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3.67/5 (sur 3 notes)

Nationalité : Iran
Né(e) à : Machhad , 1952
Biographie :


Reza Afchar Naderi est poète, traducteur de poésie persane, performeur et auteur de scènes slam. Titulaire d’un doctorat de littérature persane, il a travaillé comme journaliste en France et à l’étranger dans une quarantaine de pays. Il est l’auteur d’une anthologie de poètes contemporains iraniens : Aube Nouvelle – Poètes libertaires d’Iran. Son dernier livre est consacré au Forgeron dans le Livre des rois de Ferdowsi, épopée nationale et oeuvre majeure de la poésie persane du 10e siècle.
Une main nue seule
dressée devant l’acier froid
des chars qui grince et
qui vibre
En tout dernier c’est
devant le tyran qu’ainsi la
révolution se met en route

Source : ED.ZULMA
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Bibliographie de Reza Afchar Nadéri   (1)Voir plus

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Nahid Kabiri



L'homme qui est descendu de la pluie
Pourquoi tu regardes les étoiles?
Le message d'un jardin millénaire
n'atteindra pas la source volante;
le ciel
est bien lointain que vous ne croyez,
le pauvre mûrier
a souffert et a tant de soif
que toute son existence a chuté
goutte
à goutte
sur le sol aride;
et maintenant son tronc mort,
est le recours des fourmis et des abeilles sans vergogne.
Parmi la mousse,
j'ai perdu la mémoire d'un homme qui descendait de la pluie
dans un ruisseau errant et silencieux,
de la même manière que je me perdais
dans une rue bondée et éclairée;
J'ai porté
le rêve d'un homme qui descendait de la pluie,
chaque soir
avec des cigarettes, du pain et des raisins
dans ma maison
et derrière des fenêtres fermées je l'interrogeais:
"Dis, quelles sont les nouvelles?".
Mais le rêve de l'homme qui est descendu de la pluie
n'a jamais su
qu'il m'encourageait ...

Au carrefour du bruit, du mensonge et de la bassesse,
j'ai crié: "O ...,
sommes-nous vivants ou morts?"
et j'ai transféré la froideur de mes mains
dans mes poches vides.

Dans la rue
il n'y avait personne
pour que je puisse livrer
mon chagrin de solitude pour lui ...
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Reza Afchar Naderi

Vous soulignez la particularité de la poésie iranienne, « partie intégrante de l’ADN perse », qui irrigue la vie quotidienne, civile, politique et culturelle. Qu’est-ce qui explique la persistance inégalée — y compris chez la jeunesse — de cette passion ?

La poésie accompagne les Iraniens dans leur quotidien depuis plus d’un millénaire. Ferdowsî, le chantre de l’iranité, né au Xe siècle, a composé une épopée nationale en 60 000 distiques (120 000 vers) ; les Iraniens se sont emparés de cette somme poétique, rédigée en « pur parler persan », pour marquer leur différence face à l’envahisseur arabe et la domination islamique. Aujourd’hui encore, les vers de Ferdowsî sont sur toutes les lèvres persanes — toutes générations confondues. La persistance de la forme poétique dans l’âme perse s’explique peut-être par le besoin d’un ciment artistique réfractaire à travers les siècles, puisé dans un patrimoine considérable, afin de résister à des siècles de tyrannie. Si, comme l’affirme André Gide, « l’art naît de contrainte », les despotismes successifs n’auront pas manqué d’affûter sans cesse l’art persan de la poésie… par la force des choses. Il me semble que la « persistance » de cette « passion » poétique que vous évoquez provient de ce que la poésie, étant immatérielle, cryptée, concise, insaisissable, s’installe mieux que toute autre forme d’art dans les maquis artistiques de la résistance.

Vous expliquez aussi que la traduction de la poésie persane « ne saurait faire l’économie d’un décryptage systématique de sa charge politique et sociale ». La figure de Simine Behbahani est sans doute la plus inspirante de ce point de vue, dans la galerie que vous présentez. La poésie persane est-elle donc fondamentalement engagée ?

