AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Florence Ribstein (Traducteur) Centre d'études des traductions du français et de l'anglais (Éditeur scientifique)
EAN : 9782909159119
51 pages
La Tilv (30/11/-1)
4.13/5   61 notes
Résumé :
"La terre est bleue comme une orangeJamais une erreur les mots ne mentent pasIls ne vous donnent plus à chanterAu tour des baisers de s'entendreLes fous et les amoursElle sa bouche d'allianceTous les secrets tous les souriresEt quels vêtements d'indulgenceÀ la croire toute nue."Dans ce recueil constitué en 1929, la ferveur amoureuse alterne avec la révolte contre les forces d'oppression et la réaffirmation de la puissance créatrice du langage. Un "livre sans fin" où... >Voir plus
Que lire après L'amour la poésieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans La poésie l'amour, "Ce livre sans fin", dédicacé à Gala* - celle qui fut son épouse et sa muse plusieurs années durant - on retrouve plusieurs des thèmes chers à Paul Éluard : l'amour et la figure de la femme. Les poèmes qui composent l'ouvrage ont été écrits en 1929, soit un an après la séparation d'Éluard et de Gala.

Le titre d'abord : L'amour la poésie. Deux idées étroitement liées, sans conjonction qui les différencie. Toujours chez Éluard, l'amour a été source de poésie.
L'amour la poésie est divisé en trois parties (inexistantes au moment de la publication) : "Premièrement", "Seconde Nature" et "Comme une image".

Dans Premièrement, la rencontre (Éluard a 17 ans lorsqu'il fait la connaissance de Gala, âgée elle de 18 ans), les années heureuses, la vie partagée avec l'être aimé. La présence, le geste, le mouvement, sont l'expression d'un sentiment qui irradie tout jusqu'à l'intemporel.

« Mon amour pour avoir figuré mes désirs
Mis tes lèvres au ciel de tes mots comme un astre
Tes baisers dans la nuit vivante
Et le sillage de tes bras autour de moi
Comme une flamme en signe de conquête
Mes rêves sont au monde
Clairs et perpétuels. »

Seconde nature marque la période de séparation. Gala s'est épris d'un jeune peintre espagnol, ami du couple, un certain Salvador Dali. Vingt-deux poèmes pour dire l'incompréhension, la solitude. L'inexplicable créé un sentiment immense de vide, l'émotion se fige, indépassable.

« La solitude l'absence
Et ses coups de lumière
Et ses balances
N'avoir rien vu rien compris

La solitude le silence
Plus émouvant
Au crépuscule de la peur
Que le premier contact des larmes

L'ignorance l'innocence
la plus cachée
La plus vivante
Qui met la mort au monde. »


Plus apaisée, plus distancée apparaît Comme une image. Désormais, les poèmes évoquent à peine l'être aimé, son souvenir. Ce sont des textes plus sereins dans la forme, plus résolus. le propos s'étire, s'éprouve, retrouve une unité.

« Les étoiles ont pris la place de la nuit
Il n'y a plus que des étoiles toutes les aubes
Et la naissance de toutes les saisons du sommeil
Le visage des mains inconnues qui se lient
Vies échangées toutes les découvertes
Pour animer les formes confondues
Claires ou closes lourdes ou toutes en tête
Pour dormir ou pour s'éveiller
Le front contre les étoiles. »


Dans ce très beau recueil, Paul Éluard s'affranchit des conventions de style. Son écriture fait se rapprocher des impressions diverses sans lien explicites entre elles.
Dans cet exercice, c'est tout un langage poétique qui explore sa dimension, son espace imaginaire et fait naître un style à nul autre pareil, fait de tonalités précieuses et lyriques.
Chez Éluard, qu'il soit sous les traits du visage aimé ou de son absence, l'acte de voir est plus que sensuel, il est vital. Il est le sens de toute sa poésie.


