Le Monde présente « Apprendre à philosopher », une collection qui expose les idées des grands philosophes pour mieux éclairer notre existence quotidienne et les réalités du monde contemporain. Le quatrième volume de la collection (en kiosque à partir du 30 mars) est consacré à Aristote, un penseur pour qui la prudence constitue une vertu cruciale.
Les pythagoriciens ont eu l'intuition que la réalité, outre qu'elle est secrète, peut aussi se concevoir comme l'expression d'une équation mathématique, et c'est la thèse que retient Platon: dans les mathématiques, il est question de calculs, pas d'opinions. Exprimant une vérité indubitable et démonstrative, les mathématiques sont la porte qui donne accès aux Idées.
P62
Selon le philosophe, l'amour est instrument de connaissance, mais lorsqu'il devient passion, aveuglante parce qu'irrationnelle, il peut devenir méprisable. De fait, du strict point de vue de la sexualité, Platon se prononce en faveur de la chasteté. Dans l'interprétation qu'en a donné le christianisme, et plus particulièrement saint Augustin, cet aspect, ainsi que d'autres éléments connexes, sont à l'origne de "l'amour platonique'' médiéval, l'amour dépourvu d'expression sexuelle.
p76
Le gouvernement parfait n'existe pas, puisque ni la connaissance parfaite ni l'âme pure et délivrée des contingences matérielles n'existent, du moins dans le monde réel dans lequel il nous faut vivre.
p31
Chez Platon, l'amour n'est donc pas une relation simple entre l'amant et l'aimé, mais un triangle dont le troisième élément est constitué par les Idées. L'amant et l'aimé se pénètrent mutuellement et s'identifient par leur rapport avec le troisième sommet de ce triangle particulier, qui est le Bien. Si les corps s'aiment et se désirent, c'est parce qu'ils convergent dans l'amour de la connaissance et des Idées (le Bien, la Justice).
Ce qui attire deux corps amoureux est, en définitive, l'amour de l'Idée qui les unit. Ainsi, les amants maintiennent le lien entre eux, même lorsque les corps déclinent, parce que c'est la connaissance qu'ils aiment et désirent vraiment.
La politique n'échappe pas à l'influence de l'âme. Une des thèses centrales de Platon est que l'âme vertueuse constitue le principe et le modèle à partir desquels doit s'organiser la Cité. Chaque groupe social a une âme propre, et donc un certain nombre de caractéristiques, mais aussi une disposition intime qui vient du plus profond de l'être. On ne peut gouverner sagement la Cité si l'on n'est pas très attentif à la diversité des âmes qui la composent, de sorte que celui qui n'a pas, pendant de longues années, perfectionné son âme par la réflexion et la vertu ne mérite pas d'exercer le pouvoir.
Dans le monde antique, on disait que, si l'on voyait apparaître un Grec pâle, cerné, voire blafard, il s'agissait d'un Athénien, parce que les habitants de cette ville se consacraient, enfermés chez eux, à la lecture.
Au contraire, quand on voyait un Grec hâlé par le soleil, énergique et braillard, il s'agissait d'un Spartiate habitué à la pratique militaire.
La vie est un processus dynamique sans aucune finalité, elle est pure vitalité et exercice de forces. Malgré tout, le philosophe (Nietzsche) reconnaît que la vie humaine a de toute évidence besoin d'un sens. Cette nécessité est une condition définitoire de l'homme, une constante anthropologique fondamentale liée à la survie de l'individu et de l'espèce. Puisque l'homme a besoin de sens pour survivre, mais que l'existence en soi en est dépourvue, il l'invente en se fabriquant des normes et des valeurs. Cette construction lui permet d'interpréter son existence individuelle et collective comme étant régie par des buts et des finalités. Il peut ainsi lui attribuer la prévisibilité et la signifiance dont il a besoin. pp. 70-71.
Ce que propose Platon pour résoudre la crise de l'État, c'est de placer la Cité entre les mains d'une minorité, dont le trait distinctif n'est pas la possession de richesses ni l'exercice de la violence mais sa soif de connaissance. Ce sont les sages, c'est-à-dire ceux qui se consacrent à la recherche de la vérité, qui doivent gouverner. Les autres, hoi polloi, littéralement «le grand nombre », ne comprennent pas l'essentiel et, partant, deviennent un danger lorsqu'ils gouvernent.
Paradoxalement, la morale religieuse s'invente un monde au delà du monde pur donner du sens au monde.
Malgré des débuts prometteurs, le règne de Frédéric-Guillaume 2 se solda par un recul des libertés défendues par les Lumières.