C’est dans le désarroi qu’Ektov vécut les années de la guerre civile : à voir ses concitoyens s'entr’égorger avec férocité et à sentir peser la semelle de fer de la dictature bolchevique, il ne trouvait plus de sens à la vie de la Russie ni à la sienne propre. Jamais le pays n’avait rien connu d’approchant. La vie humaine avait perdu son cours normal, elle n’était plus l’activité d’êtres doués de raison ; sous les bolcheviques elle était réduite, tapie dans l’ombre et défigurée, à se frayer en petits ruisselets des chemins détournés ou finement calculés.
Ego