La figure de Simine Behbahani, de même que les personnalités d’Ahmad Shamlou, Mehdi Akhavan-Sales ou encore Houchang Ebtehadj, emploient toutes le recours au sens caché. Les Iraniens qui rencontrent, dans leurs écrits, les vocables « hiver » ou « rose » savent bien que la référence est politique, qu’elle renvoie à des événements et à des dates bien précises de l’Histoire contemporaine, à des traumatismes et à des soubresauts qui ont marqué l’époque. La poésie persane ne souffre pas les jeux formels. Car elle est un viatique sur le chemin de la survie mentale et physique de ceux qui la composent, la lisent, la partagent. Là où les pays démocratiques ne voient plus l’importance vitale de cet art et en font usage ludique dans leurs bacs à sable culturels, comme un loisir parmi d’autres. Je dirais donc que la poésie persane, celle incarnée par la pléiade présente dans cette anthologie, est essentiellement engagée. Mais j’ai employé, plus précisément, le terme « libertaire » car l’engagement politique n’est pas toujours porteur d’indépendance et de lucidité humaniste pour ceux qui le pratiquent. Quant aux poètes persans s’adonnant aux prouesses esthétisantes, s’il en existe, ils demeurent invisibles pour la grande majorité des lecteurs. De même qu’au plus fort de la tempête, on fixe du regard l’homme qui tente de redresser la barre, plutôt que celui qui dépose des fleurs dans votre cabine.

Deux grandes tendances interprétatives s’affrontent souvent à propos des grands poètes classiques persans : certains les ramènent à une forme de mystique symbolique et considèrent qu’en parlant d’ivresse ou d’amour ils n’emploient, en fait, que des métaphores pour signifier le rapport au divin (dans une interprétation soufie) ; d’autres défendent au contraire une vision résolument épicurienne et matérialiste de cette poésie. Où se situent aujourd’hui les poètes contemporains que vous présentez ?

J’ai envie de vous répondre que leur rapport avec la poésie est inévitablement matérialiste, ancré dans l’immanence. Même si Chafii Kadkani a établi une édition critique du Langage des oiseaux du mystique Farid ed-Din Attar — ce qui ne l’empêche pas de faire revivre les vers de Saadi, de Chiraz, à travers ses propres poèmes. Le rapport à l’autre, immanent et social, est toujours là. Chamlou, lui, fait revivre Hafez à travers une édition portant son empreinte. Quant à Khayyam, il est omniprésent à travers tout poème amoureux rendant justice aux bienfaits de ce monde, à travers le séjour transitoire qui est le nôtre. Je pense en premier à Forough Farrokhzad, la plus sulfureuse et la plus passionnée. Simine Behbahani, toute poétesse nationale qu’elle soit, fait la part belle à la séduction et à la joie de vivre (« Ah j’ai aimé »), et ce jusqu’à l’âge le plus avancé qu’il soit permis de vivre (« La vieille Ève »). La forme antique du ghazal, poème lyrique par excellence, est toujours à l’honneur — d’un poète à l’autre. Il existe, bien entendu, comme vous le mentionnez, une tendance mystique et une tendance matérialiste dans la poésie persane. La première mieux connue, hélas, que la seconde… Cette dernière est pratiquement inconnue en France, où une caste d’éditeurs et d’universitaires se complaît surtout à promouvoir la vieille tradition soufie, sur fond de méditation transcendantale et de danses extatiques de derviches tourneurs… Nous avons là affaire à une sorte de tourisme orientalisant dans un ailleurs atemporel. Comme si la modernité poétique devait demeurer du seul ressort de l’Occident alors que la mystique, sous son jour poétique, serait issue essentiellement d’un Orient que l’on voudrait hors du temps, occupé aux pratiques méditatives. Aussi, je souhaite que cette anthologie aide à déciller quelque peu les regards de ceux et celles qui nourrissent ici, en France, des représentations toutes faites de la poésie persane. Et qu’elle montre le chemin de la vraie modernité dans le champ poétique. Celle qui s’appuie sur les acquis patrimoniaux.
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Reza Afchar Naderi


Vous retournez régulièrement dans votre pays de naissance et connaissez bien sa « scène artistique ». Dans quelles mesures est-il possible d’écrire, de dire et de publier de la poésie librement en Iran ?

