PRES DE LA SOURCE
Dès que le crépuscule épand les reflets roses
Qui prolongent au ciel l'adieu de la lumière,
Deux nymphes, s'éveillant dans le sommeil des choses,
Cherchent dans les roseaux leurs places coutumières.
Le feuillage muet, s'écartant devant elles,
Bruit en retombant derrière leurs épaules;
Elles passent... Soudain, ployant leur taille frêle,
Elles s'étendent, lentement, au pied d'un saule.
Pour refléter leur forme harmonieuse et pure,
La source ne fait plus couler ses flots rapides;
Et l'eau qui murmurait arrête son murmure
Pour écouter leur voix lumineuse et fluide.
Puis, quand la nuit noircit sur la source argentée,
Les nymphes, chastement, se taisent et se voilent...
Mais leurs yeux entr'ouverts, près de l'eau pailletée.
Brillent presque mêlés aux reflets des étoiles.
LIBELLULE
Dans un rayon, l'aérienne libellule
S'agite sans bouger sur le ruisseau dormant.
Penche-toi: tu verras que de bleus diamants
Brûlent dans l'éventail de ses ailes de tulle...
Eté 1893
Dans un rayon, l'aérienne libellule
S'agite sans bouger sur le ruisseau dormant.
Penche-toi: tu verras que de bleus diamants
Brûlent dans l'éventail de ses ailes de tulle.
Il revenait alors, avec ardeur, à l'honnête Traité de Gatel. Il le trouvait encore plus mystérieux. Aussi, chaque dimanche, lorsque les amateurs côtois, au sortir de la grand'messe, jouaient chez le docteur quelque quatuor d'Ignace Pleyel, le jeune Berlioz n'en perdait pas une note...
Tout à coup, il crut voir comment il fallait faire! S'ingéniant, imitant, tâtonnant, il parvint à trouver des notes que six amateurs purent faire entendre en même temps sans trop d'aigre disconvenance : c'était un pot-pourri sur des thèmes italiens.
Fier de son succès, il se mit à composer un quintette pour flûte, deux violons, alto et violoncelle : ce fut un triomphe dans la société côtoise.
Le nom seul de Mozart, selon la manière dont chacun le dit, est comme une pierre de touche où peut être éprouvé le goût musical de chacun. Aimez-vous Mozart, le connaissez-vous, êtes-vous; habitué à vivre dans l'enchantement de sa musique ? Avez-vous laissé votre âme se purifier à la clarté de cette âme surnaturelle ?
Voilà les questions essentielles, primordiales, auxquelles il faudrait répondre avant de parler musique. Car enfin ce maître apporte une telle révélation de la beauté, qu'il faut bien convenir de ceci ; il y a les hommes que sa grâce a touchés, et il y a ceux qui sont encore dans les ténèbres.
Le goût de Beethoven pour la liberté, son respect de la dignité humaine, sont bien de la race fière qu'aucun pouvoir n'a jamais pu asservir ni caporaliser. Nulle âme, plus que la sienne, n'aurait vomi la Kultur, c'est-à-dire la pédante et criminelle barbarie qui fut inventée plus tard par la Prusse, et acceptée par l'Allemagne ivre de pangermanisme.
Flamand par son origine, le génie de Beethoven fut d'une telle ampleur, d'une telle magnanime pureté, qu'il appartient à l'humanité tout entière. L'art ne fut pas pour lui un simple divertissement. Beethoven fit servir la musique à l'expression des sentiments les plus profonds : il fut une des voix du mystère que nous sommes tous. Ce grand créateur fut un des inspirés qui révèlent à l'âme humaine la noblesse où elle peut s'élever; il fut un des initiateurs que Victor Hugo caractérisait profondément ;
Ceux qui font reculer plus loin dans l'infini
Le point sombre où l'homme commence,
Monsigny, l'auteur du Déserteur, est généralement tenu pour l'un des créateurs du genre « opéra-comique ». Cette idée est exacte, mais il faut la préciser.
Qu'est-ce qu'un opéra-comique? Une définition, qui se présente presque d'elle-même, consiste à répondre : c'est une comédie où les mêmes acteurs
chantent et parlent tour à tour. Cette simple phrase, qui semble bien innocente, contient en germe toute une longue guerre. Une guerre peu sanglante, heureusement, mais qui dura plus d'un siècle.
Depuis plus d'un siècle, le nom de Mozart est entouré d'une gloire radieuse. Mais son oeuvre est négligée, méconnue, même des musiciens professionnels et des dilettantes. A part quelque vingt compositions, rejouées sans cesse et dont on s'habitue peu à peu à ne plus sentir toute la beauté, l'oeuvre immense du plus pur et du plus fécond des maîtres est reléguée dans le plus injuste dos oublis.
— " Méhul est un belge ", déclaraient près de moi, des amateurs qui sortaient du concert. Mais ils ne savaient pas l'histoire de la musique mieux que la géographie. Méhul, ainsi que Berlioz et Saint-Saëns l'ont écrit, est un des musiciens qui font grand honneur à l'Ecole française. Bien plus, il est Français, car il est né à Givet, c'est-à-dire dans le département des Ardennes.