Le groupe des Nabis, réuni par Paul Sérusier, comptait certains membres de l’Académie Julian. Ceux-ci, refusant de s’assimiler à l’impressionnisme, revendiquaient l’influence certaine de Gauguin. Leur nom dérivé de l’hébreu nebiim, dont la signification est « prophète » ou « voyant », symbolise la volonté de retrouver le caractère sacré de l’écriture. Ils sont influencés par l’art japonais, notamment les gravures sur bois, l’art populaire et primitif, ainsi que la peinture symboliste de Puvis de Chavannes.
Il y a encore une raison à cette réserve du public envers Bonnard : sa vie n’eut rien d’extraordinaire, aucun événement sensationnel ne vint la perturber. On ne peut pas la comparer avec celle que connurent Van Gogh, Gauguin, Toulouse-Lautrec. Il n’y avait pas de quoi faire une légende. L’opinion publique, qui sait porter au pinacle ceux qu’hier encore elle ignorait ou haïssait, a tant besoin de légendes ! Il suffit de gommer certains traits, d’oublier certains détails délicats, les légendes aiment la simplicité.