[Les] œuvres [de Zola] sont tellement ignobles que ses admirateurs eux-mêmes et des critiques fort peu moralisateurs ont exprimé en termes énergiques leur écœurement. Il n'est pas superflu de citer quelques témoignages. En voici :
« Zola a créé la rhétorique de l'égout et l'esthétique de la sentine. » (Henri Houssaye) « À l'encontre de ce personnage des contes de fées qui changeait en or tout ce qu'il touchait, M. Zola change en boue tout ce qu'il manie. » (Jules Claretie) « On imaginerait difficilement une telle préoccupation de l'odieux dans le choix du sujet, de l'ignoble et du repoussant dans la peinture des caractères, du matérialisme et de la brutalité dans le style. » (Brunetière) « Son œuvre est mauvaise, et il est un de ces malheureux dont on peut dire qu'il vaudrait mieux qu'ils ne fussent jamais nés. Personne avant lui n'avait élevé un si haut tas d'immondices. Jamais homme n'avait fait un pareil effort pour avilir l'humanité. Avec lui, le naturalisme tombe tout de suite dans l'ignoble. Descendu au dernier degré de la platitude, de la vulgarité, destitué de toute beauté intellectuelle et plastique, laid et bête, il dégoûta les délicats. Moi, je suis dégoûté ; il y en a d'autres qui ne le sont pas. » (Anatole France) « Pas une figure qui ne soit hyperbolique dans l'ignominie ou dans la platitude. Les moindres détails ont été visiblement choisis sous l'empire d'une idée unique, qui est d'avilir la créature humaine. Dans son épopée fangeuse, avec des efforts réguliers d'Hercule embourbé, M. Zola met en monceau les écuries d'Augias. » (Jules Lemaitre)
Octave Uzanne, né en 1852. Érudit et bibliophile, est surtout connu des lecteurs mondains, parce que ses livres font revivre les mœurs légères des trois derniers siècles. Il est surtout l'historien des siècles féminins, et de la civilisation féminine : Nos contemporaines (parfois scabreux) ; Vingt jours dans le Nouveau Monde (empoignant) ; Contes pour les bibliothèques (grisonnants) ; La locomotion à travers l'histoire (pour tous).
Quant à déterminer où commence le péché, la ligne de démarcation semble, à vrai dire, fort difficile à tracer. Il est certain cependant qu'il peut y avoir péché mortel à lire dans un livre condamné [...] une seule page gravement répréhensible. S'il s'agit de passages assez inoffensifs, plusieurs théologiens pensent qu'on ne peut en lire plus de cinq ou six pages sans faute grave. Il semble légitime de se montrer aujourd'hui un peu plus large.
[Note] Ainsi l' "ami du clergé" juge probable que pour six pages inoffensives, l'on peut admettre la légèreté de la matière. [...] Noldin pense que là où manifestement le texte ne crée pas de graves dangers, il faudrait une partie notable du livre, soit environ trente grandes pages, pour atteindre la matière grave.
Mme Jane Dieulafoy, femme du célèbre explorateur, née en 1851. Elle a pris part aux travaux de son mari, en Perse, en Chaldée, en Susiane, et outre le récit de ses expéditions, elle a fait des romans semi-historiques : Frère Pelage ; Parysatis (reine des Perses, ses crimes et ses luxures) ; Volontaire (le monde bourgeois sous la Révolution, haro sur les Montagnards) ; et Déchéance (réquisitoire enflammé contre le divorce). Tout le monde peut lire de cet auteur sympathique aux idées chrétiennes : Aragon et Valence, excursions en Espagne ; A Suse, Journal des fouilles ; l'épouse parfaite (ouvrage de piété, traduit de l'espagnol).
Les romans qui distillent l'erreur, tarissent la vie morale dans sa source, et ils agissent avec une pénétration, une facilité et une efficacité qui ne laissent presque plus d'espoir de restauration. Nous sommes ainsi faits que la négation nous ébranle et que l'objection nous impressionne. Notre esprit est d'une sensibilité, d'une délicatesse extrême, et quand le doute l'a blessé, la plaie est lente à se refermer quelquefois inguérissable. L'expérience même démontre que les personnes du monde, habituellement trop peu pourvues d'instruction et de convictions politiques ou religieuses, sont, sans s'en rendre bien compte elles-mêmes, plus sensibles à des lectures irréligieuses, rationalistes ou voltairiennes qu'à des lectures obscènes. Un chrétien ou une chrétienne qui auront lu des romans frivoles et immoraux, reviendront assez facilement et intégralement à des habitudes plus sérieuses et plus conformes à la vertu ; mais s'il se sont adonnés à des lectures impies, la ruine morale est complète : il semble que les fondations mêmes de l'édifice ont été arrachées...
Jean-Hippolyte Michon, (1806-1881), prêtre, prédicateur, graphologue, directeur des petits séminaires de Thébaudières et de la Valette, vint à Paris en 1848 et se fit remarquer par son exaltation.
On n'apprit qu'après sa mort qu'il était l'auteur de romans irréligieux signés de L'abbé***.
Tous les ouvrages de Paul Adam sont d'une profonde originalité ; mais ils sont, dit M. Adolphe Brisson, copieux, encombrés de végétations parasites, désordonnés et fatigants jusqu'à congestionner le lecteur.
Ernest Hoffmann (1726-1822), magistrat allemand, chef d'orchestre et surtout écrivain.
C'est, dit-on, sous l'influence fantastique de l'alcool et des passions désordonnées, que son imagination enfanta ces contes étranges et délirants auxquels il doit sa célébrité. Quoi qu'il en soit, ils sont uniques en littérature.
Que faut-il en penser, au point de vue moral ? "La poésie d'Hoffmann, disait Henri Heine, est une maladie. Ces maladies-là sont contagieuses." C'est pourquoi la lecture d'Hoffmann ne saurait être recommandée ; elle provoqua chez Wagner adolescent des accès d'hallucination et de mysticisme morbide, et elle peut encore exercer sur les jeunes gens une action très dissolvante. Les amateurs de tératologie seront suffisamment édifiés en lisant Contes fantastiques ; Contes, récits et nouvelles (chez Garnier).
Gabriel Ferry (Louis de Bellemare, connu sous le nom de), littérateur et voyageur français, né en 1809, mort dans une expédition maritime en 1852. Fils d'un négociant, il passa sept ans au Mexique. Ses huit volumes : Costal l'indien ; Le coureur des bois ; La clairière du bois des Hogues ; Scènes de la vie sauvage ; Scènes de la vie militaire au Mexique ; Les exploits de Martin Robert ; Les aventures du capitaine Ruperto Castanos au Mexique ; Les étapes de Rameau ; etc., constituent une épopée du désert, attachante au plus haut point, que toutes les mères peuvent lire devant toutes leurs filles, avec la certitude d'intéresser les plus romanesques, d'être comprises des plus jeunes et de ne pas étonner outre mesure même les plus innocentes.
Ce travail ne s'adresse pas spécialement à des lettrés, mais à des consciences chrétiennes.
Des familles justement alarmées du dévergondage qui règne dans le roman contemporain, ont maintes fois demandé une liste d'ouvrages de ce genre pouvant être placé sans danger aux divers coins de la table de lecture.
Des esprits cultivés, désireux de se mettre au courant de la littérature par la lecture des livres en vogue, mais soucieux de sauvegarder la paix de leur conscience en observant les lois de la prudence chrétienne, ont formulé le vœu de voir s'établir un judicieux départ entre les romans à lire et les romans à proscrire.