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Critique de marosaga


Le huitième soir, d'Arnaud de la GRANGE met en scène les huit derniers jours d'un jeune lieutenant embarqué dans l'étrange et meurtrier conflit d'Indochine, et plus particulièrement la fin des combats à Dien Bien Phu.
La situation est retracée avec précision et les descriptions bénéficient d'un vocabulaire recherché : " le délire orgiaque des canons et des obusiers bat son plein....la nuit, lacérée par des lances de feu...c'est un chaudron où bouillonne l'âme noire des hommes."" Autour de nous, la terre devient folle, se convulse, prise de spasmes. On la dirait possédée, elle se contorsionne, crache ses cailloux et sa bave boueuse...Je pense aux apocalypses d'une autre guerre, celle que l'on dit "grande".
Le narrateur parle longuement aussi de son engagement, du sens de la guerre : " Je n'ai pas de fascination pour la mort, nulle vocation au sacrifice....Embarqué dans une sale histoire en un coin où l'on se tue avec une inépuisable énergie.... Je les ai rejoints [les rangs de l'armée] comme on prend une route buissonnière...Je voulais descendre au plus profond de moi-même. Là, je vais achever de me connaître.... Je n'ai pas à détourner mon regard, tous connaissent la vérité."
Les derniers instants sont illustrés par le poème poignant qu'Alan Seeger avait écrit avant la bataille de la Somme, en 1916. La conclusion, plus personnelle du jeune lieutenant , au matin du huitième jour, ne laisse aucun doute quant à l'issue : " Je ne sais pas grand chose de ce qui s'est passé durant cette nuit si longue. Je vois juste que beaucoup d'hommes sont morts... J'ai tué, de loin, de près, corps contre corps. Je suis couvert de sang, de sueur et de boue. Je ne me vois pas, mais je regarde effaré ceux qui m'entourent. Ils sortent d'une forge ou d'un noir caveau."
Au cours de ces huit jours, il se laisse aller aussi aux souvenirs : ses liens avec Marie, puis Pauline, l'amour de sa mère, ses combats et blessures précédents, ses rapports à la hiérarchie...
C'est un roman dense, riche et bien écrit. Je vais sûrement continuer à suivre de près les écrits de M.de la Grange !

Lien : http://frangesdhumeur.over-b..
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