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Citations sur Poésies complètes. Regards et jeux dans l'espace. Les sol.. (33)

Accompagnement.

Je marche à côté d’une joie
D’une joie qui n’est pas à moi
D’une joie à moi que je ne puis pas prendre

Je marche à côté de moi en joie
J’entends mon pas en joie qui marche à côté de moi
Mais je ne puis changer de place sur le trottoir
Je ne puis pas mettre mes pieds dans ces pas-là
et dire voilà c’est moi

Je me contente pour le moment de cette compagnie
Mais je machine en secret des échanges
Par toutes sortes d’opérations, des alchimies,
Par des transfusions de sang
Des déménagements d’atomes
par des jeux d’équilibre

Afin qu’un jour, transposé,
Je sois porté par la danse de ces pas de joie
Avec le bruit décroissant de mon pas à côté de moi
Avec la perte de mon pas perdu
s’étiolant à ma gauche
Sous les pieds d’un étranger
qui prend une rue transversale.
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Cage D'Oiseau.

Je suis une cage d’oiseau
Une cage d’os
Avec un oiseau

L’oiseau dans ma cage d’os
C’est la mort qui fait son nid

Lorsque rien n’arrive
On entend froisser ses ailes

Et quand on a ri beaucoup
Si l’on cesse tout à coup
On l’entend qui roucoule
Au fond
Comme un grelot

C’est un oiseau tenu captif
La mort dans ma cage d’os

Voudrait-il pas s’envoler
Est-ce vous qui le retiendrez
Est-ce moi
Qu’est-ce que c’est

Il ne pourra s’en aller
Qu’après avoir tout mangé
Mon coeur
La source du sang
Avec la vie dedans

Il aura mon âme au bec.
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Accueil.

Moi ce n’est que pour vous aimer
Pour vous voir
Et pour aimer vous voir

Moi ça n’est pas pour vous parler
Ça n’est pas pour des échanges conversations

Ceci livré, cela retenu
Pour ces compromissions de nos dons

C’est pour savoir que vous êtes,
Pour aimer que vous soyez

Moi ce n’est que pour vous aimer
Que je vous accueille
Dans la vallée spacieuse de mon recueillement
Où vous marchez seule et sans moi
Libre complètement

Dieu sait que vous serez inattentive
Et de tous côtés au soleil
Et tout entière en votre fleur
Sans une hypocrisie
en votre jeu

Vous serez claire et seule
Comme une fleur sous le ciel
Sans un repli
Sans un recul de votre exquise pudeur

Moi je suis seul à mon tour
autour de la vallée
Je suis la colline attentive

Autour de la vallée
Où la gazelle de votre grâce évoluera
Dans la confiance et la clarté de l’air

Seul à mon tour j’aurai la joie
Devant moi
De vos gestes parfaits
Des attitudes parfaites
De votre solitude

Et Dieu sait que vous repartirez
Comme vous êtes venue
Et je ne vous reconnaîtrai plus

Je ne serai peut-être pas plus seul
Mais la vallée sera déserte
Et qui me parlera de vous?
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Petite Fin Du Monde.

Oh! Oh!
Les oiseaux
morts

Les oiseaux
les colombes
nos mains

Qu’est-ce qu’elles ont eu
qu’elles ne se reconnaissent plus

On les a vues autrefois
Se rencontrer dans la pleine clarté
se balancer dans le ciel
se côtoyer avec tant de plaisir et se connaître
dans une telle douceur

Qu’est-ce qu’elles ont maintenant
quatre mains sans plus un chant
que voici mortes
désertées

J’ai goûté à la fin du monde
et ton visage a paru périr
devant ce silence de quatre colombes
devant la mort de ces quatre mains
Tombées
en rang côte à côte

Et l’on se demande
À ce deuil
quelle mort secrète
quel travail secret de la mort
par quelle voie intime dans notre ombre
où nos regards n’ont pas voulu descendre
La mort
a mangé la vie aux oiseaux
a chassé le chant et rompu le vol
à quatre colombes
alignées sous nos yeux
de sorte qu’elles sont maintenant sans palpitation
et sans rayonnement de l’âme.
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Qu'est-ce qu'on peut...

