Que faire de la poussière de ce corps et d'un esprit volage,
Si ma belle est loin de ma vue, que faire de mon âme ?
Pourquoi partir pour La Mecque sans vin ni amour,
Que faire de cette vieille bicoque abandonnée par Abraham ?
Dois-je briser sur ma tête les huit enfers et les huit paradis ?
Si je ne la trouve pas, que faire des deux mondes ?
Je pose mes pieds au sommet du ciel,
Et prends la place de l'absence : que faire de cet espace ?
Si chaque fragment de lumière n'est pas semblable au soleil,
Que faire, jusqu'à la fin des temps, du secret caché ?
Toutes choses, à part Dieu, ô Machrab, sont étranges…
Si je tiens une rose à la main, que faire des épines ?
Je suis venu au monde et par ignorance me suis noyé dans sa vase.
Comme il n'y avait pas de secours en vue, j'ai crié…
J'ai vu que ses ennemis sont l'esprit et le corps :
Dans ses yeux j'ai tiré les flèches du non.
Entrant dans la mosquée, comme un mystique, je me couvrais de glace ;
Entrant dans le cabaret, j'ai su que j'y brûlerais.
À toi la prière, mystique ; à moi la bouteille de vin :
Je vendrais mille chapelets pour une seule coupe de vin.
Le temps que la folie de ma gloire s'empare du monde :
Durant une seule de ses rotations, j'ai traversé deux mondes.
J'ai bu du vin de l'unité servi des mains du maître des échansons
Et tout de suite, comme Mansour, j'ai livré ma tête à la potence…
Amis, n'accusez pas Machrab d'insignifiance…
Qu'y puis-je, j'ai parcouru toutes les rues de la souffrance !
Pour venir à moi, les hommes de l’amour empruntent ce chemin :
j’installe mon territoire en tous lieux où s’épanouit la fleur de la joie.
Je pleure comme il pleut au mois d’avril…
Pour toi, comme un rubis du Yémen, j’offre la pierre de mon cœur.