La séance de spiritisme, un groupe de jeunes qui se racontent des histoires d'horreur, et ensuite, un démon qui vient et transforme leurs vie en cauchemar. Je frissonnai ; c'était un mauvais film de série Z.
Était-il possible que nous soyons devenus de simples personnages ? Que nous ayons été transposés dans un film ? En ce cas, qui tirait les ficelles, qui s'amusait avec nous ? Qui nous observait de son œil pervers, qui distrayions-nous ? Dans le cerveau de quel être malade de telles horreurs pouvaient-elles prendre vie ?
La peur l'emporta. Nous ne pouvions pas nous résoudre à retourner en arrière.
C'était étrange de constater à quel point la vie de l'un d'entre nous était devenue secondaire. Ce que nous avions vécu pendant la nuit avait modifié considérablement notre échelle de valeurs. Ces épreuves nous avaient transformés, mais le résultat n'était pas brillant.
Le temps qui s'écoula dans ce noir et ce silence absolus s'avéra une véritable torture. Pendant ce qui me parut des heures, nous retînmes notre souffle, essayant de nous faire oublier du démon que nous avions invité et qui avait envahi la maison. Nous ne bougions plus, assis sur le carrelage froid de la salle de bain. Je tentais d'ignorer la douleur de mes muscles tétanisés et de mon crâne, comme pris dans un étau.
Les frottements derrière la porte durèrent ce qui me sembla une éternité. Je me bouchais les oreilles pour essayer d'échapper à ce bruit lancinant, mais c'était peine perdue. Le son de ces grattements contre la porte résonnait comme une menace qui allait nous atteindre incessamment. J'entendais le sang bouillonner dans mes tempes et mes oreilles, au rythme d'un cœur affolé. J'étais en proie à une peur bestiale.
Bien sûr, nous n'étions pas dupes. Aucun d'entre nous ne s'attendait à ce que quelque chose se passe pour de vrai. Les esprits, les démons et autres fantaisies n'existaient pas, nous en avions pleinement conscience. Cette soirée n'était qu'un jeu.
- Et qu'est-ce que j'ai dit ?
- Tu as dit « j'ai entendu ton appel », me répondit Julien. Et tu fixais Marc dans les yeux.
Un frisson partit du creux de mon ventre et hérissa jusqu'à mes cheveux.
- Quoi ?
Comme souvent, elle choisit Bluerain, son jeu favori. Après tout, elle payait l'abonnement, autant le rentabiliser. Elle se transforma en dragon et s'envola explorer l'univers imaginaire de Maardalys.
L'horreur allait nous tomber dessus sans relâche et nous harceler, sans nous laisser reprendre nos forces, jusqu'au bout, nous arrachant une à une nos dernières bribes d'espoir.