Il passe un bras dans mon dos et l’autre sous mes genoux pour me soulever.
— Ce n’est pas la peine, je vais marcher.
— Tu n’es clairement pas en état. Laisse-moi t’installer dans ma voiture.
— Dimitri.
— Oui ?
— Merci. Je repose ma tête contre son épaule, mais sa berline est juste derrière la mienne et je ne vais pas avoir ne serait-ce que quelques secondes pour souffler. Il s’apprête à me déposer quand je l’interromps.
— Attends, je… heu… Tu n’aurais pas une couverture, ou n’importe quoi pour protéger tes sièges ?
— De quoi tu parles ?
— Je… J’ai des saignements.
— Quoi ?! Mais où ? Heu oui d’accord, j’ai compris. Mais on s’en fout des sièges. Tu saignes et c’est à ça que tu penses, les sièges ?!
— Non ! Enfin si, un peu. Mais ce que je me dis surtout c’est qu’il faudrait que tu m’emmènes à l’hôpital. Le même que la dernière fois s’il te plaît. Je suis suivie là-bas. — Qui est ton médecin ?
— Le docteur Parks.
À peine m’a-t-il installée à la place passager qu’il fonce récupérer mes clefs et mon sac puis contourne rapidement son bolide pour se mettre derrière le volant.
— Pourquoi tu n’as pas appelé Owen ?
— S’il te plaît, ne me pose pas de question. — Définitivement tu t’es plantée de mec, si tu voulais quelqu’un qui ne pose pas de question, ce n’est pas moi que tu aurais dû contacter.
L’avantage c’est que dans cette ville j’ai une autre vie. Une nouvelle identité à chaque endroit… en quelque sorte. J’ai différents groupes d’amis, différents boulots, et finalement chacun reste associé à la ville dans laquelle je l’ai rencontré. Pas interférences, rien ne doit pouvoir me suivre d’un pays à l’autre. J’ai toujours fonctionné ainsi et ça marche plutôt bien. D’une certaine façon, quand je reviens quelque part, je reprends ma vie là où je l’ai laissée à cet endroit. C’est
pratique, confortable, facile. Je laisse ainsi les problèmes là où ils se trouvent et je les affronte quand je m’en sens l’envie
« > Le diable est dans les détails
Cette phrase est… étonnante, et étonnamment juste. J’ai une sorte d’impression de déjà entendue. Un petit copier-coller pour demander l’avis de mon pote Google.
> Nietzsche
Je frime, mais sans mon moteur de recherche préféré, je n’aurais jamais deviné.
> Je suis impressionnée
> Je l’espère bien
> Google ?
Grillé. Après tout, y a aucun mal, on ne peut pas tous maîtriser les philosophes allemands. Ouais, ouais, wikipedia.
> J’avoue
> Un bon point pour Gryffondor pour l’honnêteté
> Harry Potter. Lui, je le connais vraiment.
> Encore heureux. Ce serait éliminatoire
> Dis donc, j’ai l’impression que je dois me battre pour gagner le gros lot, mais de nous deux, c’est peut-être moi le gros lot.
> Je l’espère bien.
> Alors tu risque de devoir fournir quelques efforts pour me plaire
> J’y penserai. Je dois te laisser. À demain pour une nouvelle série de question.
> Le rendez-vous est pris. »
« — Et toi, est-ce que tu sais que je ne connais même pas ton vrai prénom ?
— Sérieux ? Je ne te l’ai jamais dit ?
— Bah non, et puis tout le monde t’appelle Cookie. J’ai d’ailleurs envisagé à un moment que ce soit ton vrai prénom. Ce serait une pure vacherie de la part de tes parents, mais on entend des trucs tellement dingues.
— Crois mois, la vérité ne vaut pas mieux. Reste sur Cookie, ce sera très bien.
— Allez dis-moi !
— Pas question. Je t’assure que c’est pire.
— Pas pire que tout ce que je peux envisager alors balance.
— T’imagines quoi ?
— Cunégonde, Bérangère, Ursule, Imogène, Marie-Antoinette peut-être…
— Ah ouais quand même, tu mets la barre haut. Mais c’est inutile d’insister, avec un peu de chance, je parviendrai par faire définitivement oublier mon vrai prénom. »
Chapitre 1 :
Parce que c’est toi
Cookie
Granville, le 15 mai 2016
«- Qu’est-ce que tu fous ?
- Je file un coup de pouce au prince charmant.
Je lui reprends le bout de chiffon pour découvrir ce qu’il a pu noter.
« Si vous répondez aux critères de ma très exigeante, et SEXY, Cookie, n’hésitez pas à l’appeler au 6…
P.-S. : voici son compte Facebook, matez la jolie bestiole avant d’appeler, vous verrez qu’elle vaut le coup.»
…
- Cupidon, si tu existes, c’est le moment ou jamais de faire ton boulot. Apporte ce message à un gentleman beau gosse qui aura envie de croquer le joli cul de mon p’tit cookie ! Déclame le plaisantin de service.
...»
Chapitre 3 :
Parce que tu es irrésistible
Cookie
Paris, le 16 septembre 2016
« › Salut, tu es bien Cookie ?
- Alors ?
- Non, c’est pas elle. C’est un message bizarre. Un numéro inconnu qui veut savoir si je suis Cookie.
- Bah, sûrement un pote qui a changé de téléphone. S’il mentionne ton surnom, ça doit être un ami, argumente ma copine.
- Le facteur m’appelle Cookie. Ça ne signifie pas grand-chose.
- Demande qui c’est.
› Qui c’est ?
Oui, je sais, très original…
› On ne se connaît pas, mais j’ai trouvé quelque chose qui t’appartient, je crois
...»
"La chanson s’achève et nous voilà plongés dans un silence absolu qui s’apparente à une caisse de résonance pour mon cœur qui s’emballe. J’imagine que c’est ça l’amour, ce sentiment complètement fou qui vous pousse à vous dépasser pour la personne qui vous anime tout entier. Qui eût cru qu’un jour je serais ce genre de gars, le genre qui veut se fixer et déclamer sa flamme avec des musiques romantiques et des fleurs."