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Critique de LeCombatOculaire


Bienvenue dans le XXVIe siècle. La Terre est devenu un tremplin pour la vie sur Vénus, et seuls les humains capables de réussir les tests Ā (prononcer : non-A) pourront avoir le plaisir de s'envoler pour un meilleur avenir. Mais qu'est-ce que le non-A ? Ici, la sémantique est reine. La philosophie non-A, non-aristotélicienne, est un entrainement cortico-thalamique pour faire évoluer la pensée et les réactions de l'être humain. Gilbert Gosseyn est ici pour passer ces fameux tests. Très vite, il découvre que son identité et ses souvenirs sont faux, et qu'il est au centre de ce qui semble être un complot. À moins qu'il ne soit justement le pion pour déjouer un complot. Il découvre aussi, par la suite, qu'il a en réalité plusieurs corps, qui le remplaceront s'il meurt, mais surtout : qu'il a un cerveau second, qui renferme de bien étranges pouvoirs à s'approprier petit à petit. Qui est-il ? Qui est derrière lui ? Et quelle est cette partie d'échec qui se joue à échelle galactique ?

J'ai trouvé le premier livre un peu léger quant à son thème principal qui est le Ā, manquant gravement d'explications et le faisant donc passer pour un vague prétexte à un roman de guerre spatiale. Heureusement, ce sera bien rattrapé dans le deuxième et troisième tome, et le non-A prendra donc tout son sens et sera expliqué de façon à être compréhensible au grand public. Enfin, pour la faire courte, il s'agirait d'une sorte d'apologie de l'évolution humaine qui se joue sur le plan purement psychologique et qui ferait donc de notre espèce actuelle une sorte de race un peu arriérée aux raisonnements et réactions encore trop typiquement bestiales. Les humains non-A seraient d'ailleurs par la suite supérieurs aux autres races humaines/humanoïdes de la galaxie, voire de l'Univers. L'humain est donc, ici encore, l'Être Supérieur de l'Univers. Mais il serait faux de dire que seule la sémantique Ā permet à notre héros de déjouer une guerre d'ampleur massive et d'instaurer une sorte de paix à échelle galactique. Se trouveront à côté de lui, petit à petit, d'autres Gosseyn, plus évolués encore, des Prédicteurs•ices, un chef qui a le pouvoir de voir à distance, un jeune empereur capable de mettre le feu avec son esprit, des espions très habiles...

On est ici en plein dans la SF à la fois psychologique et même parfois légèrement mystique (celle très chère à Philip K. Dick, qui est d'ailleurs la raison pour laquelle je me suis lancée dans ce cycle), et dans la SF des guerres de l'espace. Très mâlo-centrée, un peu psychophobe sur les bords, très clichée, pas crédible du tout sur bien des points, mais néanmoins avec deux-trois bonnes réflexions derrière. Et surtout, j'accorde à l'auteur le fait de réussir à monter des intrigues très enchâssées qui permettent de nombreux rebondissements, et le fait d'avoir réfléchi à une société humaine nouvelle. le deuxième tome est celui que j'ai le plus aimé, peut-être parce que c'est celui qui est le plus abouti. le premier participe plus au roman d'espionnage et de course-poursuite ; le deuxième exploite les possibilités des multiples Gosseyn et de sa capacité à utiliser son cerveau second de multiples manières dans un contexte militaire, et il (ce tome) questionne également sur les fondements d'une religion et sur ses bases concrètes ; le troisième fait intervenir les habitants d'une nouvelle galaxie, en guerre eux aussi. le troisième n'était pas vraiment nécessaire et n'apporte pas grand chose, sinon un troisième Gosseyn, qui se prend encore plus pour une sorte d'Être Suprême (mais il faut savoir, à la décharge de l'auteur, que ce roman-là lui a été réclamé longtemps).

En remettant le cycle dans son contexte (les deux premiers tomes ont été écrits à la fin des années 40), le cycle du Ā reste un cycle de SF vraiment très intéressant dans son sujet et dans l'insertion d'une donnée plus intellectuelle et philosophique dans un décor militaro-SF qui ne s'en encombre en général pas du tout. Je comprends tout à fait que A.E. van Vogt ait été une figure de proue de la SF en son temps. Dans une ambiance qui semble maintenant très rétro-futuriste, cet hommage à Alfred Korzybski, cycle entièrement traduit par rien de moins que Boris Vian, L Univers des Ā, s'il reste assez peu accessible à un•e lecteur•ice novice en SF, présente un des classiques du genre, qui déconstruit un peu les concepts d'espace et de temps.
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
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