Froidement, j'écrasai le bouton de détente de mes quatres canons. Mes obus s'enfoncèrent dans le fuselage de l'Américain, montèrent vers la tourelle supérieure, fouillèrent son ventre. Soudain, la Forteresse se cabra, puis, dérapant sur l'aile, traînant un lourd panache de fumée, elle se mit en vrille pour s'abattre dans les vagues grises de la Mer du Nord. J'avais remporté une victoire facile, prévisible, conforme à mes propres instructions. Une vraie victoire de manuel du parfait pilote de chasse!
Un beau jour, cependant, une des alertes permit d’abattre, au-dessus du Rhin, un avion inconnu. On tira de l’eau un homme indemne, mais blême de rage: notre propre général de chasse divisionnaire. Il avait voulu se promener à bord d’un petit avion de tourisme que nos pilotes avaient pris pour un avion de reconnaissance ennemi!
En tout cas, Hitler ne laissa à Messerschmitt et à nous autres aucune possibilité de lui donner des explications et poursuivit :
"Depuis des années, je demande à la Lutwaffe le bombardier rapide qui atteindra de façon certaine son objectif malgré la chasse ennemie. Je vois en cet avion que vous me présentez maintenant comme un avion de chasse , le bombardier éclair, avec lequel je repousserai le débarquement dans sa première phase,celle ou il sera le plus vulnérable . Malgré l'ombrelle aérienne ennemie, il frappera dans les masses de matériel et de troupes qui auront tout juste été débarquées, répandant la panique,la mort et la destruction. Voici enfin le bombardier éclair. Naturellement, aucun d'entre vous n' a songé à cela."
Hitler avait raison. Effectivement,aucun d'entre nous n'avait songé à cela. Maintenant encore,nous n' y songions toujours pas.