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Citations de Autrement (112)


Toute vie s'"achève" sans être achevée. La tâche des survivants est de l'achever, en se construisant le récit, en en constituant l'épilogue. Quand il n'y a plus rien à faire, il reste à dire dans la parole dans l'écriture, ce qu'a été un être, dire et d'abord construire, dans l'après coup, le sens d'une existence.
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Une ville aussi encombrée ne dispose d'aucune vue "parfaite". Les impuretés doivent donc se faire invisibles. Ce principe s'applique dans bien d'autres domaines. Le personnel des meilleures stations thermales ne vous aperçoit qu'à partir du moment où, lavé et habillé, vous manifestez le désir d'être vu. Alors seulement, on vous adresse la parole. Parkings, files de bicyclettes, raffineries de pétrole ou mines à ciel ouvert sont de la même manière exclues du paysage.
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Selon l’environnement d’un milieu, des paysages d’exception sont donc
possibles démontrant ainsi la culture et les traditions des habitants
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Serait-ce alors le jardin, médiation avec le paysage, expression privilégiée du sens du lieu, gardien de la mémoire, conjugaison de la durée et de l’instant –comme l’ont si bien senti romanciers et poètes –, qui pourrait nous « sauver » ? Ouvrirait-il une nouvelle voie pour la sagesse ? Jardiner sera peut-être notre moyen, pour reprendre une expression d’Augustin Berque, d’être humains sur la terre.
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On a le sentiment qu'ici tout bouge plus vite, plus facilement que dans le reste de l'Espagne. Faire la sieste : voilà juste la seule chose dont les Barcelonais semblent tout à fait incapables !
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Progressivement , cette dérive se ralentira et on aboutira , un siècle plus tard ,à un climat stable, très dégradé par rapport à celui qui prévalait quand on s'est décidé à agir . Il n'y aura aucun espoir de retour en arrière avant des millénaires.
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Kenneth White

Scotia deserta
je la regarde qui descend
depuis la haute arrête centrale
jusque dans l’Atlantique

je la sens qui creuse les lacs
sculpte les crêtes rocheuses
lisse les longues plages

la terre émerge
meurtrie, étourdie
dans la lumière arctique

les fous de Bassan s’assemblent sur les îles
les aigles sur les monts couverts de pins
la linaigrette
danse au vent

des hommes arrivent
regardent alentour, perplexes
quel nom pour ce lieu ?
Alba

***

Méditations de la page blanche
contemplations de la montagne
imprimées dans l’esprit

***

Un homme laissa trace de sa présence
là-bas à Bute et aux îles Garvellach
et au détroit de Kilbrannan
c’était Brandan, le saint voyageur

oui bien sûr, Brandan avait la foi
mais qu’importe cela
c’était avant tout
un navigateur
une silhouette qui mille après mille
doublait les caps
égrenait les îles
frayait une voie
entre écume et nuages
attentif aux lignes du monde :

le détroit d’Islay
l’estuaire de Lorn
la passe de Tiree
le détroit de Mull
Skerryvore et la pointe de Barra
le loch Alsh, le pertuis Rhea
le détroit de Raasay

***

Ah, le son clair de ces mots
et un monde
qui s’ouvrait, qui s’ouvrait !

***

D’autres figures traversent la scène
en voici une :
Kentigern était son nom

dans l’église que je fréquentais
autour de mes neufs ans
un vitrail gris-bleu
représentait cet homme
un livre à la main
debout sur une grève
prêchant aux mouettes

moi, perdu dans ce vitrail
j’oubliais le sermon
(toujours le bien et le mal
les métaphores confuses
les lourdes comparaisons)
impatient de sortir
de retrouver la grève déserte
de marcher des heures entières
un livre à la main parfois
mais pas le moindre prêche en tête

essayant de saisir quelque chose
qui n’avait besoin d’aucun nom
quelque chose qui avait pour forme
les vagues bleues et le roc gris
et avait un goût de sel

***

Un sentier rocailleux
et l’odeur de varech
entre Fairlie et Largs

Fumée en dérive
l’éclat des feuilles d’automne
sur les bords du loch Lomond

Mouettes fantômes dans la grisaille
kiiya, kiiya, kiiya, kiiya
septembre à Applecross

Tiree
un matin de mars
royaume du vent

Sept îles
dans le soleil d’août
Islay, Jura, Scarba, Lunga, Luing, Shuna, Seil

J’arpente la côte
tous ces détroits, ces lacs, ces pertuis

vivant l’ouvert
appréhendant l’univers

ordre et anarchie
chaos et cosmologie

géographie de l’esprit

***

Avez-vous entendu Corrievreckan
aux grandes marées de mars
sous les rafales du vent ?

