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Citation de bab


bab
15 octobre 2013
Je m'attelai donc à manier les mots, à provoquer le rire chez mes chers camarades. Très vite, à l'étonnement général, je me fis une place parmi eux. Curieusement, mes amis authentiques ne se trouvaient pas parmi les premiers de classe, ni parmi les dociles, mais bien chez les derniers, les indisciplinés, ceux qui ricanent "tout derrière", ceux qui savent se montrer cruels. Ceux-là mêmes manifestaient à mon endroit une tendresse, une innocence, un amour que je n'ai jamais trouvés ailleurs. Leur façon de m'aider, d'entrer en contact avec moi revêtait une forme de nudité. Ce n'était pas la pitié des vieilles qui me donnaient cent sous (ce qui du reste ne me déplaisait pas toujours), ni l'altruisme ostentatoire du fils à papa qui démontrer sa bonne éducation, son savoir-vivre. L'amitié du cancre était maladroite, discrète, sincère. Il se confiait à moi et j'osais me livrer à lui.
Je me rappelle toujours de cet esprit rebelle à qui j'adressai ma salutation habituelle : "Sois sage." Un jour, il me répondit à brûle-pour point : "Et toi, marche droit!" Cela me procura un plaisir extrême. Il m'estimait pour moi-même et n'avait pas pris les pincettes que prennent ceux qui me sourient béatement quand, à la caisse, je pain mon paquet de spaguettis aux herbes. Il y a des sourires qui blessent, des compliments qui tuent.

SOCRATE
Tout cela voudrait dire que la pitité blesse plus que le mépris?

ALEXANDRE
Oui, pas de pitIé. Une fois de plus, je donne raison à Nietzsche. Je crois qu'il voit juste quand il condamne la pitié, l'hypocrisie ou le paraître. Chaque jour, je rencontre ce regard condescendant qui croît me faire plaisir, peut-être sincèrement, mais qui nie ma liberté et me nie ipso facto.
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