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Critiques de Albert Naud (5)
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Pourquoi je n'ai pas défendu Pierre Laval

Albert Naud (1904-1977) ne pouvait être taxé de sympathies nazies. Mobilisé en 1939, blessé deux fois, entré tôt dans la Résistance, combattant pour la libération de Paris, rien n'aurait dû l'amener à côtoyer Pierre Laval. Rien, sauf sa profession d'avocat.



A l'été 1945, il a été commis d'office, avec Jacques Baraduc, pour assurer la défense de l'ancien chef de gouvernement de Vichy.

Dans un premier temps, les assurances données par les magistrats instructeurs avaient permis d'imaginer que l'affaire serait longuement et soigneusement étudiée ; vingt-cinq séances d'interrogatoire étaient prévues, les pièces – très nombreux documents - versées au dossier, seraient mises à disposition des avocats ; ils auraient le temps de rechercher des témoins, y compris à l'étranger, et de constituer les listes de ceux à faire citer au procès, etc...



Et puis, alors que le cinquième interrogatoire était à peine achevé, Pierre Laval et ses avocats ont appris, par la presse, à la mi-septembre, que l'instruction était close et que l'audience de jugement se tiendrait à partir du 4 octobre.



Dès la veille de l'audience, avec le tirage au sort des jurés, le ton est donné. le président laisse entendre que le procès devra être arrivé à son terme avant les élections constituantes fixées au 21 octobre.

La demande présentée, afin de complément d'information et de renvoi de l'affaire à une audience ultérieure, est refusée et les avocats de Laval, constatant que leur mission de défense est impossible, renoncent à l'assurer.



D'une nouvelle commission d'office des avocats en nouveau refus des magistrats d'ajourner le procès et de compléter l'instruction, le retrait des avocats se confirme.



La seule audience qui a pu se tenir en présence de Laval et des avocats, s'est déroulée dans un climat exécrable ; Laval était verbeux et intarissable ; le président et le procureur avaient visiblement déjà établi leur conviction et écoutaient ou interrogeaient l'accusé avec un mépris, une haine, évidents ; les jurés (députés et résistants) insultaient Laval et certains réclamaient pour lui, en hurlant, « douze balles dans la peau » sans que personne ne leur rappelle la réserve et la dignité auxquelles leur statut les obligeait.



Laval lui-même renonce à assister aux débats.



A lieu alors une scène sidérante : le garde des sceaux – ce devait être Pierre-Henri Teitgen – convoque les trois avocats de Laval, leur dit clairement ce qu'il pense et du président de la Haute Cour et du Procureur Mornet, tout en regrettant de ne pouvoir intervenir directement. Mais il assure aux défenseurs de Laval que, s'ils retournent devant la Haute Cour, aux côtés de leur client, lui, garde des sceaux, saura imposer que l'instruction aille à son terme, avec communication de toutes les pièces du dossier, et tenue du procès pendant aussi longtemps que nécessaire... Si cette entrevue a eu lieu - et quelles seraient les raisons d'en douter – elle est d'anthologie !



La proposition du garde des sceaux reste sans suite, le procès s'achève hors la présence de Laval et de ses défenseurs. le 9 octobre, Laval est condamné à mort. Il est fusillé le 15, après avoir été ranimé et soigné d'une tentative d'empoisonnement.



Le procès de Pierre Laval reste inscrit dans l'histoire comme un échec, un naufrage. Pierre Laval n'aurait sans doute pas sauvé sa tête dans le cadre de poursuites exemplaires, mais la Justice s'en serait trouvée grandie.



Albert Naud a été le patron d'Henri Leclerc pendant dix ans. Il faut entendre* celui-ci évoquer, d'abord, ses souvenirs d'enfant : alors qu'il avait 11 ans, la colère de son père constatant la faillite du procès de Pierre Laval, alors que pourtant il avait manifesté souvent sa détestation du personnage pendant l'Occupation. le tout jeune Henri Leclerc recevait de son père la notion fondamentale de la justice : tout accusé a droit à une défense digne et complète.

Ensuite, ses échanges avec Albert Naud qui n'a cessé de se demander s'il n'avait pas eu tort de refuser d'assurer la défense de Pierre Laval. Si en restant à ses côtés, en plaidant pour lui, il aurait pu le sauver. Parce qu'un avocat, un avocat digne de ce nom, quel que fût son client, ne pouvait se résigner à une peine de mort.



* https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/memoire-vive/henri-leclerc-je-me-souviens-du-proces-de-laval_1759625.html



PS : merci à @Valérie78120 qui a partagé ce lien de l'interview d'Henri Leclerc, et m'a permis ainsi de la découvrir.









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Les défendre tous

Sûrement un très grand avocat, sûrement un égo énorme comme tous les pénalistes mais pour moi avant toute chose, un très grand humaniste capable de défendre ceux qu'il a combattus, un homme pour qui le droit a être défendu n'est pas qu'un article, un homme las de voir mourir qui combattra de toute ses forces la peine capitale, ce non-sens absolu.

La ferveur de ses lignes, la fièvre qui l'habite sont autant de chaleur. Un seul regret, il n'aura pas vu l'aboutissement de sa quête pour la vie.

Rien qu'un veritable être humain
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Pourquoi je n'ai pas défendu Pierre Laval

Ce qu'en dit Henri Leclerc, qui fut le collaborateur d'Albert Naud, sur Radio France, en lien ci-dessous.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..
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Les défendre tous

Intéressant mais style très pompeux.
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Les défendre tous

Très bon livre
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