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Bibliographie de Maria Pia de Paulis-Dalembert   (2)Voir plus

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Par ce retour à une intrigue enracinée dans l’histoire passée ou récente, cette littérature au souffle épique donne à voir le présent en le recontextualisant dans les raisons du passé. À notre avis, les années soixante-dix et la Résistance forment deux trous dans la connaissance du passé récent de l’Italie. Le polar, au-delà de ses nuances le faisant pencher tantôt vers le roman policier tantôt vers le noir, répond sans doute mieux, par sa forme plus dynamique, au besoin de raconter cette Italie « à trous ». C’est en ce sens qu’elle dépasse la vieille catégorie de l’évasion ou de l’« intrattenimento » pour se redécouvrir capable de susciter une interrogation sur l’engagement dans la Cité. Ce n’est pas un hasard si une bonne partie des auteurs que Wu Ming  1 cite figurent parmi ceux de la « Bibliothèque Italienne » et dont témoigne l’annexe bibliographique ajouté à la fin de cette étude. Seuls ou en anthologies, les auteurs italiens traduits donnent à respirer l’italianité du pays, leur territorialité au sens de leur enracinement dans un territoire donné. Cependant, après la longue période de tâtonnement du polar italien (des années trente aux années soixante-dix et ce à cause d’auteurs peu connus tels que Varaldo et De Angelis et ensuite malgré la présence d’auteurs fondamentaux tels que Sciascia, Gadda, Fruttero & Lucentini et ensuite Scerbanenco), les éditions Métailié ont donné leur préférence à Macchiavelli qui ouvre la voie au polar contemporain. Au cours des années quatre-vingt-dix on a assisté à un renouveau du genre contaminé par l’apport de systèmes non écrits (au sens traditionnel du terme), tels que la télévision, la musique et la bande dessinée, l’informatique. L’engagement social ou civique semble s’être imposé comme étant l’attitude généralisée de cette nouvelle littérature. (Serge Quadruppani, « Le roman noir de la maison Métailié »)
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Le thème de la force publique et de sa mission disciplinaire y reconduit dans tous les cas à la question de l’exercice du pouvoir et du mode de gouvernement, certes, mais aussi à un questionnement sur les motivations psychologiques des actes de violence, aux traumatismes particuliers de l’Histoire italienne contemporaine et en définitive à une remise en cause de la légitimité des fondements juridiques naturels et positifs de l’autorité incarnée par l’État et ses instances. Quel ordre souhaite-on maintenir dans une société où le droit d’exception du recours à la violence policière s’applique régulièrement, où l’autorité s’impose par « un mode ancien d’exercice de la souveraineté, l’atteinte au corps », où la loi est littéralement celle du plus fort et où la force – non plus seulement symbolique – devient seule loi ? Comment faire la justice quand la confiance en l’État et en ses agents, ainsi que dans les structures sociales n’existe plus, sinon en se faisant justice ? Ce sont les questions posées en substance. Les frontières définissant traditionnellement dans le genre policier à l’italienne le bien et le mal, l’ordre et le désordre, la justice et la vengeance sont résolument et sciemment bouleversées dans Le maître des nœuds, Le Blues de Sandrone et Les marques sur la peau. Les répercussions du G8 génois sur un plan anthropologique et structurel y sont sensibles. La réaction provocatrice de Pasolini à l’encontre des manifestants de  1968 et ses mots bienveillants à l’égard des policiers y sont définitivement obsolètes puisque les termes de la proposition sont ici renversés. Si pour les mouvements à l’origine des manifestations de contestation du G8 « un autre monde est possible », pour Carlotto, Dazieri et Tassinari une autre forme d’engagement à travers le roman policier italien est désormais requise. (Sarah Amrani, « »L’impossibilité » du roman policier : criminalisation de la fonction policière après Gênes 2001″)
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Concernant les nombreux faits non élucidés, il demeure une donnée claire : l’histoire du XXe siècle alimente une « memoria non condivisa » (expression chère à Stefano Tassinari) et la persistance des clichés. Ce hiatus, à l’origine de la lecture « in chiave gialla » de l’histoire récente, a permis au polar de se l’approprier. Dans le glissement des faits réels du récit objectif et indiciaire de l’historiographie à celui du roman, il s’est créé une contamination de plans d’écriture et de perception qui a brouillé les frontières génériques et le rôle de la narration. Jacques Rancière déclare à juste titre la fin de la séparation entre histoire et fiction et la fin du principe de vraisemblance car la vérité est inscrite dans les choses elles-mêmes. Dans le roman policier « a impianto storico », l’histoire revisitée ou inventée est plus vraie que la vraie histoire. Il se pose dès lors les questions suivantes : de quelle manière un auteur de polars traite-t-il la matière historique ? Quel est le seuil de démarcation entre faits divers, réinvention et interprétation d’une matière préexistante ? Quel est le choix éthique de l’auteur quant à l’agencement narratif et à la réception qu’il en attend du lecteur ? En s’appropriant l’histoire, il la réinvente pour créer une identité absente. Le roman sert à revitaliser la mémoire collective pour conjurer l’oubli. En ce sens, il indique une direction herméneutique quant aux vides et aux non-dits de l’historiographie. L’invention romanesque, en créant une mythologie à l’intention du grand public, permet à l’histoire de sortir du domaine des spécialistes. (Maria Pia De Paulis-Dalembert, « L’Italie du XXe siècle et ses mystères »)
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Depuis 1990, le genre policier a, par une rupture dialectique avec sa tradition récente, remis au goût du jour le plaisir de l’écriture d’investigation en la dédouanant de la « blanche » et modifié, grâce à une composition plus littéraire, sa perception par le public. Le travail accompli sur les ressorts du système scripturaire d’enquête, notamment sur les problèmes traités et les enjeux supportés, lui a permis de s’affranchir de la catégorisation méprisante de (sous)-paralittérature ou littérature de gare. Tout en restant ancrée dans la tradition d’une production grand public, héritage du feuilleton populaire, le polar a retrouvé un nouveau souffle. Il a dépassé l’étiquette de giallo, en la complexifiant, pour parvenir à la catégorie plus hybride de noir, terme français utilisé, dans sa fonction de substantif, pour indiquer une narration aux traits distincts du roman traditionnel. (Maria Pia De Paulis-Dalembert, « Introduction »)
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