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Critique de raime


raime
03 février 2024
Sur le mont Gourougou" de Juan Tomás Ávila Laurel donne une exploration intense et authentique des réalités de l'immigration africaine en Europe.
En donnant la parole aux migrants et en décrivant leur quotidien sur le mont Gourougou, le roman offre une perspective puissante sur les défis, les espoirs et les relations complexes au sein de cette communauté improvisée. La diversité des thèmes abordés, de l'organisation quotidienne aux luttes pour la survie, m'ont fourni une lecture riche en nuance.
Tout est traité avec humour, sans pathos.

J'ai été captivé dès les débuts du livre, où une veillée, éclairée par la lueur fragile d'une simple bougie, réunit des migrants abrités dans une grotte, chacun partageant son histoire et les circonstances qui l'ont conduit à se retrouver là.
L'auteur a su manier l'art et l'humour avec la verve africaine distinctive, créant une atmosphère chaleureuse et vivante. La présence d'un griot, reprenant le récit d'un migrant, ajoute une dimension artistique et culturelle à ce tableau. le jour chacun va a sa tache , chercher du bois , aller mendier, ....
J'ai apprécié l'épisode où deux hommes se retrouvent dans une situation délicate où ils doivent solliciter discrètement un article d'hygiène spécifique pour venir en aide à l'une de leurs compagnes immigrées. Usant de circonvolutions poétiques afin d'éviter de mentionner directement le terme, ils se munissent d'un simple bout de papier sur lequel quelqu'un a retranscrit le mot en langue locale. Cependant, leur barrière linguistique les plonge dans la perplexité lorsque la destinataire s'avère être une femme ménopausée, n'ayant plus besoin de cet accessoire.
J'ai été aussi frappé par la nécessité de dissimuler ses origines pour éviter les représailles des autorités qui renforce le sentiment d'anonymat et d'isolement de ces individus. La tension entre la volonté de préserver la sécurité collective et le désir naturel de partager ses origines crée une atmosphère poignante. La démonstration de cordialité entre un jeune Malien et un jeune Gambien, malgré les risques, met par exemple en lumière la fragilité des liens sociaux dans un environnement où la confiance est difficile à établir.
Il y a aussi un bon passage où l'auteur souligne le rôle cathartique du sport dans la préservation de la santé mentale et émotionnelle de ces individus. le football devient bien plus qu'un simple divertissement, mais plutôt un moyen vital de libérer les tensions accumulées dans leur quotidien difficile.
Sur le mont c'est malheureusement installé un réseau de prostitution et l'auteur nous expose la dure réalité des femmes dans cet environnement difficile, leur vulnérabilité. Ces femmes qui, arrivant au campement du Gourougou, se trouvent souvent confrontées à des choix déterminés par ceux qui sont arrivés avant elles. L'injustice de cette situation est accentuée par la notion que les femmes sont perçues comme des "choses fragiles" dans ces conditions difficiles, où leur sort est souvent décidé par les hommes. Il y a une grande complexité des relations de pouvoir et des inégalités de genre qui persistent dans ces contextes précaires.

Loin de tomber dans le pathos ou le voyeurisme, le livre offre une plongée profonde et nuancée dans ces vies marquées par la vulnérabilité et la résilience. "Sur le mont Gourougou" transcende le simple récit pour devenir une exploration empathique, riche en détails et en nuances, des complexités de l'existence humaine dans des conditions particulièrement difficiles.
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