La poésie, dès qu’elle touche des privilèges, des dogmes, des valeurs établies, devient une menace pour son auteur, en Iran comme en France. Toutes proportions gardées, certes. Mais il suffit qu’un poème « balance » un nom ou un statut synonymes d’abus ou d’injustice, pour que le poète se retrouve dans la ligne de mire des détenteurs du pouvoir. La poésie libertaire d’Iran a vécu et vit toujours des moments difficiles. Il existe dans ce pays des lieux pour la poésie officielle et d’autres espaces, tolérés, attirant un public considérable. Naturellement, les médias qui s’en font l’écho sont ceux de la Toile. Les pages Facebook et le site YouTube en premier. Mais, en tant que citoyen ayant choisi la nationalité française depuis un bon nombre d’années, je ne peux vous répondre sur ce point sans pointer en même temps l’indigence de la poésie dans mon pays d’adoption, dès que l’on touche la sphère sociale et politique. En effet, au pays de Molière — ce Charlie avant la lettre —, les poètes brillent désormais par leur silence face aux abus de l’État et de ses institutions. Ils se tiennent dans les limites des grandes déclarations de principes et annoncent tous les jours qu’il faut « décréter l’état d’urgence poétique » ! Étant moi-même héritier, de par mes origines, d’une tradition poétique de luttes pétrie de chair et de sang, je trouve ces accents déplorables dans leur répétition et leur vacuité.

Vous vous intéressez beaucoup à la question de la forme poétique, considérant qu’il doit y avoir une « survie dynamique d’un patrimoine antique à l’intérieur d’une révolution formelle » : ce qui fait pour vous la force des poètes persans qui connaissent littéralement par cœur les grands classiques, avant même de se permettre des libertés avec la métrique. Vous citez Aragon comme le dernier des poètes français qui aurait réussi ce tour de force d’incarner l’esprit d’un peuple et d’une langue tout en réinventant la sienne. Mais quelle leçon en tirez-vous pour la poésie française ? Comment se réapproprier une tradition évanouie ? Les Iraniens disent du Hafez quand personne, en France, ne rêve plus de la poésie de Villon…

En effet. Les Français n’ont pas fait le travail qu’ils auraient dû faire il y a un demi-siècle, quand Aragon portait encore le flambeau. Facilité ? Paresse ? Sentiment de supériorité culturelle ? Certitude que tout a déjà été dit et qu’on se repose sur un héritage qui, aujourd’hui, a sombré dans les manuels d’histoire littéraire ? Fascination pour une (fausse) modernité qui fait de l’art une discipline cultivée « hors-sol » ? Dans son Crève-cœur, Aragon disait qu’il « n’est pas vrai qu’il n’est point de rimes nouvelles dans un monde nouveau ». Or nous assistons, dans cette deuxième décennie du XXIe siècle, à une absence totale de règles poétiques s’inscrivant dans la continuité de la grande poésie française — celle de Villon, de Boileau ou de Baudelaire. La règle est devenue celle de la non-règle. Avec son cortège d’absurdités, de jeux formels vides de sens, de mots d’ordre sans conséquences et d’ennui mortifère. Vous me demandez comment se réapproprier la tradition évanouie, cultivée jadis par les grands noms de la poésie française ? Écoutez plutôt ce qui se dit en ce moment autour de nous, dans les médias et sur les forums de discussion depuis les attentats du 7 janvier 2015. Jamais la nécessité d’une appartenance à l’identité française n’a semblé aussi sensible. Peut-être que ce traumatisme national donnera enfin le coup d’envoi (bien cher payé, il est vrai) d’une adéquation entre les racines culturelles de la France et la production artistique contemporaine — celle-ci s’avérant profondément gangrenée. Peut-être que ce pays auquel je tiens tant saura éviter de sombrer encore plus (je pèse mes mots) dans la décadence culturelle où il est bien engagé.