Qu’est-ce qu’on peut pour notre ami
au loin là-bas
à longueur de notre bras

Qu’est-ce qu’on peut pour notre ami
Qui souffre une douleur infinie

Qu’est-ce qu’on peut pour notre coeur
Qui se tourmente et se lamente

Qu’est-ce qu’on peut pour notre coeur
Qui nous quitte en voyage tout seul

Que l’on regarde d’où l’on est
Comme un enfant qui part en mer

De sur la falaise où l’on est
Comme un enfant qu’un vaisseau prend

Comme un bateau que prend la mer
Pour un voyage au bout du vent

Pour un voyage en plein soleil
Mais la mer sonne déjà sourd

Et le ressac s’abat plus lourd
Et le voyage est à l’orage

Et lorsque toute la mer tonne
Et que le vent se lamente aux cordages

Le vaisseau n’est plus qu’une plainte
Et l’enfant n’est plus qu’un tourment

Et de la falaise où l’on est
Notre regard est sur la mer

Et nos bras sont à nos côtés
Comme des rames inutiles

Nos regards souffrent sur la mer
Comme de grandes mains de pitié

Deux pauvres mains qui ne font rien
Qui savent tout et ne peuvent rien

Qu’est-ce qu’on peut pour notre coeur
Enfant en voyage tout seul
Que la mer à nos yeux déchira.
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VII SANS TITRE.

Tu croyais tout tranquille...

Tu croyais tout tranquille
Tout apaisé
Et tu pensais que cette mort était aisée

Mais non, tu sais bien que j’avais peur
Que je n’osais faire un mouvement
Ni rien entendre
Ni rien dire
De peur de m’éveiller complètement
Et je fermais les yeux obstinément
Comme un qui ne peut s’endormir
Je me bouchais les oreilles avec mon oreiller
Et je tremblais que le sommeil ne s’en aille

Que je sentais déjà se retirer
Comme une porte ouverte en hiver
Laisse aller la chaleur tendre
Et s’introduire dans la chambre
Le froid qui vous secoue de votre assoupissement
Vous fouette
Et vous rend conscient nettement comme l’acier

Et maintenant

Les yeux ouverts les yeux de chair trop grands ouverts
Envahis regardent passer
Les yeux les bouches les cheveux
Cette lumière trop vibrante
Qui déchire à coups de rayons
La pâleur du ciel de l’automne

Et mon regard part en chasse effrénément
De cette splendeur qui s’en va
De la clarté qui s’échappe
Par les fissures du temps

L’automne presque dépouillé
De l’or mouvant
Des forêts
Et puis ce couchant
Qui glisse au bord de l’horizon
À me faire crier d’angoisse

Toutes ces choses qu’on m’enlève

J’écoute douloureux comme passe une onde
Les chatoiements des voix et du vent
Symphonie déjà perdue déjà fondue
En les frissons de l’air qui glisse vers hier

Les yeux le coeur et les mains ouvertes
Mains sous mes yeux ces doigts écartés
Qui n’ont jamais rien retenu
Et qui frémissent
Dans l’épouvante d’être vides

Maintenant mon être en éveil
Est comme déroulé sur une grande étendue
Sans plus de refuge au sein de soi
Contre le mortel frisson des vents
Et mon coeur charnel est ouvert comme une plaie
D’où s’échappe aux torrents du désir
Mon sang distribué aux quatre points cardinaux.
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Faction.

On a décidé de faire la nuit
Pour une petite étoile problématique
A-t-on le droit de faire la nuit
Nuit sur le monde et sur notre coeur
Pour une étincelle
Luira-t-elle
Dans le ciel immense désert

On a décidé de faire la nuit
pour sa part
De lâcher la nuit sur la terre
Quand on sait ce que c’est
Quelle bête c’est
Quand on a connu quel désert
Elle fait à nos yeux sur son passage

On a décidé de lâcher la nuit sur la terre
Quand on sait ce que c’est
Et de prendre sa faction solitaire
Pour une étoile
encore qui n’est pas sûre
Qui sera peut-être une étoile filante
Ou bien le faux éclair d’une illusion
Dans la caverne que creusent en nous
Nos avides prunelles.
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Autrefois.

