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4.39/5 (sur 9 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1904
Mort(e) le : 20/02/1977
Biographie :

Maître Albert Naud était un grand avocat d'assises.
Il a commencé sa carrière d'avocat en 1931, est entré dans la Résistance, et participe aux combats de la libération de Paris.
Il a refusé de défendre Laval, a défendu L. F Céline.
Il a plaidé dans de grands procès : Ben Barka, Lucien Léger, Gabrielle Russier. Il a consacré la fin de sa vie au combat pour l'abolition de la peine de mort.

Source : http://avocat-a-laval.blogspot.fr/2008/01/albert-naud-notice-biographique
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Albert Naud, avocat
Jacques CHANCEL s'entretient avec Albert NAUD, avocat : - Son livre "Les défendre tous". - Vérité et justice. - Sa vocation de défenseur. - Souvenirs sur BUFFET, LAVAL et autres condamnés à mort qu'il a défendu. - Les procès d'assises et les procès d'affaires. - Comment il est devenu avocat. - La conception de son rôle.

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
D’un seul jet, tout à trac, il jeta sa défense en pâture aux jurés et aux journalistes. Ce fut un travail prodigieux. Les yeux lavaliens, inoubliables, mesurèrent la salle, le public, les juges, avec angoisse d’abord, avec assurance bientôt, avec une familiarité bonhomme pour finir. Tout à tour pathétique, drôle, émouvant, finaud, s’aidant de la voix qui n’était pas sans beauté, s’aidant de ses mains merveilleuses pour affirmer, réfuter, blâmer, convaincre, Laval, témoin d’un jour, réussissait à l’issue de l’audience une entreprise de séduction, qui devait lui fausser son optique d’accusé et contribuer à le perdre quelques semaines plus tard.

(Laval, témoignant au procès de Pétain. Eté 1945)
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M. le Procureur général Mornet est lancé. Il a entrepris son réquisitoire. Non seulement il estime l’instruction inutile, mais il se demande ce que font là tous ces jurés. Pourquoi des débats judiciaires ? Pourquoi une Haute Cour ? Que signifie toute cette mise en scène ? L’œil en feu, le pectoral aussi gonflé qu’il se peut, il lance ses périodes accusatrices, il se croit déjà à l’instant qui précède le verdict. Que n’a-t-on amené dans la salle le peloton pour en finir !
Laval indigné, hors de lui, se précipite, m’ont dit des témoins, jusqu’au pied du bureau des magistrats.
« Mais vous étiez tous aux ordres du gouvernement à cette époque, vous tous qui me jugez, magistrats, et vous, Monsieur le Procureur général... »

(Suite à la demande des avocats de Laval, de reprendre l’instruction du dossier, avortée, interrompue bien avant son terme prévu, et donc de repousser l’audience de jugement, ouverte ce jour-là)
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Et puis, il faut bien le reconnaître, Laval réalisait contre lui l’unanimité de l’opinion publique.
(...) De son côté, la bourgeoisie qui avait versé en silence et bien clandestinement, des larmes d’amour et de pitié sur les malheurs du vieux Maréchal, n’éprouvait aucun élan lorsqu’il s’agissait de Laval. L’allure un peu gouape de notre client, ce mégot éternel qui charbonnait à sa lèvre, cette peau noiraude aux reflets jaunâtres de Mongol, ce cheveu gras et indiscipliné, toute cette vulgarité de grand seigneur bohémien que dégageait sa personne, tout un passé réputé trouble et plein de compromissions, de marchandages et d’habiletés, faisaient que Laval ne pouvait pas être l’homme de la bourgeoisie.
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- Pierre Laval. – (...) si nous avons connu la guerre, on pouvait l’éviter, empêcher Hitler de nuire. Il ne fallait pas se lancer dans la guerre dans les conditions où on l’a faite ; nous n’avions rien, pas un seul avion moderne de bombardement. Il ne fallait pas commencer la guerre après l’accord de Moscou. Il ne fallait pas faire la guerre pour la Pologne quand on avait refusé de la faire pour l’Autriche, et quand on avait laissé mettre la main sur la Tchécoslovaquie. Il fallait faire autre chose.
(...)
J’ai comme une vague idée et je veux l’exprimer en public...
- M. le Premier Président. – Exprimez-la
- Pierre Laval. – Que c’est peut-être cette instruction sur les origines de la guerre qu’on ne veut pas, et que la brusquerie qu’on apporte à clore l’instruction, à clore ces débats, à me ligoter vite, c’est pour m’empêcher de parler.
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C’est Franco qui a livré Laval. Il n’a peut-être pas pu refuser de donner ce gage à ses adversaires.
A partir du moment où les Alliés admettaient de traiter comme criminels de droit commun les hommes politiques français qui avaient accepté, préconisé ou pratiqué la collaboration, il fallait évidemment que Franco prît à l’égard de Laval une position de principe.
(...)
En tout cas le fait est constant que certains pays étrangers reconnurent, pendant l’occupation de la France, le gouvernement de Vichy comme le seul légal et n’éprouvèrent, pour autant, aucun embarras, après notre libération, à traiter en criminels de droit commun les membres épars de ce même gouvernement que la France réclamait pour les fusiller.
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Maître, la Justice, ou plus exactement la Haute Cour, est ce qu’elle est, me fit observer le garde des sceaux désabusé, je n’y puis rien changer. C’est une juridiction politique, alors... (et il leva les yeux et les bras vers le ciel comme pour prendre Dieu à témoin de l’imperfection des choses humaines).
Je profitais de ce geste muet pour exprimer notre doléance.
- Monsieur le garde des sceaux, nous entendons bien que vous ne pouvez pas supprimer la Haute Cour et nous donner en échange une autre juridiction. C’est, du reste, bien regrettable. Peut-être pourriez-vous, au moins, exiger de son président qu’il fasse son métier, et de son procureur général qu’il ne mente pas. Le président a toléré de la part de ses jurés les plus basses insultes et les pires menaces à l’égard de notre client. Quant au procureur général, il crie à tue-tête que nous avons eu communication du dossier alors qu’il sait bien que c’est inexact.
- Messieurs, repris le ministre, M. Mongibeaux lui aussi est ce qu’il est. Je ne peux pas le changer. J’ai demandé à sept magistrats de présider la Haute Cour, sept ont refusé. M. Mongibeaux seul a accepté, sans doute parce qu’on lui a donné la première présidence de la Cour de Cassation. Quant au procureur général, il m’en fallait un qui n’ait pas prêté serment à Vichy. J’ai vainement cherché, je n’ai trouvé que M. Mornet, et encore son cas est-il douteux...
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(Laval a la parole)

