La journée avait été éprouvante et Pelmen n'avait qu'une hâte, contenter son estomac pour s'étendre de tout son long le plus tôt possible. Lorsqu'au terme du repas Laneth lui fit un discret signe de tête, il fit celui qui n'avait rien remarqué et gagna en grimaçant l'endroit où il avait posé ses affaires – ses membres étaient si courbatus que le simple fait de les remuer exigeait des efforts considérables. Il se laissa tomber comme une masse. Paradoxalement, le sommeil tarda à venir, ce qui eut le don de l'agacer. N'avait-il pas mérité le repos après une telle journée ? Quand enfin il parvint à oublier ses douleurs et glissa dans l'abandon, quelqu'un s'évertua à lui secouer l'épaule.
« Hé ! » fit-il en clignant des yeux.
Les étoiles brillaient dans le firmament ténébreux – plusieurs heures devaient s'être écoulées – environnant la figure d'une jeune fille. Bien qu'encore désorienté, il reconnut Laneth.
« Que fais-tu ici ?
– Comment ça ? Je viens te chercher bien sûr ! C'est ce qui était convenu, non ? »
Pelmen produisit un son qui tenait à la fois du bâillement et du gémissement. « Je ne me rappelle pas t'avoir demandé de me réveiller au beau milieu de la nuit.
– Ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Je devais t'apprendre l'art de la lutte, tu te souviens?
– Maintenant ?
– Le plus tôt sera le mieux pour toi. Le trajet ne sera pas si long.
– C'est Xuven qui t'envoie ? grommela-t-il.
– Non. »
Pelmen l'examina en ayant conscience que non loin, Ielun venait de remuer dans son sommeil. Il poussa un soupir et se leva, davantage parce qu'il ne souhaitait pas réveiller ses compagnons que pour toute autre raison.
Elle le conduisit à une centaine de coudées de là, à proximité de plantes odoriférantes. « Comment allons-nous faire ? marmonna-t-il en réfrénant un nouveau bâillement. C'est à peine si je t'aperçois.
– Justement, l'exercice est excellent. Tu vas devoir te fier à tes sensations. Laisse ton corps trouver ses points d'équilibre. »
Ils conservèrent la mémoires des chefs du Nord et leur savoir, mais une seule émotion survécut en eux : la conscience de l'avilissement de leur âme, de leur souffrance perpétuelle et de leur impuissance à améliorer leur sort.
D'aucuns estiment que la satisfaction est imbécile, là où l'inquiétude est intelligente. Que la fierté, qui dérive de la satisfaction, procède de la même stupidité. Le contentement empêcherait d'avancer, nous affirme-t-on. (extrait de l'introduction par l'auteur)
Les nouvelles présentées:
Par ordre d’apparition :
- Confrontation
- Entre deux Feux
- La Chasse
- Le Plasmode
- Les Explorateurs
- Marinopolis
- Désastre
- Source de Jouvence
Le monde changea alors, à tel point que les êtres de pierre établirent un nouveau calendrier à partir du Jour de la Grande Déchirure.
La liberté absolue n'était qu'une vue de l'esprit, songeait-il en regardant les images sans les voir. Marcher sur les pistes éblouissantes, oui, mais le ventre creux, les reins meurtris par les nuits à la dure, passant son temps à se demander s'il devrait voler quelque choses ou s'il arriverait à trouver un petit boulot pour remplir sa gamelle
Le sol s'éloigna tout à coup. Le corps de Vick s'était relevé, il le voyait bien, mais ne pouvait plus contrôler ses mouvements. Ce n'était pas encore le plus terrifiant. L'autre s'était adressé à lui. Il l'avait appelé "mon cher hôte". Tous les morts n'avaient pas conscience d'investir son corps dans des cas similaires. Souvent, Vick ne faisait qu'exploiter leur mémoire résiduelle, et ils restaient à l'extérieur. Parfois, une émission plus forte leur permettait de lui faire accomplir des mouvements involontaires. Il haïssait lorsqu'ils prenaient tout à fait le contrôle.