Emily Kind

Quand est-ce que tu comprendras, Santana ? Est-ce qu’il faut que je m’arrache le cœur ? Tu sais quoi ?
Prends-le. De toute façon, il a toujours été à toi.

Chapitre 8 :

Liêm

«… Un peu plus tard dans la nuit

— Écoute, Liêm…

— Si je te le dis ! Putain, Khass ! Tu l’as entendu comme moi, non ?

— Attends, mec… Tu sais que je suis avec toi. Qu’on l’est tous les deux, avec Isma.

— J’espère bien. Parce que nous étions tous présents cette nuit-là. Ce pacte, on l’a signé tous les trois. Et il est temps de tenir parole. …»

Chapitre 7 :

Yenna

«… Au moment où je relève la tête, où mes yeux accrochent la silhouette masculine qui se découpe dans l’encadrement de la porte, je sais.

Quoi, précisément ? Aucune idée. Juste cette sensation qui me colle d’emblée à la peau. Le mec n’a même pas desserré les lèvres, mais… L’intuition, elle est là. Nichée au cœur de ma poitrine. Une impression de violence, de… de vice.

De non-retour.

Ce n’est pas une question d’attirance. Pas vraiment. Enfin, si, mais pas au sens propre du terme. Il s’agirait plus de… ce penchant étrange, de cette attraction malsaine que l’on éprouve à la vue de quelque chose de dérangeant. Un sentiment ambigu mêlant l’envie de se détourner et cette autre qui la court-circuite. Celle de ne pas vouloir en perdre une seule miette. Et ça… ça, c’est carrément… exaltant.

Au point d’occulter tout le reste. Comme à cet instant précis, où je ne saurais décrire ceux qui l’encadrent, lui.

Alors, quoi ? Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? …»

Chapitre 7 :
Mara
«…– Depuis ce matin ! Depuis ce matin, j’essaie de te dire un truc. Sauf que tu ne m’écoutes pas, répète-t-elle sur un ton mi-amusé, mi-tendu.
Je me dégage de sa poigne, agacée.
– Et bien maintenant, je suis tout ouïe. Vas-y, crache-la, ta pilule.
– Ce mec, tu ne le reconnais pas, hein ? Ça n’a rien d’étonnant. T’étais sévèrement décalquée.
Elle m’a eue dans ses filets. Décontenancée, je pivote vers elle, abandonnant mon poste d’observation. Mes sourcils se froncent.
– De quoi tu parles ?
Elle souffle, ne retient pas le soupir d’exaspération bloqué dans sa trachée. Asa s’incline vers moi, quelques-uns de ses cheveux blonds chatouillent la peau fine de ma gorge.
– Ce type. Il empêche tes neurones de fonctionner correctement.
– Je n’aime pas être prise au dépourvu, voilà tout. Le contrôle, c’est le pouvoir.
Un sourire angélique et d’une indifférence totale se peint sur mes lèvres. Je lisse ma queue-de-cheval haute, la ramène sur mon épaule, puis reporte mon attention sur mon amie tout sauf crédule.
– Et donc ?
– Et donc… On l’a déjà rencontré, elle débite rapidement en apercevant le Traveller se rapprocher de nous. C’est lui ! Le mec de ta vie !
Cette fois, je suis vraiment paumée. Pas besoin de simuler un manque de compréhension parce que là, elle m’a perdue.
– À l’hosto cet été ! Celui que tu voulais épouser quand tu étais stone, expose Asa. Le brancardier que tu voulais absolument baiser dans tous les coins. C’est bon ? Tu percutes ?
Des bribes me percutent. Des filaments d’images, des sons… Un parfum. Sauvage et primaire. Aussitôt le nœud s’emmêle encore plus durement mon abdomen. Si je ne me rappelle plus franchement cette nuit-là, les détails que m’a fournis Asa par la suite m’ont suffi. Et très largement.
Merde.
À voir l’immense sourire canaille accroché à ses lèvres, je saisis que lui m’a parfaitement remise.
Merde. Merde. Et merde. …»

Chapitre 3 :
Macksim
«… Nouveau déhanchement entre mes cuisses. Nouvelle vague qui s’échoue sur mon entrejambe. Tout ça sans un seul réel effleurement. Putain… Un sifflement soulève mon torse lorsqu’un parfum de fleurs chatouille mes narines.
– Qu’est-ce que tu désires ? Est-ce que tu as envie de…
Désormais assise sur ses talons, elle bascule la nuque, se renverse en arrière.
– … me toucher ? continue-t-elle en gémissant, ses mains en train de pétrir ses courbes.
Ma bouche reste scellée. Aussi, elle se remet debout, le dos bien droit, puis s’incline sur moi qui ne bouge pas d’un centimètre.
– Avoue que tu aimes ça…
Sa paume s’arrête à quelques centimètres de ma joue qu’elle ne peut pas atteindre. Midnight insiste.
– Que tu en as envie…
Elle a visé juste. Je crève de la toucher. Un sourire étire sa bouche sanguine comme si elle lisait clairement dans mes pensées. Midnight croque sa lèvre inférieure, expire un râle insolent avant que… son image ne s’efface. Littéralement parlant.
Mon moment d’égarement évaporé dans la fumée des désirs. ...»