(*) Galia, d'origine russe, née Elena Ivanovna Diakonova devint en 1917 l'épouse de Paul Éluard. Ils se séparèrent en 1928.)
Commenter  J’apprécie          250
« Mon amour pour avoir figuré mes désirs
Mis tes lèvres au ciel de tes mots comme un astre
Tes baisers dans la nuit vivante
Et le sillage de tes bras autour de moi
Comme une flamme en signe de conquête
Mes rêves sont au monde
Clairs et perpétuels.
Et quand tu n'es pas là
Je rêve que je dors je rêve que je rêve. »

L'amour la poésie, Paul Eluard @editionsfolio

Poète surréaliste, qu'il n'est plus nécessaire de présenter, Paul Eluard continue à nous charmer par-delà le temps, par-delà les mots, les émotions…

« Toi la seule et j'entends les herbes de ton rire. »

Que dire de ses métaphores, des images utilisées, des sons… de la lumière et des couleurs…

« La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d'alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d'indulgence
À la croire toute nue.

Les guêpes fleurissent vert
L'aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté. »

Ah! Que de magie dans ses mots, que de beauté somptueuse quand il parle d'amour!

« Bouches gourmandes des couleurs
Et les baisers qui les dessinent
Flamme feuille l'eau langoureuse
Une aile les tient dans sa paume
Un rire les renverse. »

Et de souffrance aussi… l'être abandonné, désolé, profondément affecté!

« Je te cherche par-delà l'attente
Par-delà moi-même
Et je ne sais plus tant je t'aime
Lequel de nous deux est absent. »

La magie Eluard c'est de pouvoir donner un sens aux mots que l'on n'avait imaginé, un sens plus plein, plus lumineux, plus dense… intense!

« Il fallait bien qu'un visage
Réponde à tous les noms du monde. »

Quelques mots posés là qui revêtent un caractère sacré, magique, presque liturgique…

« Injustice impossible un seul être est au monde
L'amour choisit l'amour sans changer de visage. »

Et toujours la nuit, la nuit pour habiller ses songes, la nuit pour réfugier ses peines, la nuit pour s'oublier…

« Les étoiles ont pris la place de la nuit
Il n'y a plus que des étoiles toutes les aubes
Et la naissance de toutes les saisons du sommeil
Le visage des mains inconnues qui se lient
Vies échangées toutes les découvertes
Pour animer les formes confondues
Claires ou closes lourdes ou toutes en tête
Pour dormir ou pour s'éveiller
Le front contre les étoiles. »

Paul Eluard, c'est la promesse d'une échappée belle au pays des mots! ✨

« À l'assaut des jardins
Les saisons sont partout à la fois
Passion de l'été pour l'hiver
Et la tendresse des deux autres
Les souvenirs comme des plumes
Les arbres ont brisé le ciel
Un beau chêne gâché de brume
La vie des oiseaux ou la vie des plumes
Et tout un panache frivole
Avec de souriantes craintes
Et la solitude bavarde. »
Commenter  J’apprécie          40
Merci à mon ami sur Babelio Pasoa qui m'a donné envie de lire ce recueil avec sa belle critique. Je n'ai pas ses connaissances biographiques sur Paul Eluard et sur Gala, et je ne connais pas bien la poésie surréaliste, je livrerai donc une critique liée à on ressenti plus qu'à une analyse.
Je dois d'ailleurs dire que certaines images me sont restées assez obscures, je n'ai pas tout compris, peut-être en partie parce que j'ai lu le recueil assez vite et à la suite, sans m'attarder sur tous les poèmes pour les interpréter.
Mais j'ai été touchée par la force des mots d'amour, dans ce qui est véritablement le récit d'une histoire d'amour. La première partie est celle de la vie heureuse en couple. L'amant regarde son aimée et célèbre. Mais cette femme est muette, elle parle par ses regards, par son corps. On n'entend jamais sa voix. Ainsi, plusieurs poèmes évoquent la femme qui dort, que l'amant contemple. Elle dort, elle se tait, comme un signe.
La deuxième partie est celle de la douleur, la douleur de la tromperie et de l'abandon. C'est celle qui m'a le plus touchée. le terme d'absence revient beaucoup, rimant avec "ignorance, silence, impuissance, souffrance, indépendance", des mots qui traduisent l'angoisse et le désespoir ; l'amant est ainsi comparé à un prisonnier, enfermé dans sa souffrance comme un prisonnier dans sa cellule. Mais cette partie s'éclaire peu à peu.
Et la 3ème partie peut apparaître comme un espoir. Elle n'évoque plus la femme, mais davantage la nature, les fleurs, les oiseaux. La lumière est plus vive, celle de l'aube, du printemps. Et surtout, l'amant peut redevenir poète, la perte est transfigurée par les mots, par la poésie. L'écriture triomphe du chagrin, ou plutôt s'en nourrit.
Commenter  J’apprécie          40
Terminé… et, au risque de m'attirer les foudres des grands adeptes d'Eluard, je n'ai pas vraiment aimé…
C'est vrai que Paul Eluard fait parti du mouvement surréaliste… et le fait est que je n'aime pas le surréalisme. Ni en peinture, ni en littérature, ni en poésie.

