Kiyoshi n’avait pratiquement aucun souvenir de sa mère et se rappelait assez nettement son père. Mais là aussi, son souvenir était assez éloigné de l’idée que l’on se fait généralement d’un père, il ne lui restait rien d’autre que l’impression d’un homme faible. Son père, qui avait les sourcils très broussailleux, laissait même en été sa grand-mère lui entourer le cou d’un bandage blanc et, affalé dans un fauteuil en rotin sur la galerie, passait ses journées à ne rien faire. Il avait toujours l’air absent, mais quand il souriait, d’innombrables rides couraient sur sa peau tandis que ses dents blanches apparaissaient, ce qui lui faisait un visage desséché de vieillard.