- Je file le brin de ta vie. Elle est enchaînée à ici, mais est reliée à ailleurs. Pars et déroule le chemin. Dans l'écheveau des hommes repose ton destin.
- Je tisse le linge qui pansera tes plaies et tes blessures, qui soignera tes doutes et tes craintes. La trame de coton deviendra métal. Tu apprendras du temps les moyens d'entrelacer les torons de la connaissance.
- Je couperai les câbles qui te relient au passé. Libérée de tes chaînes, tu parviendras aux confins du monde et de toi-même. La vengeance tranchera dans le voile qui t'aveugle. Mais ton corps deviendra ton linceul.
L'être humain méritait-il encore d'être sauvé ? Etions-nous fondamentalement nés si mauvais que nous continuions sur cette même voie, dans cette même errance ?
Alyss s'interrogeait sur le but de sa mission. L'être humain méritait-il encore d'être sauvé ?
Elle qui pensait dormir du sommeil du juste fut réveillée en sursaut par des cris tout autour d'elle. Elles s'extirpa de sa couche et enfila ses bottes, son couteau à la main. Pimpin alluma son halo pour lui faire de la lumière, et Alyss découvrit avec consternation la source de ce tapage. Les os des morts qui renforçaient son bateau s'étaient mis à vibrer et s'entrechoquaient dans un concert gothique. En guise de choriste et de chef d'orchestre, le crâne de Lester braillait des insanités sur un air de son cru.