il gronde si fort
qu’on l’entend de la terre
à vingt milles de là

les cartes marines
signalent une vitesse de neuf nœuds

pour les sens
qui ne font pas de calcluls
mais à quoi rien n’échappe
c’est un violent tourbillon blanc

origine
d’une pensée de la vague et du vent

Que les images filent
rapides et claires

que les idées soient folles
(échange vif d’hôte à hôte, lumière)

voilà la seule façon
de dire la côte

toute la réalité irrégulière
de ce littoral brisé par la mer

***

Discours pélagien
poétique atlantique

choses premières et dernières
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Comme si, à bout d’impatience, ils s’étaient mis à détester l’attente, les délais et tout ce qui ne s’ajuste pas d’emblée à leur désir, c’est-à-dire en fait tout ce qui est autre. Comme si le temps des marchands avait progressivement envahi tous les champs de la vie humaine, singulièrement celui de la vie affective et sociale.
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Dans son rapport sur L'Algérie en 1847, Tocqueville, historien français, écrit : '' c'est-à-dire que nous avons rendu la société musulmane beaucoup plus misérable, plus désordonnés, plus ignorante et plus barbares qu'elle n'était avant de nous connaître. ''
C'est tout le paradoxe algérien qui se met en place.
D'un côté les Français d'Algérie disent qu'ils ont contribué à développer le pays, alors que de l'autre côté les Algériens soutiennent que la France l'a détruit.
Les deux ont raison mais les uns se placent en 1830 et les autres en 1847.
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Vous négligez l’Inde, et c’est pourtant la plus grande chose qu’aucuns princes chrétiens ait jamais entrepris de conquérir, à la fois pour le service de Dieu et pour sa propre gloire, et aussi pour gagner toutes les richesses du monde. Pourtant vous laissez cette œuvre à la merci de quelques navires vermoulus et de 1500 hommes, dont la moitié est inefficace… Je n’en dirai pas plus, Sire, sinon que j’ai peur que vous ne vouliez pas faire progresser cette entreprise sous mon mandat à cause de mes pêchés, les anciens et les nouveaux… Mais ce n’est pas seulement à cause de mes pêchés, c’est aussi l’affaire de votre conscience… Donnez-nous des gens, des armes et des forteresses ou laissez-nous dormir portes ouvertes à la garde de ces chiens.
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Le 5 mai 1981, Bobby Sands, futur député du Parlement de Westminster, meurt en grève de la faim. Gerry Adams et d'autres responsables de Sinn Féin sont persuadés que l'émotion fantastique soulevée par cet événement peut déboucher sur un renforcement considérable de l'influence républicaine. Naît alors, dans la bouche du porte-parole de Sinn Féin, Danny Morisson, le slogan immédiatement élevé au rang de maxime: "Le fusil dans une main, le bulletin de vote dans l'autre."
Sorj Chalandon
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Vouloir guérir les hommes qui souffrent, apaiser leur douleur, non les réparer mais les consoler, c’est participer à une illusion créatrice qui permet de les maintenir debout. Être psychanalyste, c’est aussi accepter de restaurer la dignité humaine, en témoignant des blessures, en refusant l’indifférence et l’inaction.
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Nés dans le Sud de l'Italie, les combats de gladiateurs sont attestés à Rome sans interruption depuis 264. Ils atteignent, à la fin de la République, une ampleur que deux chiffres permettent d'imaginer : cinq jours de combats, du matin au soir, et trois cent vingt paires de combattants pour les jeux de César en 65.
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Le grand problème du Ier siècle av. J.-C., c'est la gestion d'une violence qui a conduit le pays au plus profond de l'horreur des guerres civiles.
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Si l'homme "sauvage" respecte les autres créatures, hommes, bêtes, plantes, etc et pratique une véritable philosophie écologique, l'homme occidental, lui, s'est engagé sur une toute autre voie (…). La Genèse ne dit-elle pas: « Et Dieu se mit à créer l'homme à son image. Dieu lui dit « Soyez féconds et devenez nombreux, et remplissez la terre, et SOUMETTEZ-LA, et tenez dans la soumission les poissons des mers, et les créatures volantes des cieux, et toute créature vivante qui se meut sur la terre ». N'est-ce pas le point d'ancrage à partir duquel s'est développée l'histoire occidentale ?
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Quant aux écrivains, qui font essentiellement œuvre de mémoire, ils opèrent ce que Ricoeur appelle, en référence à Bergson, ce « petit miracle » de la mémoire qui permet d'accéder à une « reconnaissance du passé » ; dans le « c'est bien cela !» de la conscience qui se souvient s'exprime la conformité entre l'image de la mémoire et l'expérience du passé. Dans la « reviviscence des images » (Bergson), le souvenir-image coïncide avec la sensation première. A bien des égards, l'acte de mémoire a partie liée avec l'acte de l'écriture : comme la mémoire, en effet, la littérature est, par l'image, « l'énigme de la présence de l'absence ». Le fait que le souvenir-image constitue la représentation d'un événement passé – ce qui le différencie de l'imagination – l'inscrit dans le temps, et donc lui confère une part d'altérité par rapport à l'expérience originelle.
