How to Get a Book Deal | Aimee Molloy
Je ne serais pas, me suis-je promis, comme toutes ces mères.
Qui n'arrête pas de lire des livres. Je ne serai pas du genre à m'inquiéter de la présence de phtalates dans mon shampoing ou de pesticides dans ma crème. Ou encore de bisphénol A dans le Tupperware du chinois où j'achète à emporter. Jamais, je ne parlerai hyper fort à mon gamin en faisant la queue à l'épicerie dans l'espoir que tout le monde entende et se rende compte à quel point je suis compréhensive, combien nous sommes proches ; comme si élever un gosse était une putain de performance théâtrale.
La caissière m'a dit qu'elle avait seulement quatre semaines de congé maternité après l'accouchement.
Et sans salaire, évidemment.
(...)
- J'ai une copine qui vit à Copenhague, intervient Gemma. Elle a dix- huit mois de congé maternité après la naissance de son fils. Payés.
- Au Canada, renchérit Colette, ils doivent garder le poste d'une femme pendant un an. En fait, les Etats-Unis sont le seul pays avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée à ne pas avoir de congé maternité rémunéré. Les Etats-Unis. Le pays des valeurs familiales.
(...)
- Ecoutez-ça, s'exclame Yuko, lisant à voix haute l'écran de son téléphone. Finlande : dix-sept semaines de congé maternel rémunéré. Australie : dix- huit semaines. Japon : quatorze semaines. Amérique : zéro semaine.
- Bon. Ne le prends pas mal, mais puisque tu insistes...le problème, c'est que les hommes sont chiants.
Il avait ri.
- Mais encore ?
- C'est une norme culturelle, tout simplement. Nous élevons nos fils dans la croyance qu'ils doivent réprimer leurs émotions. ça rend peut-être les garçons plus faciles à gérer que les filles, mais ça ne donne certainement pas des hommes intéressants. Pas sur le long terme, en tout cas. Six mois maximum, c'est mon seuil de tolérance.
( p 212)
Pas étonnant que j'ai commencé à les détester. Franchement, qui peut endurer un tel niveau de certitude ? Encaisser sans broncher des opinions aussi tranchées ?
- Qu'est-ce qui vous a pris d'épouser un homme que vous connaissiez depuis [si peu de temps] ?
- (...) Je me suis mariée avec lui parce qu’il est intelligent et drôle et que, contrairement à la majorité des hommes, il est capable d’éprouver des émotions complexes.
C'est ça le problème avec ceux des campagnes. Ils fourrent leur nez partout.
Je n'ai jamais aimé ce terme. Maman. C'est tellement chargé, tellement politique. Nous n'étions pas des mamans. Nous étions des mères. Des personnes.
Historiquement, les femmes ont toujours dépendu d'un cercle de femmes pour les aider à accoucher. Evidemment, elles ne s'inscrivaient pas pour entrer dans ce cercle. Il se constituait naturellement. C'étaient leurs mères, leurs tantes, leurs soeurs. C'est encore comme ça que les choses se déroulaient dans les pays émergents.
- Ouais, je sais comment c'est.
Elle sourit. Non, il n'en a aucune idée. Il a quarante- quatre ans et il est célibataire, même s'il sort paraît-il avec l'une des assistantes de Wedded Life, le magazine du groupe spécialisé sur le mariage. Il ne sait pas du tout ce que cela fait de laisser un bébé, encore nourrisson, à la crèche neuf heures par jour.
Les mères de mai, mon groupe de mamans. Je n’ai jamais aimé ce terme. Maman. C’est tellement chargé, tellement politique. Nous n’étions pas des mamans. Nous étions des mères. Des personnes. Des femmes ayant, par hasard, ovulé à la même période et ayant en conséquence accouché à le même mois.