[Gorki] C’est un sentimental. Il ne collectionne pas les maîtresses. Mais les femmes qui ont partagé ses aventures continuent de compter dans sa vie et pèsent lourd. Il les a beaucoup aimées, beaucoup tourmentées. Non par cruauté, mais parce qu’il est trop têtu pour accepter de regarder la réalité en face, quand elle dérange son idéal. « En dépit des difficultés, on doit y croire ». En dépit des bolcheviques, on doit croire à la Révolution. En dépit du désamour on doit croire à l’Amour. Je le pense incapable de renoncer à ses rêves. Du coup, il triche avec ses sentiments, se ment à lui-même, et torture dix fois plus subtilement la maîtresse qu’il ne veut pas chagriner. Quant à lui, il peut, parait-il verser des torrents de larmes lorsqu’on menace de « rompre » : un mot dénué de sens, qui n’appartient pas à son vocabulaire. Et comme tout commence avec lui par l’émotion, et que tout finit avec lui par l’émotion, il ne quitte ni n’abandonne jamais personne.