« Cet autre de l'image, c'est précisément l'écart entre le référent premier et son similaire (car le souvenir est toujours la mimesis d'un original connu, appris), cette distance qui mesure l'échec de la fidélité de la mémoire. » Cette autonomie que gagne ainsi l'image-souvenir, représentation d'une réalité placée à distance, l'apparente à la fiction littéraire. Malgré les distorsions inhérentes au souvenir, le « petit miracle » de la reconnaissance permet à la mémoire d'acquérir un avantage sur l'histoire : l'abolition précaire de la dimension temporelle et la recomposition d'une identité malmenée par le temps. Cet avantage, la littérature le partage avec la mémoire ...
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Le 5 octobre 1961, le préfet de police décrète un couvre-feu qui s'applique à l'ensemble de ceux que l'on qualifie officiellement de « Français musulmans d'Algérie » et que, couramment, on nomme « ratons » ou « bougnoules ». En réaction, la fédération de France du FLN appelle secrètement l'ensemble des Algériens, hommes, femmes, enfants, à se rassembler le 17 octobre 1961, en différents lieux de la capitale française.
La préfecture de police est informée tardivement de ces préparatifs. C'est la première fois en France, et ce sera l'unique, que le FLN appelle les Algériens à manifester publiquement. L'ordre est donné que ces manifestations soit absolument pacifiques. Cependant dans les rangs de la police, on y voit l'occasion de se venger. La hiérarchie, le préfet de police en tête, laisse faire. Elle y voit le moyen d'un grand défoulement permettant d'évacuer le mécontentement qui s'est accumulé dans les rangs policiers. Le 17 octobre 1961 marque ainsi le paroxysme de pratiques criminelles qui se sont répandues précédemment. L'heure est à la barbarie. Les policiers, CRS, gendarmes mobiles qui vont agir ont, pour un grand nombre d'entre eux, été formés dans les guerres et autres opérations qui n'ont cessé depuis 1945, de l'Indochine à l'Algérie. La violence est unilatérale et prend des formes qui n'ont plus rien à voir avec les techniques, si dures soient-elles, du « maintien de l'ordre ». La chasse à l'homme définit en fonction de son apparence physique se généralise. En grand nombre, des hommes sont jetés dans la Seine du haut des ponts de Paris et de la banlieue. Ces crimes ont lieu jusqu'au cœur même de Paris, du haut du pont Saint-Michel. Dans la cour de la préfecture de police, où l'on entasse de supposés Algériens raflés, des violences extrêmes sont commises et un massacre faisant plusieurs dizaines de victimes est perpétré durant la nuit. Par milliers, des Algériens raflés sont internés au Palais des sports, au stade de Coubertin, au camp de Vincennes, où les « comités d'accueil » frappent sans retenue. A l'intérieur des lieux d'internement, les violences continuent, sous des formes diverses. Cela va durer pendant plusieurs jours. Des témoins verront encore des cadavres cinq jours plus tard, dans un hall réquisitionné du Parc des expositions de la Porte de Versailles. Une entreprise de dissimulation de cadavres va être organisée et le mensonge d'état va chercher à nier l'ampleur du crime. Les nombreux cadavres, souvent anonymes, retrouvés dans les jours et semaines suivantes seront mensongèrement attribués au FLN.
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« Populaire », le mot est lâché. Jusqu'alors l'idée coloniale était restée une affaire de spécialistes, c''est désormais une passion nationale. Cet empire fait désormais partie du patrimoine hexagonal. Comme le montre l'analyse pétainiste au lendemain de la défaite, s'il y a rejet global de la IIIe République, il existe une exception notable dans cette dépréciation : ce domaine colonial qu'elle offrait en héritage au nouveau régime de « rénovation nationale ». A la fois populaire et transcendant les courant politiques, l'idée impériale se situe au-dessus des débats politiques et des clivages droite/gauche.
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S'il est un sentiment que cette ville, étourdissante à première vue, ne paraît pas engendrer, c'est la mélancolie. On peut penser de même, devant son modernisme, sa puissance désordonnée, et son mouvement bruyant, qu'il ne faut pas non plus lui demander une quelconque satisfaction du sentiment poétique. Or c'est une des surprises de Tokyo que de révéler peu à peu un arrière-fond de poésie, et c'est un de ses pièges que de pouvoir inspirer un sentiment diffus de nostalgie.
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C'est seulement pour l'homme blanc que la nature était sauvage. Pour nous, la terre était douce et généreuse. Ce n'est que lorsque l'homme blanc est arrivé et, dans sa folie brutale, a accumulé les injustices sur nous et les familles que nous aimions, qu'elle nous est devenue "sauvage".
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