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Citation de Osmanthe


Je suis entré sous une tente située un peu à l'écart et me suis aussitôt enroulé dans ma couverture. J'étais épuisé par une marche de cinq jours en montagne, et la fatigue remontait des profondeurs de mon corps.
J'ai fermé légèrement les yeux. De rudes ronflements résonnaient déjà autour de moi.
Alors, soudain, une voix très claire a jailli au creux de mon oreille :
"Puissiez-vous vivre des jours paisibles..."
J'ai brusquement rouvert les yeux. Aussitôt la pièce environnée de murs blancs, lumineuse dans les rayons du soleil, réapparut avec fraîcheur en mon coeur.
Se découpant sur l'éblouissante fenêtre vitrée, derrière un grand bureau, un homme maigre et pâle était calé sur son siège. Sa voix de directeur qui s'échappait de ses lèvres gercées se voulait cérémonieuse. Et je ne pouvais qu'en ressentir le vide administratif, dans la mesure où il adressait habituellement ces mots à tous ceux qui sortaient de prison.
Puissiez-vous vivre des jours paisibles...
J'avais l'impression de regarder autour de moi. Et je me rappelais aussi la peau mince et fendillée des lèvres du directeur dans le halo blanc du soleil qui entrait par la fenêtre. Le murmure du torrent qui me parvenait au milieu du profond silence avait-il réveillé en moi ces paroles complètement oubliées ?
Sous la tente, une lampe-tempête était allumée, de sous laquelle provenait le claquement des cartes hanafuda. La fatigue n'avait-elle donc aucune prise sur eux ? Les yeux injectés de sang des ouvriers assis en rond fixaient un point sous la lampe.
J'eus un sourire amer. Les paroles du directeur de la prison me paraissaient creuses et même comiques. Des jours paisibles, ça n'avait vraiment rien à voir avec moi.
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