Chapitre 2 :
Sélian
«… – Redis-le, j’exige, fermé.
Elle ignore sciemment mon ton désagréable, prend sur elle, puis répète ce que je sais déjà.
– Pour la deuxième ou millième fois, l’hôpital nous a appelés. Les pompiers venaient de leur amener ton frère. Oren a été retrouvé au pied de la piste d’entraînement, en dehors des horaires d’ouverture.
Tante Maovi inspire, joue avec un fil de laine de son châle afin de dissimuler combien elle est bouleversée.
– Quasiment désarticulé, elle souffle, un soupçon de douleur transperçant sa voix cassée. D’après eux, Oren n’a pas suivi le protocole en se lançant sur la glace seul et sans tenue.
– Conneries.
– Ça, tu l’as déjà dit. Es-tu vraiment sûr et certain que pour impressionner ces nouveaux amis, il n’a pas voulu tenter sa chance et qu’il en paie le prix ?
Je secoue la tête, refusant catégoriquement cette idée.
– Non, ce n’est pas crédible. Surtout s’il était seul. Il y a forcément autre chose. Quelqu’un doit être au courant d’un détail, d’une info. ... »

Et le voilà ce putain de désastre. Autour de nous, l’atmosphère implose, libérant un chaos digne de la colère qui pulse contre mes tempes. Les deux sœurs de Mara crient, Grayson pète un plomb. La nana ordonne au photographe de continuer à nous shooter. Une de mes paumes sur son ventre nu, l’autre enroulée trop fort sur sa gorge, je la serre de près. Savoure son parfum, la texture si douce de sa peau, délicate et soyeuse. Contemple la mèche que je viens d’allumer. Jouis de la tension qui s’empare de nos deux corps pour les fondre ensemble. Avant que le coach ne récupère trois neurones et réagisse enfin.
- Constantine ! Dans mon bureau ! Tout de suite !
Mon désir pour Mara est violent, il me fait presque mal, lui aussi. Telle une dague, il incise mon épiderme. Telle une dague, il devient une arme prête à se retourner contre moi.
Qu’à cela tienne, on saignera ensemble. Après tout, on y est.
En pleine destruction.

Chapitre 6 :
Sol
«… Il agite ensuite les doigts pour éteindre le bâtonnet puis inspire profondément.
– Alors ?
Je ne réponds pas immédiatement. Je voudrais décliner son offre qui n’en est pas une. Je voudrais. Vraiment.
– D’accord, marmonné-je, révoltée.
À son tour de faire durer le suspense. Jusqu’à ce qu’il ajoute et que l’atmosphère, déjà pesante, devienne irrespirable :
– Plus fort.
Macksim ne demande pas. Il exige. Sans crier, sans un geste.
– D’accord… inspiré-je, avant de lancer en papillonnant des cils : Pas d’accord !
Je bondis de ma chaise puis relève la tête, indocile, et recule vers la porte que j’ouvre à la volée.
– Toi, tu ne me connais vraiment pas.
Un sourire explose sur mes lèvres alors que je franchis le seuil et que sa voix me parvient.
– Pas encore. ...»

– La soirée s’est bien passée ? Mon fils est toujours en vie ?
– J’ai vidé ton bar et dépensé un max en commandant des pornos sur le câble. [….]
– Des pornos ?
– Il faut bien s’occuper. Il s’incline, ses lèvres frôlent mon oreille.
– Et tu as appris des choses intéressantes ?
– Que je suis sacrément impure, pouffé-je doucement. [….]
– Impure… soupire-t-il dans un murmure rauque. J’aime ce mot. Il est… prometteur. [….]
– Ce qui est impur… ce sont les pensées que tu provoques là-dedans, souffle-t-il, son index tapotant sa tempe. Inadmissible, mosquito.

"Alors que l'un de ses bras s'enroule autour de ma taille et que sa paume empoigne ma nuque, sa bouche fond sur la mienne. Pas une minute, il n'exprime un quelconque désir de me protéger. Pas une fois, il ne lui vient à l'esprit que ma place n'est pas là, à ses côtés. Qu'il devrait m'épargner. Alors, oui, Liêm m'embrasse comme s'il cherchait non pas à me communiquer sa force, mais à me voler mon souffle. Il me baise presque la bouche. Un braiser fébrile, obscène, dopé par l'adrénaline et la fièvre. Un baiser qui me brûle les lèvres."