Mais il y a une chose beaucoup plus invraisemblable. Comment se fait-il qu’on attende le mois d’octobre 1945 pour élever une protestation contre les conditions dans lesquelles a été obtenu le vote de l’Assemblée nationale*. Comme c’était plus clair de le faire au moment de l’Assemblée nationale !
(...)
Mais M. Jeanneney n’a rien dit, mais M. Herriot n’a rien dit ; celui-ci a parlé du Massilia, tandis que M. Jeanneney a parlé du quorum. Aucun n’a dit qu’on étranglait la République. Aucun n’a élevé la moindre protestation et n’a formulé la moindre réserve.

*Vote du 10 juillet 1940 qui a donné les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
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Pourquoi ne pas essayer de faire vraiment un grand procès ? Un pays comme le nôtre, qui a retrouvé son équilibre et sa force, qui a retrouvé ses institutions, qui a retrouvé – ou qui le retrouve plutôt, très doucement – le goût de la liberté, a bien, je pense, le droit de faire un grand procès à sa taille.
Pourquoi toujours recevoir des leçons d’ailleurs ? Nos yeux de Français se portent trop souvent, depuis quelques temps, au-delà de la Manche et de l’Atlantique, pour admirer comment fonctionnent la vraie liberté et la vraie justice. Je voudrais, pour la fierté de mon pays, n’avoir qu’à porter les yeux chez moi, dans mon pays que j’aime, pour y voir fonctionner la justice comme j’aime.

(Albert Naud)
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« M. le Premier Président - Mais je tiens cependant à ce que vous ne sortiez pas du cadre de votre affaire. Vous êtes l’objet de deux accusations...
Pierre Laval – Je demande deux choses : complément d’information, une remise...
M. le Premier Président - Est-ce que vous me laisserez parler ?
Pierre Laval – Evidemment, je n’ai pas le moyen de vous en empêcher.
M. le Premier Président - Je vous ai déjà adressé deux avertissements. Voulez-vous qu’au lieu de vous en faire un troisième, je vous fasse expulser ?
Je vous dis que si vous n’avez pas d’avocat ce n’est pas de notre faute.
(Laval, furieux, m’a-t-on dit, jeta avec violence sa serviette sur son pupitre et s’écria :
- Condamnez-moi tout de suite, ce sera plus clair !)
M. le Premier Président - Gardes, emmenez l’accusé.
Cette décision provoqua des remous dans la salle. Un jeune homme cria : « vive Laval ! »
« Arrêtez-le ! » ordonna un juré.
M. le Premier Président - Arrêtez immédiatement le perturbateur et conduisez-le au dépôt.
M. Prot (juré) – C’est la cinquième colonne, la clique.
Un autre juré – Il mérite, comme Laval, douze balles dans la peau.
M. le Premier Président - Demain, monsieur l’huissier, vous appellerez le premier témoin. Je ne poursuivrai pas un interrogatoire dans ces conditions et l’audience se poursuivra en l’absence de l’accusé. »

Douze balles dans la peau ! L’arrêt était, en somme, rendu.
Comme l’avait annoncé le président, les débats pouvaient en effet, se poursuivre en l’absence de l’accusé. Il suffirait qu’il fût là le jour de son exécution.
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"Laval est pacifiste jusqu'à la lâcheté, c'est ce qui explique son crime."
Cette dernière phrase me frappe encore aujourd'hui, elle définit le vrai Laval. Un jour, il est allé jusqu'au tréfonds de sa pensée, et j'ai été douloureusement blessé dans mon patriotisme. "Rien ne justifie la guerre, qu'elle soit offensive ou défensive", m'a dit Laval.
J'ai protesté qu'on ne pouvait cependant pas, en cas d'agression, se borner à tendre le cou au sabre de l'ennemi. Laval a jugé mon objection ridicule : "Comptez les morts, a-t-il crié, chiffrez les ruines, appréciez les misères dont l'humanité souffrira pendant des siècles peut-être et dites-moi sincèrement si tout, vous m'entendez bien, tout n'est pas préférable à une guerre. Je ne la voulais pas, moi, la guerre, à aucun prix, parce que je savais ce qu'elle contenait, gagnée ou perdue."

(Pages 262-263)
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