Si l'amour se murmure
au jardin de ton coeur
tu seras fleur et fruit
arbre vivant
fête des sources
Si l'amour se flétrit
au désert de ton coeur
tu seras paille au vent
branche de mort
néant glacé
Lumière
ou nuit
Ton amour
te dit
Mes appels
mes détresses
mes râles
mes angoisses
mes gerbes noires
C'est tout pour Toi
Mes vides
mes absences
mes déroutes
mes écarts
mes mots évanouis
C'est tout en Toi
Ma joie
mon blé
mon vin de feu
mon feu sans fin
mon seul
C'est Toi
(Vers Toi, Psaume 4)
Sans fin je Te cherche
mon Dieu d'eau vive
mon seul d'aube et de vent
Lorsqu'à chaque matin du coeur
un désir nu un sel
creuse sa ravine
et qu'un soleil flambe
dans l'arbre du corps
laissant la soif de Toi
comme compagne
Sans fin je Te cherche
mon Dieu d'eau vive
mon seul d'aube et de vent
Lorsqu'à l'ombre des voûtes
dans le recueillement des cryptes
l'esprit Te voit sans voir
et que l'or au vitrail
a des tendresses d'enfant
pour dire et taire
Ton silence
Sans fin je Te cherche
mon Dieu d'eau vive
mon seul d'aube et de vent
(...)
Homme
bourreau de l'homme
Le soc aveugle
de ta haine
trace des fleurs de sang
sur l'échine des pauvres
ton joug de fer
les broie
Que ta moelle pourrisse
que ton nom soit rayé
de toute mémoire
Que ta face noircisse
comme le chaume au toit
brûlé aux forges du vent d'est
Ta main se ferme
sur le rien
comme un lieur de gerbes
en temps de moisson maigre
homme passant maudit
en terre nulle
Homme
désert de l'homme
Quand Dieu rend libre
La vie reprend
Comme un rêve impossible
Une cascade inespérée
De rires fous
Quand Dieu rend libre
La joie surgit
Comme un torrent
Geyser imprévisible
En désert d'âme
Quand Dieu rend libre
La peine va semant
Et les larmes
Et l'effroi
Dans le linceul du vent
Quand Dieu rend libre
Le chant va moissonnant
Et la danse
Et la joie
Pour les greniers du vent.
(Chant du retour, Psaume 126)
Dieu de l'univers
au centre de tout
au-delà de tout
Ton nom pour l'homme n'est qu'amour
Le sourire des étoiles
et le babil des enfants
la profondeur du ciel
et l'immobilité de marbre
de la lune quand elle veille
dans la tendresse de la nuit
tout est Ton nom rien ne Te nomme
et ce nom genèse de l'homme
n'est qu'amour
(Au-dela de tout, psaume 8)
Portes d'éternité
ouvrez-vous
au-dedans de l'homme
et qu'Il y creuse sa demeure
l'Invisible.
(Portes éternelles, Psaume 24)
Néant de l'Or
Fou qui achètes de l’or
et vends de l’homme
qui soudoies corromps
dévores
tu achètes le vent
Fou qui entasses de l’or
emplis des coffres
des banques des palais
des tombeaux
tu entasses le vent
Fou qui bâtis sur ton or
des forteresses
des châteaux
un confort de béton
tu bâtis sur le vent
Fou qui es sûr de ton or
de ses feux
de son théâtre
de sa fête magique
tu te confies au vent
Fou qui te soumets à l’or
à sa fille la guerre
à sa honte le sang
le luxe
tu t’asservis au vent
Fou qui épouses ton or
et maries la mort
l’enfer le rien
l’ombre
tu épouses le vent
Curieusement, le poème est "oeuvre", de "poiema" en grec et relève du "faire" (poiein). Et de son côté, la liturgie est "travail" (ergon), plus précisément "travail du peuple" (leitourgia). Quiconque, donc, réécrit un psaume aujourd'hui, fait oeuvre liturgique, s'appuyant sur la tradition priante dont il a hérité, se laissant inspirer par tous ces autres qui ont prié le texte biblique avant lui.
(Dans la préface de Lytta Basset).
Mon libre épervier
mon gîte de tendresse
...
Ma haute plaine
mon étoile de guet
...
Ma maison de feu
mon grenier de vent
Tu habilles tous mes détours
de sourires d'anges
...
Mon nom futur
mon silence de neige
Tu m'éveilles à la joie
...
Sous l'aile de l'ombre
dans le berceau de la nuit
veilleur trois fois saint
Tu me recueilles