenter d'en orienter le cours. Mais, une fois qu'ils sont survenus, tous les engrenages de la société se repositionnent en conséquence, selon une logique aussi silencieuse qu'implacable. Se rebeller contre ces mouvements est aussi vain que serait le fait de s'opposer à la rotation de la Terre autour du Soleil.

La Russie est la machine à cauchemars de l'Occident. A la fin du dix-neuvième, vos intellectuels ont rêvé la révolution. Nous l'avons faite. du communisme, vous n'avez fait que parler. Nous l'avons vécu pendant soixante-dix ans. Puis est arrivé le moment du capitalisme. Et même cela, nous sommes allés beaucoup plus loin que vous. Dans les années quatre-vingt-dix, personne n'a déréglé, privatisé, laissé de place à l'initiative des entrepreneurs plus que nous. Ici se sont bâties les plus grosses fortunes, parties de rien, sans règles et sans limites. Nous y avons vraiment cru, mais ça n'a pas marché.
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