"Je ne tiendrai pas. Mon dos en bouillie, mes mains blessées truffées de crampes, je résiste comme je peux. L'odeur de graisse m'écoeure. La poussière noire du ballast me gifle. Mes muscles souffrent. J'ai peur de ne pas pouvoir tenir... Le bruit sourd creuse mes tympans, visite mon crâne. Trois heures, seulement trois heures que je suis cramponné, enlacé à la ferraille meurtrière..." Accusé à tort et recherché, le jeune Youri Serkovitch fuit Moscou, caché sous un wagon. Un long périple peuplé de dangers commence. A bord du célèbre Transsibérien traversant l'Oural puis les forêts de bouleaux et les steppes, le voyage de l'adolescent se complique. Autour de lui, les voyageurs, les agents du chemin de fer russe, une jeune ouvrière... chacun se détermine et choisit ce qu'il doit faire. Tous comprennent que les chasseurs n'abandonnent jamais.
Au kilomètre 2 002 depuis Moscou, l'immense Sibérie enveloppe le chemin de fer et tous ceux qui se sont abandonnés dans ses flancs.
( p 40)
Quand j'ai commencé à écrire, j'ai lu de nombreux manuels de ce type et chaque fois je me sentais frustré : ils me semblaient trop simples ou bien j'étais en désaccord avec ce que je lisais. En fait, je ne les ai pas compris avant de me mettre à écrire ; à ce moment-là, tous les conseils ont commencé à prendre leur sens.
Seulement, c'et pratique de me cacher derrière une sorte d'alibi, une bonne conscience, une dérobade facile , pour éviter le moindre affrontement avec la Dicteuse des lois à suivre à la lettre.
Ma mère.