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3.5/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1965
Biographie :

Adèle Nègre, née en 1965, vit en Franche-Comté.

Elle y écrit et y photographie.

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Bibliographie de Adèle Nègre   (2)Voir plus

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Adèle Nègre
Clarté des colzas



Sans intention ni finalité ils fleurissent
et je les suis
parce que le voulant
parce qu’aussi incertaine de mes fins
cette déraison conduit mon étude sur un chemin découvert
et muet – chemin blanc –
pourtant qui ne se tait pas – plutôt indéfini

sur ce chemin
un paysage par taches – des champs de colza : fluence qui
                                                                                                            éclaire
si près sur les remblais poussent des pierres et
fleurissent que nous voyons – euphorbes Petit-cyprès –
                                                                                              les petites
fusent – mais qui ne se départ pas d’un lointain
précis à l’horizon
une horde d’oiseaux incendie
à même la clarté
des colzas
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Adèle Nègre
Venue des roses



Venue des roses
assez roses
lourds pesants
d’ombres fortes et
ressuyées
qu’on ne quitte pas      secourables
et pour nos jeux
l’odeur poivrée du géranium et
de la julienne des dames

Des roses – toutes détourées – accomplies
dans la flexion
– l’arc tendu de désinence –
rouge foncé dans lesquelles se plie
tout l’espace disponible entre
les deux portes-fenêtres

Très lentement
respirant l’arc de cercle sur le mur jaune sûrement
                                                               il scande – rouge –
et s’ouvre – très convaincante convexité des courbes –
roses formant le lest
en dansant
encense
alentour
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Résolu par le feu
extrait 3
  
  
  
  
Pierres ébranlées souches rabattues
j’ai donné l’arbre à mes os
dans mes vertèbres choquées pousse son nom
la mémoire ligneuse de son frère obstiné
bien que tendre infiltre
les deux mains bègues que la scie a tenues ensemble
je les vois pendre
à la hache est entré le cri

où dois-je descendre à présent pour former
l’arbre l’entendre
à nouveau ventre ou cerveau
comme on entend un fleuve
prolonger tout l’être par un écrit
qui en suivrait les méandres

Tout ce que j’ai vu m’échappe et dire
que je l’ai voulu
reste quand même une forme
lumineuse place nette
la mémoire abîmée dans les paumes
tremblantes
lignes désœuvrées
et l’idée
lente dans le sang
un feu certain qui brûla qui brûle encore
des cendres
dans le sol altéré
les racines obsédantes remontant
audacieuses
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Adèle Nègre
Parce que la pensée discerne...



Parce que la pensée discerne ou incorpore
façonne les intervalles au même titre que les choses
                                                                           et les corps
compose avec, et en composant s’accorde de jouer ou
se permet le dissentiment avec les mots, d’un jour à
                                                        l’autre difficilement ajointé
à la nuit, comment, au nom des choses, je descelle des
                                                                                pierres et décèle
un poumon.
Son et sens naissent dans ces intervalles.
Je ne prétends pas avoir vu distinctement
j’entendis : trouve-moi, réelle, impossible à confondre
si
visible dans la voix
alors tu es réelle

J’assiste (de loin) à la parade nuptiale des deux merles
                                                                               sous le pommier
ils se poursuivent en sautillant
course en cercle bec ouvert
sur lequel le crépuscule est venu
s’appuyant sur leur chant :
tout le reste exclu
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Résolu par le feu
extrait 6
  
  
  
  
Sous la surface d’un jardin
je travaille
des veines courent orange
et or
roses éblouissantes
que je tire
chirurgicale
ortie chiendent
de grandes artères gonflées
j’arrange les vaisseaux d’une carte
que je lis
liant le souterrain et l’aérien



J’allume un feu et ferme la porte
je prends la rangée rouge des arbres
et l’affairement des oiseaux
un charme attend encore et un érable
je pense au chiendent
un mort étranger me rend visite
c’est suffisant pour rendre la nuit agréable


Ruine insigne
la ronce s’y était mise
au goût de mûre
et de gravats
le plâtre froid grossi
éclot au ventre des murs
le lierre franchit des ponts
invisibles
le sol s’enfonce
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Adèle Nègre
Traversée des courbes fluides



Traversée des courbes fluides
les croupes s’évasent
vaseuses au sommet lointain
des murs. Ossip
qui disait le printemps translucide !

Plus de pie mais la pluie.
Les minuscules points colorés – rouges – des
                                                                          heuchères
– désespérantes – s’agitent en bordure,
notre lisière de nuit
amenée doucement avec ces scories :
l’obscurité éraillée.
Toujours la même chose mais pensée autrement.
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Adèle Nègre
C’est un testament



C’est un testament – ça ne l’est pas – de testari
                                                            « prise à témoin »
l’alliance de la chose vue et de qui voit
de concert – un concert –
tous ensemble ils [y] travaillent
contre le temps

Un concert – oiseaux qui ne s’arrêtent pas
de l’aube au coucher –
le jaune fusible des champs
ou les coulées de terres grises – des hasts noirs
déferlent
horde en hâte – la précision d’une volée de flèches
sans cible –
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Résolu par le feu
extrait 4
  
  
  
  
Pas un amandier
à la bouche
la nuit venue
consent ce
jardin adverse tout aussi brun
des souches et
un feu certain
qui me devance et
la plaine révolue



Apparition de
sous le tilleul
la brouette abreuve
ce qui fait danse
concentriquement
où bras et branches sont
des rayons
consentis

les oiseaux pleuvent
un affairement insatiable
et bruyant

cet air pensif ?
ne consentir à rien
qu’à cette soif
qu’à cette danse


Collant à la phrase
comme la terre à la pierre
que j’extrais extraction je souffle
la poussière ce dépôt
de matière qui sauve
je parle avec le visage découvert
chacune des pierres porte les traits
sédimentaires
de son caractère
gestes précipitations
ce mouvement extrêmement lent qu’on nomme
assise
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Adèle Nègre
La clameur monte



La clameur monte avec la chaleur
le colza enivre le chemin monte
l’ivresse est vaine et sans objet il n’y a vraiment pas de quoi – quoi ? Tu parles seule ? – être gaie – tout ce jaune englue la lie est dans la tête – est une couleur complémentaire –
Tu parles ! Pédale plutôt !
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Résolu par le feu
extrait 2
  
  
  
  
Quelques degrés délient un peu l’espace entre les eaux
plus souples
une source différente le jeu entre les herbes ouvertes
l’humidité le souffle rendus sur les fenêtres des traces de pas enfin
sur le sol
et quoi ? L’oiseau de mars !

J’attends dehors près du brasier
ce point insuffisant de chaleur
je vois des oiseaux heurter le sol cogner à la pâleur
trop sonore
le merle d’hier est mort tourné sur le côté
bec pointé vers l’arbre son cou tors raidi déjà
il manque un cri
opposé noué à la gorge d’effroi
de l’oiseau gélif

alors tu allumes une lampe et j’entre
les portes se ferment mal jointées
sur la neige
aujourd’hui toute entière un théâtre livide
et le reste de vie
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