On connaît mieux, en France, le cinéma iranien que la poésie ou la littérature contemporaine iraniennes. Mais ce cinéma lui-même n’est-il pas porteur d’une charge à la fois poétique et contestataire ? C’est bien le vers d’un poème de Forrough Farrokhzad qui donne son titre à un film de Kiarostami, Le Vent nous emportera…

Le cinéma iranien, mondialement connu, est en effet un modèle de subversion, qui emploie les ressorts du registre poétique. Mais la poésie demeure en Iran le genre majeur, loin devant toutes les autres formes d’expression artistique. Si elle est moins connue que le cinéma, c’est parce que les traductions en français de la poésie persane sont souvent de facture moyenne. Pour ne pas dire médiocre. De surcroît, le cinéma, art visuel, peut se permettre une certaine économie du langage écrit ou parlé. Cependant, le langage poétique ne manque pas de prendre ses aises dans le cinéma iranien, car les réalisateurs issus du pays de Saadi et de Hafez ne sont pas moins imprégnés de poésie que le reste de la population. Je pense en particulier à Dariuch Mehrdjouï, icône du cinéma iranien, dont les réalisations campent régulièrement des personnages au verbe haut et coloré déclamant des poèmes d’un bout à l’autre de ses films. Pour l’apprécier, je vous suggère de regarder Le Poirier, Monsieur le Benêt ou encore Téhéran, Téhéran.
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Nâhid Kabiri

Demain quand vous cessez d'être


Demain, quand tu cesseras d'être,
ta place vide
dans mes moments
sera à nouveau là.

L'étoile sanglante,
les douces gouttes de pluie
seront de nouveau là.

Demain, quand vous cesserez d'être
la maison morte,
le café et la cigarette
seront de nouveau là.

Ta jolie photo
à sa place habituelle
sera de nouveau là.

Demain quand tu cesseras d'être
la répétition de la vie
et des moments étranges,
le chant de l'épuisement.
Dans l'obscurité des rues,
les oiseaux migrateurs,
la nudité des branches, la
vaine attente,
un chemin sans fin,
seront de nouveau là.

Demain, lorsque vous cesserez d'être,
le son de la cloche de l'église
dans la ville fermée
sera de nouveau là.

Votre mémoire,
le murmure du vent,
sera de nouveau là.

Demain, quand vous cesserez d'être,
le dimanche amer,
humide et silencieux,
sera de nouveau ici.

La saison de l'endurance,
tout au long de la vie,
sera de nouveau là.

Demain, lorsque vous cesserez d'être,
votre mémoire avec moi
jusqu'à mon dernier jour
sera de nouveau là.
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Reza Afchar Naderi

Vous vous intéressez beaucoup à la question de la forme poétique, considérant qu’il doit y avoir une « survie dynamique d’un patrimoine antique à l’intérieur d’une révolution formelle » : ce qui fait pour vous la force des poètes persans qui connaissent littéralement par cœur les grands classiques, avant même de se permettre des libertés avec la métrique. Vous citez Aragon comme le dernier des poètes français qui aurait réussi ce tour de force d’incarner l’esprit d’un peuple et d’une langue tout en réinventant la sienne. Mais quelle leçon en tirez-vous pour la poésie française ? Comment se réapproprier une tradition évanouie ? Les Iraniens disent du Hafez quand personne, en France, ne rêve plus de la poésie de Villon…

En effet. Les Français n’ont pas fait le travail qu’ils auraient dû faire il y a un demi-siècle, quand Aragon portait encore le flambeau. Facilité ? Paresse ? Sentiment de supériorité culturelle ? Certitude que tout a déjà été dit et qu’on se repose sur un héritage qui, aujourd’hui, a sombré dans les manuels d’histoire littéraire ? Fascination pour une (fausse) modernité qui fait de l’art une discipline cultivée « hors-sol » ? Dans son Crève-cœur, Aragon disait qu’il « n’est pas vrai qu’il n’est point de rimes nouvelles dans un monde nouveau ». Or nous assistons, dans cette deuxième décennie du XXIe siècle, à une absence totale de règles poétiques s’inscrivant dans la continuité de la grande poésie française — celle de Villon, de Boileau ou de Baudelaire. La règle est devenue celle de la non-règle. Avec son cortège d’absurdités, de jeux formels vides de sens, de mots d’ordre sans conséquences et d’ennui mortifère. Vous me demandez comment se réapproprier la tradition évanouie, cultivée jadis par les grands noms de la poésie française ? Écoutez plutôt ce qui se dit en ce moment autour de nous, dans les médias et sur les forums de discussion depuis les attentats du 7 janvier 2015. Jamais la nécessité d’une appartenance à l’identité française n’a semblé aussi sensible. Peut-être que ce traumatisme national donnera enfin le coup d’envoi (bien cher payé, il est vrai) d’une adéquation entre les racines culturelles de la France et la production artistique contemporaine — celle-ci s’avérant profondément gangrenée. Peut-être que ce pays auquel je tiens tant saura éviter de sombrer encore plus (je pèse mes mots) dans la décadence culturelle où il est bien engagé.
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Nâhid Kabiri
* 24.11.1950, Kermanshah, Iran
habite à: Téhéran, Iran