Le fond est, on le sent très poétique, mais j'avoue que je me heurte à la forme : pas de rimes, des vers irréguliers, et, surtout, pas le ponctuation !

Bref, je cherchais un recueil de poésie à lire, et bien, je me suis plantée sur ce coup. Ce n'est pas grave, j en ai plusieurs autres, d'auteurs plus classiques qui sauront certainement davantage répondre à mes goûts personnels en matière de poésie, adepte de rimes et d'alexandrins.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai adoré la première partie sur l'amour.
Après, je fus moins fébrile.
Pour autant, je comprends tout à fait que ça ait marqué les esprits.
Je saurai au moins qui est ce Paul Eluard. Peut-être en essayant une autre de ses oeuvres. Mais, ce ne saura pas pour maintenant.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tout le temps
Où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large
Et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond
Pour les premières fleurs
Pour les animaux purs
Que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes
Que je n'aime pas
Qui me reflète sinon toi-même
Je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien
Qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts
Que j'ai franchies
Sur de la paille
Je n'ai pas pu percer
Le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre
Mot par mot la vie
Comme on oublie...
Commenter  J’apprécie          290


Recueil : "L'Amour la poésie"

Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
Ciel dont j’ai dépassé la nuit
Plaines toutes petites dans mes mains ouvertes
Dans leur double horizon inerte indifférent
Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
Je te cherche par delà l’attente
Par delà moi même
Et je ne sais plus tant je t’aime
Lequel de nous deux est absent.

Commenter  J’apprécie          250
IV

Je te l'ai dit pour les nuages
Je te l'ai dit pour l'arbre de la mer
Pour chaque vague pour les oiseaux dans les feuilles Pour les cailloux du bruit
Pour les mains familières
Pour l'œil qui devient visage ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte pour un front découvert
Je te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles
Toute caresse toute confiance se survivent.

(extrait de "Premièrement").
Commenter  J’apprécie          180
1. Lorsque la femme est sur le dos et que l'homme est couché sur elle, c'est la cédille.

2. Lorsque l'homme est sur le dos et sa maîtresse est couchée sur lui, c'est le C.

3. Lorsque l'homme et sa maîtresse sont couchés sur le flanc, s'observant, et qu'elle enlace de ses jambes les jambes de l'homme, la fenêtre grande ouverte, c'est l'oasis.
Commenter  J’apprécie          174
Rouge amoureuse
Pour prendre part à ton plaisir
Je me colore de douleur.

J’ai vécu tu fermes les yeux
Tu t’enfermes en moi
Accepte donc de vivre.

Tout ce qui se répète est incompréhensible
Tu nais dans un miroir
Devant mon ancienne image.


Rouge amoureuse
Commenter  J’apprécie          130

Videos de Paul Éluard (93) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Éluard
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Savez-vous quel recueil de poèmes aurait pu s'intituler « L'art d'être amoureux » ? Par l'un des plus grands poètes français…
« Capitale de la douleur » de Paul Eluard, c'est à lire en poche chez Poésie/Gallimard.
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (220) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1223 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..