Se sentir héron cendré
Migrer
par l'écriture
Comme une quête. Incessante, journalière. Petit enfant, pendant des années, je n’eus de cesse de creuser un trou au pied d’un figuier dans le terrain de mes parents comme si quelque trésor de guerre allait un jour effleurer les dents émoussées de ma petite bêche…
(p. 78)
Il faut […] parfois savoir accepter une mémoire qui s’efface, certainement la souhaiter comme un art de l’épure qui participe de son écologie intérieure.
(p. 16)
Interstices
Souvent
tels des lézards
furtifs
tapis
sous des roches
ignées
d’un soleil foudroyant
les iris sauvages
vifs
s’élèvent
Vivant d’une
terre tarie
d’infimes interstices
geôles d’eden
les logent
Resplendissant
ils honorent
effrontés
le minéral
devenu
alors
nourricier
Gymnopédies et Gnossiennes
déplient lentement
l’écorce sonore d’un temps
perlé
Parfois les cyprès
suintent de sève
Son piano
brille
Ce Satie
défie les vitesses inutiles
Il trace
dans
la chair de toute méditation
des résonances
Notre absence pure
se reconnaît
forme de connaissance
elle coule
informée
étirée vers des cimes
elle rejoint radieuse
un concert d’oiseaux
Silencieux
ils écoutent
ce clavier
Leurs ailes frottées
bruissent
ils s’envoleront
L’art poétique
de Christian Bobin
immortel
saisi
se déplie
il tremble
Saule pleureur
éternellement souriant
à l’oreille
il nous
a donné
de l’enfance
une écoute
qui ne meurt pas
Sa chaise vide
devant sa table
en bois
s’envole
Sa fenêtre ouverte
sur son Creusot
il demeure
éternel
Le fusain de ses mains jointes
éclaire
une ferveur
Dans ses regards
poétiques
s’inscrivent
d’innombrables
pépiements
Un ravissement
L’écriture est nature
difficulté insensée
de croître dans sa danse
Son observation
son contact
appelle l’épure
Son immobilité apparente
enseigne
un travail méticuleux
Une bise légère
sur les feuillets encore touffus
est une valse d’automne
Laisser place aux bourgeons neufs
secouer son arbrisseau
biner ses scories
les feuilles mortes
chutent d’elles-mêmes
nos mots
encore denses
s’arriment
Apprendre
la déprise
Contempler
notre Nature Haïku
foisonnante
m'écrit
Une mémoire florissante
jardine
nos oublis
Aujourd'hui
les pierres qu'on fend
délivrent
des chutes de notre histoire
nos mots
créent une arche
Essayer de sculpter
un passage
Depuis nos réminiscences
habiter son présent