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Critique de Pasoa


Dans La poésie l'amour, "Ce livre sans fin", dédicacé à Gala* - celle qui fut son épouse et sa muse plusieurs années durant - on retrouve plusieurs des thèmes chers à Paul Éluard : l'amour et la figure de la femme. Les poèmes qui composent l'ouvrage ont été écrits en 1929, soit un an après la séparation d'Éluard et de Gala.

Le titre d'abord : L'amour la poésie. Deux idées étroitement liées, sans conjonction qui les différencie. Toujours chez Éluard, l'amour a été source de poésie.
L'amour la poésie est divisé en trois parties (inexistantes au moment de la publication) : "Premièrement", "Seconde Nature" et "Comme une image".

Dans Premièrement, la rencontre (Éluard a 17 ans lorsqu'il fait la connaissance de Gala, âgée elle de 18 ans), les années heureuses, la vie partagée avec l'être aimé. La présence, le geste, le mouvement, sont l'expression d'un sentiment qui irradie tout jusqu'à l'intemporel.

« Mon amour pour avoir figuré mes désirs
Mis tes lèvres au ciel de tes mots comme un astre
Tes baisers dans la nuit vivante
Et le sillage de tes bras autour de moi
Comme une flamme en signe de conquête
Mes rêves sont au monde
Clairs et perpétuels. »

Seconde nature marque la période de séparation. Gala s'est épris d'un jeune peintre espagnol, ami du couple, un certain Salvador Dali. Vingt-deux poèmes pour dire l'incompréhension, la solitude. L'inexplicable créé un sentiment immense de vide, l'émotion se fige, indépassable.

« La solitude l'absence
Et ses coups de lumière
Et ses balances
N'avoir rien vu rien compris

La solitude le silence
Plus émouvant
Au crépuscule de la peur
Que le premier contact des larmes

L'ignorance l'innocence
la plus cachée
La plus vivante
Qui met la mort au monde. »


Plus apaisée, plus distancée apparaît Comme une image. Désormais, les poèmes évoquent à peine l'être aimé, son souvenir. Ce sont des textes plus sereins dans la forme, plus résolus. le propos s'étire, s'éprouve, retrouve une unité.

« Les étoiles ont pris la place de la nuit
Il n'y a plus que des étoiles toutes les aubes
Et la naissance de toutes les saisons du sommeil
Le visage des mains inconnues qui se lient
Vies échangées toutes les découvertes
Pour animer les formes confondues
Claires ou closes lourdes ou toutes en tête
Pour dormir ou pour s'éveiller
Le front contre les étoiles. »


Dans ce très beau recueil, Paul Éluard s'affranchit des conventions de style. Son écriture fait se rapprocher des impressions diverses sans lien explicites entre elles.
Dans cet exercice, c'est tout un langage poétique qui explore sa dimension, son espace imaginaire et fait naître un style à nul autre pareil, fait de tonalités précieuses et lyriques.
Chez Éluard, qu'il soit sous les traits du visage aimé ou de son absence, l'acte de voir est plus que sensuel, il est vital. Il est le sens de toute sa poésie.


(*) Galia, d'origine russe, née Elena Ivanovna Diakonova devint en 1917 l'épouse de Paul Éluard. Ils se séparèrent en 1928.)
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