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Critique de KiriHara


Je poursuis ma découverte de l'oeuvre policière de l'écrivain Yann le Coeur, oeuvre concise (6 romans), mais passionnante, avec son 4e roman : « C'est moi l'assassin »…

Yann le Coeur est le pseudonyme de l'écrivain Jean-Marie le Lec (1902-1951), décédé prématurément alors qu'il était promis à un bel avenir.

Yann le Coeur fut influencé par les auteurs Stanislas-André Steeman, Pierre Véry et bien d'autres qu'il n'hésite pas à citer dans ses ouvrages.

Mais, ce qui influença avant tout sa plume était sa Région, la Cornouaille, dans laquelle tous ses romans policiers se déroulent.

C'est d'ailleurs, à chaque ouvrage, l'occasion pour l'auteur de mettre en avant les Bigoudens, leurs traditions, leur mode de vie, leurs expressions, leurs villes, et les artistes du cru…

Dans chacun de ses 6 romans apparaît, plus ou moins longuement, le personnage du commissaire Martial le Venn alias commissaire Mars.

« C'est moi l'assassin » a été écrit en 16 jours en novembre 1944.

Toussaint Lermite, notaire à Quimper, approche de la soixantaine et il vit dans la demeure familiale qui abrite l'étude notariale avec une soeur aînée et une soeur cadette ainsi qu'une jeune nièce devenue orpheline petite après la mort de ses parents.

Mais Toussaint n'a plus la tête à son métier, il préfère écrire des romans policiers malgré la raillerie de ses proches.

Quant à ses soeurs, l'aigreur de deux vieilles filles rendent l'ambiance pesante dans la demeure.

En plus, la nièce, amoureuse, espère se marier, mais, pour cela, il lui faut une dot que Toussaint est en mal de lui fournir.

Aussi il lui vient l'idée de vendre l'étude et la maison qui est en indivision et donner sa part à chacune des femmes. Mais les soeurs voient d'un mauvais oeil cette solution qui les obligerait à diminuer leur train de vie et à se retrouver seules.

Pendant ce temps, la plume de Toussaint parvient à séduire un éditeur pendant que lui s'éprend de la fille de son ami docteur et soeur du promis de sa nièce…

De quoi créer un cocktail explosif…

Yann le Coeur nous plonge à nouveau dans les affres de familles bretonnes, affres financières, sentimentales et d'aigreurs…

Ce cocktail déjà utilisé dans ses précédents romans, l'auteur nous le ressort, mais sans pour autant faire de redite ou bien se répéter.

Car, ne sont-ce pas là les ingrédients de tout bon drame ? Et un roman policier n'est-il pas avant tout un drame… mortel pour un ou plusieurs protagonistes ?

L'auteur poursuit donc son étude de moeurs, dans une étude notariale, au sein d'une famille d'âmes esseulées. Un frère veuf trop tôt, deux soeurs n'ayant pu se marier faute de dot, une nièce orpheline et en passe de ne pouvoir se marier à son tour…

On sent, comme à chaque fois dans les romans de Yann le Coeur, monter la mayonnaise, s'embraser la mèche qui mettra le feu aux poudres et on devine le drame latent.

De la même manière, l'auteur nous livre, en cours de récit, des informations permettant au lecteur de se faire une idée de drame, mais également du ou des meurtriers, sans jamais parvenir, à aucun moment, avec certitude, à identifier celui-ci.

Mais, plus fort encore ici, Yann le Coeur met en abîme le roman policier à travers un roman policier éponyme qui livre des détails sur la manière dont les meurtres ont été commis, puisqu'assassin il y a forcément, puisqu'il s'agit de l'auteur du roman comme le clame le titre.

Cette mise en abîme, ce roman, n'est-il alors que roman, une simple fiction, ou bien une confession par plume interposée ? le lecteur, que ce soit celui du roman ou du roman dans le roman, ne parvient jamais à se faire une idée précise et c'est alors qu'interviendra, comme à chaque fois, le commissaire Martial le Venn pour éclairer de sa perspicacité tout ce méli-mélo.

Et, comme chaque roman est l'occasion pour Yann le Coeur de nous parler de sa région, celui-ci évoquera encore des traditions bretonnes, nous exposera quelques expressions du cru, parlera également d'artistes, peintres ou écrivains, bien de chez lui, sans oublier les auteurs qui l'ont tant inspiré comme Steeman ou Véry.

Au final, un roman policier, mais pas que, dans la veine des précédents ouvrages du genre de l'auteur, c'est-à-dire très agréable à lire et fort bien écrit.
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