Ni moineaux, ni canaris
Je vous couperai du cordon ombilical
De mes jours passés, peu importe -
Que ce soit de bons jours heureux,
Ou des jours sombres de tristesse -
Comme maintenant les couleurs fascinantes là-bas -
À travers la rivière qui se sépare -
Me fait signe dans une tentation saisissante!
Et je m'ennuie
tellement avec autant de scènes noires déprimantes ici!
٭ ٭ ٭ Les
yeux sont pour contempler les beautés:
Les tournesols avoisinant les rizières
Résonnent un murmure chaleureux et mélodieux
Tout jaune; tout l'or!
Ou le calme qui coule et le reflux des vagues fraîches de la mer -
Bleu, bleu! - Un
bleu si apaisant!
٭ ٭ ٭
Je veux devenir vert comme un grain de blé
Que les Perses amoureux de la nature grandissent
Dans un plat quelques jours avant l'heureux événement
de la Saint-Sylvestre,
Ou tout comme ces gouttes rouges d'amour,
Devenant plus chaudes et plus rouges,
Et encore plus rouge - rouge fou!
A chaque pluie de pluie j'entends
Et à chaque fois le vent audacieux me parle en intimité
De loin ou de près!
٭ ٭ ٭ La
patience et la modération sont inutiles
Avec l'admiration.
Oui mon cher !
C'est pourquoi, en tant que «l'oiseau du soleil, de l'amour et du gagne-pain»,
je ne me pavane pas dans les rues amassées de vanité
Et j'évite les tristes promenades où les
poètes ont mis en vente leurs poèmes sans lecteurs
Sur les tristes stands ici et là! …
٭ ٭ ٭
La ville est vide de tous les gazouillis heureux,
pas de moineaux ni de canaris ici!
Seulement quelques corbeaux
Coassant de temps en temps sur les branches nues des arbres
Une nostalgie dans leur coassement!
٭ ٭ ٭
Tu verras comment je vais m'arracher
Des rideaux épais et des draps couverts de maladie
De cet hôpital noir!
Et avec incrédulité, vous verrez
que je n'écouterai pas le feu rouge
ou les sifflets embarrassés de la police de la circulation,
et j'irai
Déterminé et résolu -
Mon peigne, mon rouge
Et ma fiole de parfum cassée,
Tous avec moi dans le intrusion!
٭ ٭ ٭
Ne vous inquiétez pas pour moi:
Je donnerai naissance à mon bébé
À l'abri des épaisses récoltes de blé
Là-bas,
Sur l'or de l'autre aile du soleil!

Traduit par Kambiz Parsai
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* 12.12.1925, Téhéran, Iran
† 24.06.2000, Karadsch, Iran

Ahmad Shamlu est né le 12 décembre 1925 à Téhéran. Il a passé son enfance et sa jeunesse dans diverses villes iraniennes en raison du transfert fréquent de son père, qui était un militaire.

brouillard
Le désert est couvert à plusieurs reprises de brouillard.
Caché la lumière du village.
Une vague chaude imprègne le sang du désert.
Fatigué du désert
avec des lèvres muettes,
haleine interrompue
dans la brume fiévreuse de la brume, la sueur coule
à chaque ouverture.

«Le désert est couvert de brouillard encore et encore»
(se dit le randonneur).
Encore les chiens dans le village. J'arrive à la maison
enveloppée dans la robe de la brume
. Golku n'a aucune idée.
Soudain me voit dans la porte.
La larme aux yeux et le sourire aux lèvres,
elle dira:
«Le désert est couvert de brouillard encore et encore ...
Je me suis dit: si le brouillard ne
durait que jusqu'au petit matin,
les courageux pourraient
retourner vers leurs proches voir."

