AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de art-bsurde


C'était une de ces journées d'avril couvertes et sereines, comme en gestation de quelque idée colossale, qui me suggérait, tandis que je passais d'une perspective à une autre, que ceci n'était qu'un marasme passager, jusqu'à ce qu'autre chose se présente. Peut-être l'été, simplement, la promesse de la chaleur, de la vie au-dehors, de pouvoir boire en plein air. Les arbres bourgeonnaient, et cette logique paradoxale était à l’œuvre par laquelle le parc, juste au moment où il se fait chaud, populaire, se referme sur lui-même à l'écart des immeubles et de la circulation, dans l'ombre dense de son feuillage. Mais je ressentais également la menace de quelque prise de conscience concernant la vie, quelque chose de vaguement déplaisant, et peut-être mérité.
Quoique ne croyant pas à ce genre de choses, j'étais un parfait Gémeaux, enfant du début d'été dans toute son ambiguïté, tiraillé entre deux versions de soi, l'une hédoniste et l'autre – légèrement à l'arrière-plan ces derniers temps – presque férue d'érudition, avec une imperceptible crispation de puritanisme au coin des lèvres. Il existait aussi une dichotomie plus profonde, des versions divergentes – l'une étant le « récit de moi-même », les éternels petits circuits sexuels dans les boîtes et les pubs et les toilettes publiques, la répétition compulsive, obsessionnelle de ces mois de vide ; l'autre étant le « roman de moi-même », qui sublimait toutes ses futilités en les revêtant d'une aura protectrice, comme si depuis mon premiers souffle mon existence avait été bénie, de sorte que j'étais tout à la fois dans le monde et au-delà de son pouvoir, tel ce personnage de pantomime décrit par Wordsworth qui porte le mot « Invisible » inscrit sur sa poitrine.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}