Deux expositions au menu de notre table critique : Berthe Morisot, dont les oeuvres sont présentées au Musée Marmottan, ainsi que le sculpteur anglais Antony Gormley, dont les créations contemporaines se mêlent avec l'héritage emblématique du Musée Rodin.
Pour en parler :
- Sally Bonn, maître de conférence en esthétique à l'Université Picardie Jules Verne, auteure, critique d'art et commissaire d'exposition.
- Stéphane Corréard, critique et commissaire d'exposition, directeur artistique de la galerie Loeve&Co à Paris
Visuel de la vignette : Berthe Morisot avec un bouquet de violettes / Edouard Manet
#critique #exposition #musée
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Imaginez des arabesques ou méandres variés, se déroulant, non sur un plan, mais dans l'espace, avec tout ce que fournirent pour l'esprit les marges profondes et indéterminées du ciel ; imaginez le jeu de leur lignes projetées et combinées avec les éléments les plus divers, y compris celui d'un visage humain : si ce visage a les particularités de celui que nous apercevons quotidiennement dans la rue, avec sa vérité fortuite immédiate toute réelle, vous aurez là la combinaison ordinaire de beaucoup de mes dessins. Ils sont donc, sans autre explication qui ne se peut guère plus précise, la répercussion d'une expression humaine, placée, par fantaisie permise, dans un jeu d'arabesques, où, je crois bien, l'action qui en dérivera dans l'esprit du spectateur l'incitera à des fictions dont les significations seront grandes et petites, selon sa sensibilité et selon son aptitude imaginative à tout agrandir ou rapetisser.
Pendre, c'est user d'un sens spécial, d'un sens inné pour constituer une belle substance. C'est, ainsi que la nature, créer du diamant, de l'or, du saphir, de l'agate, du métal précieux, de la soie, de la chair ; c'est un don de sensualité délicieuse qui peut avec un peu de matière liquide la plus simple, reconstituer ou amplifier la vie, en empreindre une surface d'où émergera une présence humaine, l'irradiation suprême de l'esprit. C'est un don de sensualité native. On ne l'acquiert pas.
Le peintre qui a trouvé sa technique ne m'intéresse pas. Il se lève chaque matin sans passion,et, tranquille et paisible, il poursuit le labeur commencé la veille. Je lui soupçonne un certain ennui propre à l'ouvrier vertueux qui continue sa tâche, sans l'éclair imprévu de la minute heureuse. Il n'a que le tourment sacré dont la source est dans l'inconscient et l'inconnu ; il n'attend rien de ce qui sera. J'aime ce qui ne fut jamais.
Le talent est, après tout, le pouvoir acquis de faire fructifier des dons naturels ; les notions de l'expérience nous y aident, l'amour des Maîtres aussi, mais j'entends ceux que nous aimons, et non pas ceux que nous choisissons.
Qu'ai-je mis en mes ouvrages pour leur suggérer tant de subtilités ? J'y ai mis une petite porte ouverte sur le mystère. J'ai fait des fictions. C'est à eux d'aller plus loin.