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Critique de Laurence64



Vous qui entrez dans ce roman, abandonnez vos certitudes. Vos connaissances sur l'humain ne vous permettront pas de connaître vraiment Avelino Pared. Une part de cet homme reste à jamais irréductible à toute compréhension. Avelino Pared est un franquiste. Soit. Avelino Pared est l'incarnation de la police inquisitoriale. Soit encore. Mais Avelino Pared, hors de ses fonctions, reste en fonction. Inquiétant. Troublant. Consumé par sa croyance en l'ordre et l'efficacité, Avelino Pared est le prototype de l'intolérance, si prototype, il devait y avoir. le prototype de l'âme policière, si prototype il y a.

L'histoire pourrait paraître quelconque mais sa brillante construction porte le roman au sommet… du roman. Franco agonise et la dictature vit ses derniers jours noirs. Un jeune policier est muté. Avant son départ pour Huesca, il enquête sur son futur supérieur à la réputation sulfureuse. Fascination et monstruosité émergent du dossier qui se constitue. Des secrets bavent discrètement. de ces secrets qui renvoient aux blessures de celui qui cherche. Santiago Laredo ignore que tout est écrit d'avance. du moins, en ce qui le concerne. Pas par Dieu ou une quelconque divinité. Par un homme dont l'art est de jouer sur la crédulité de l'autre.

Machiavel est un petit joueur face à la figure d'Avelino Pared. Seul, Big Brother peut rivaliser. Ou notre société connectée en permanence. Mais rien n'est simple ici. Michel del Castillo ne cède pas à la tentation d'un manichéisme de bon aloi où le tenant de la dictature serait méchant-méchant et le républicain gentil-gentil. Il y est question d'autre chose qui touche l'homme au plus près.

Publié en 1981, ce roman visionnaire, ce thriller avant l'heure au dénouement stupéfiant, raconte "la chasteté du mal", "la lascivité du bien". Un fossé oppose ceux que la foi anime (n'importe quelle foi) et ceux qui s'interrogent. Mais ce fossé sépare aussi ceux qui osent savoir et ceux qui ne veulent pas comprendre. Bien des raisons engendrant haine, conflit, meurtre entre les hommes.
Il fallait bien du talent pour nous conduire sur le fil du rasoir, là où l'existence taille dans le vif.
La nuit du décret fut une nuit blanche pour moi.
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