Le désert est couvert à
plusieurs reprises
de brouillard.
Lumière cachée du village,
une vague chaude envahit le sang du désert.
Fatigué du désert aux lèvres muettes, haleine interrompue
dans la brume fiévreuse de la brume, la sueur coule
à chaque ouverture ...

Golku: Prénom féminin que Shamlu n'a entendu qu'une seule fois dans la ville de Gorgan, au nord-est de l'Iran.
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Agitation
Dans des limites étroites sont pressées:
les barres de fer,
les chaînes
et les murs.
En cédant à l'étanchéité,
à l'étouffement, ils sont rendus.

La pression sur mon cœur, mais
c'est encore plus.
Je suis déprimé,
Et en proie à une agitation pendante,
Qui pend de toutes les branches de mon être,
Ça plane sur toute mon existence,
Projeté sur tout partout:
Sur le toit, dans la chambre, dans l'étang,
Sur mon soutien-gorge noir sur le cintre,
sur la mousse verte cultivée sur l'arbre,
dans les poings en colère les livres de vent sur la fenêtre,
sur chaque instant d'attente
trace sur et
et se terminant au dernier moment de ma vie
sur la plus grande partie silencieuse du poste téléphonique
sur cette tasse de thé froide - laissée intacte,
Sur la vapeur de mon souffle
Soufflé dans les fissures du miroir,
Sur mes larmes chaudes
Versées sur les mots déchirés du silence
Et dans le rythme sans fin de deux jambes
Que des milliers de fois,
Encore et encore,
Cousez ensemble et déchirez,
Les quatre coins de cette pièce,
Et à la fin je m'accroche à la hanger
Les ombres inflexibles de l'apathie et de l'impatience.

Agitation!
Agitation!
Agitation en tout:
Dans les gouttes d'eau
Dans chaque particule de terre
Dans chaque cellule d'air
Et dans chaque, flamme de feu
Le feu brûlant sous les fleurs
Qui ornent ma robe,
Le feu qui m'embrase -
Même quand je suis mouillé partout !

Agitation!
Oui, de l'agitation!
Me comprenez-vous ? ! …
Comprenez-vous ce que je veux dire? ! :
Agitation! …

Traduit par: Kambiz Parsai
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René-Guy Cadou écrivait que « la poésie est inutile comme la pluie ». N’est-ce pas, en Iran, une idée très oxymorique : inutile comme tout ce qui est indispensable… Qu’en diriez-vous ?

En Iran, on ne cherche pas à « définir » la poésie. Je sais que la France, par contre, ne manque pas de théoriciens de la poésie. Le propos poétique, en Iran, reste direct. Pour peu que l’on sache décrypter les images qui le représentent, et ceci est une affaire d’usage et de culture. Je dirais que les poètes iraniens sont des guerriers. La poésie est en eux, indispensable à leur survie comme peut l’être une arme dont on ne se sépare jamais, à quelque heure du jour ou de la nuit. En France, on prend la poésie sous le bras comme un attaché-case, à l’heure des tables rondes, des festivals et des colloques. C’est pour cela qu’elle est, dans ce pays, en ce siècle, si mortellement ennuyeuse, coupée de l’homme. Et c’est pour cela que les Français — je veux parler du peuple français — se sentent si peu concernés par ce qu’elle représente : un être décharné dont les mots s’évanouissent aussitôt que proférés.
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Nahid Kabiri

La perfection
Regardons les choses sincèrement,
maintenant qu'aucun brouillard de distance ne se cache
et que la mer
murmure les vagues bleues.

Nous avons vu des tempêtes
et des douleurs, des
combats et des forêts
mensonges et gazettes,
les bazars de la colère, de l'or et des poignards
et de l'amour l'
amour l'
amour ...
un amour qui chaque matin
descendait joli,
et chaque coucher de soleil
partit blessé,
et une rue qui liait notre maturité bleue
à l'angoisse de la perfection,
et nos séparations
avec ses dépressions extraterrestres
et ses vents rapides et migrateurs
qui habitaient dans de lourdes nuits pluvieuses.

Maintenant
qu'avec le tic-tac fatigué de l'horloge
des échelles du temps
nous descendons,
dans notre intimité d'hésitation,
prenons juste une cigarette et du café,
des papiers et des livres,
et un miroir qui
peut nous habituer
à sa couleur de solitude.
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