AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Woland


[...] ... Il est évident que, lorsque les hindous [= adeptes de l'hindouisme] se prosternent devant les statues de leurs dieux, ils entendent non point adorer une idole matérielle, mais s'adresser au dieu ou à la déesse que la statue représente. Il en est ainsi des adeptes de toutes les religions qui admettent le culte des images.

Toutefois, dans l'Inde, ce culte est basé sur des conceptions très différentes de celles qui ont cours dans les pays occidentaux.

Tout d'abord, avant que l'idole soit considérée comme propre à être l'objet d'un culte, il est essentiel qu'elle ait été "animée", c'est-à-dire qu'elle soit devenue vivante. Avant ce moment, la statue, quelle qu'elle soit, n'est qu'un morceau de bois ou un bloc de pierre sculpté auquel aucun respect n'est dû.

N'importe quel objet peut être rendu vivant, et, à lui, peuvent s'attacher des propriétés, des facultés et des vertus propres aux êtres vivants. Si les effigies des déités sont plus particulièrement choisies pour être douées de vie, c'est que leur forme, évoquant celle d'un dieu ou d'une déesse, est plus susceptible de capter l'attention des dévots et de les amener, consciemment ou non, au degré de concentration de pensée nécessaire pour infuser de la vie à la matière inerte. Cependant, nous rencontrons aussi, dans l'Inde, de simples pierres adorées comme des déités et les plus vénérées des idoles de l'Inde sont trois blocs de bois à peu près informes. J'entends : Jaganath, le "Seigneur du monde", son frère Balabhadra et sa soeur Subhadra, adorés dans le célèbre temple de Pouri, au sud de l'Inde.

La communication de la "vie" se fait au moyen du rite dénommé prâna pratishtâ, c'est-à-dire transmission du souffle vital.

Ce souffle vital est, au cours du rite, emprunté au célébrant et aux assistants. Ceux-ci concentrant fortement leur volonté opèrent, à un moment donné, une transfusion de l'énergie qui est en eux et l'incorporent dans l'effigie jusque là inerte. D'après cette théorie, la statue ou l'objet quelconque ayant subi l'influence du rite devient un individu digne de vénération et possédant une somme de forces actives.

Il est curieux et impressionnant d'assister à la célébration du prâna pratishtâ, d'observer l'état d'extrême tension nerveuse d'une assemblée de fidèles, tous concentrés dans un effort de volonté tendant à transmettre à une statue une part de leur vitalité. Le mot pratishtâ est constamment répété par l'officiant et par les assistants qui, souvent, miment le geste d'arracher quelque chose hors d'eux et de le projeter vers la statue placée sur l'autel. Leur attitude paraît démontrer qu'ils savent que ce n'est pas un dieu ou une déesse résidant dans un séjour céleste qui en descendra pour s'incorporer dans son image, mais que c'est eux-mêmes qui habiteront cette image et que, lorsqu'ils s'adresseront à elle, ce sera à eux-mêmes, à l'énergie issue d'eux, qu'ils auront recours. Néanmoins, on a sujet de craindre qu'ils ne saisissent pas toujours, ou ne saisissent qu'incomplètement la signification du rite qu'ils accomplissent.

Cette ardente concentration d'esprit de tout un groupe d'individus est bien propre à produire des hallucinations. Lors d'une cérémonie à laquelle j'assistais, certains des adorateurs déclarèrent qu'ils voyaient la statue de la déesse Dourga pencher la tête vers eux en leur souriant. ... [...]
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}