Autrefois j’ai fait des poèmes
Qui contenaient tout le rayon
Du centre à la périphérie et au-delà
Comme s’il n’y avait pas de périphérie mais le centre seul
Et comme si j’étais le soleil: à l’entour l’espace illimité
C’est qu’on prend de l’élan à jaillir tout au long du rayon
C’est qu’on acquiert une prodigieuse vitesse de bolide
Quelle attraction centrale peut alors empêcher qu’on s’échappe
Quel dôme de firmament concave qu’on le perce
Quand on a cet élan pour éclater dans l’Au-delà.

Mais on apprend que la terre n’est pas plate
Mais une sphère et que le centre n’est pas au milieu
Mais au centre
Et l’on apprend la longueur du rayon ce chemin trop parcouru
Et l’on connaît bientôt la surface
Du globe tout mesuré inspecté arpenté vieux sentier
Tout battu

Alors la pauvre tâche
De pousser le périmètre à sa limite
Dans l’espoir à la surface du globe d’une fissure,
Dans l’espoir et d’un éclatement des bornes
Par quoi retrouver libre l’air et la lumière.

Hélas tantôt désespoir
L’élan de l’entier rayon devenu
Ce point mort sur la surface.

Tel un homme
Sur le chemin trop court par la crainte du port
Raccourcit l’enjambée et s’attarde à venir
Il me faut devenir subtil
Afin de, divisant à l’infini l’infime distance
De la corde à l’arc,
Créer par ingéniosité un espace analogue à l’Au-delà
Et trouver dans ce réduit matière
Pour vivre et l’art.
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VI FACTION.

Commencement Perpétuel.

Un homme d’un certain âge
Plutôt jeune et plutôt vieux
Portant des yeux préoccupés
Et des lunettes sans couleur
Est assis au pied d’un mur
Au pied d’un mur en face d’un mur

Il dit je vais compter de un à cent
À cent ça sera fini
Une bonne fois une fois pour toutes
Je commence un deux et le reste

Mais à soixante-treize il ne sait plus bien

C’est comme quand on croyait compter les coups de minuit
et qu’on arrive à onze
Il fait noir comment savoir
On essaye de reconstruire avec les espaces le rythme
Mais quand est-ce que ça a commencé

Et l’on attend la prochaine heure

Il dit allons il faut en finir
Recommençons une bonne fois
Une fois pour toutes
De un à cent
Un...
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Fièvre.

Reprend le feu
Sous les cendres

Attention
On ne sait pas
Dans les débris

Attention
On sait trop bien
Dans les débris
Le moindre souffle et le feu part

Au fond du bois
Le feu reprend
Sournoisement
De moins en plus fort

Attention
Le feu reprend
Brûle le vent à son passage

Le feu reprend
Mais où passer
Dans les débris
Tout fracassés
Dans les écopeaux
Bien tassés

La chaleur chauffe
Le vent se brûle
La chaleur monte
Et brouille le ciel

À lueurs lourdes
La chaleur sourde
Chauffe et me tord

La chaleur chauffe
Sans flamme claire
La chaleur monte
Sans oriflamme
Brouillant le ciel
Tremblant les arbres
Brûlant le vent à son passage.

Le paysage
Demande grâce
Les bêtes ont les yeux effarés
Les oiseaux sont égarés
Dans la chaleur brouillant le ciel

Le vent ne peut plus traverser
Vers les grands arbres qui étouffent
Les bras ouverts
Pour un peu d’air

Le paysage demande grâce
Et la chaleur intolérable
Du feu repris
Dans les débris
Est sans une fissure aucune
Pour une flamme
Ou pour le vent.
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