Alexis Pichard

J’ai toujours cru que tu n’aimais pas mes livres, que mes histoires ne t’intéressaient pas. Quand tu penses que moi, je collectionne les tiens en deux, parfois trois exemplaires, juste pour me dire que tu m’appartiens, que j’achète des fragments de toi. Toujours les mêmes. Et à présent les seuls.

Debout dans l’embrasure des portes-fenêtres donnant sur le balcon, Arnaud nous scrute lui aussi avec un air troublant. Il tire une latte puis éructe une longue bouffée bleutée. Il reproduit le même geste, encore et encore, alors que nous dansons, nous ses deux petites âmes en peine, chagrinées par son indécision. Aurélien lève les yeux vers Arnaud et nos regards voguent de l’un à l’autre comme pour matérialiser les formes d’un triangle amoureux dont nous souhaitons nier l’existence. Arnaud nous observe tous les deux avec la même ambiguïté, mépris teinté d’affection, indifférence empreinte de désir, il nous adresse des messages contradictoires que je ne parviens pas à déchiffrer.

Station Luxembourg : « Pardon ! Je descends ! » « Avancez s’il vous plait ! » Quelques passagers en moins, je parviens à libérer mon bras droit et à changer de pied d’appui. Signal sonore, je lève les yeux : plus qu’une station. Son nouveau roman m’apportera-t-il des réponses ? Me permettra-t-il enfin de le comprendre ? J’ai relu Une heure au paradis et Le vagabond pour la nième fois hier soir. Je tente encore d’y trouver des indices qui m’aideraient enfin à percer le mystère de celui qui n’est que mystère.

"C'est se sentir étranger à l'autre et à soi-même, avoir la certitude qu'on devrait être ailleurs, que ce à quoi on s'est résigné sera un regret à vie, c'est fuir le réel en s'inventant des existences parallèles où tout serait mieux, s'imaginer au volant d'une voiture sur une route à perte de vue et se foutre de la destination, c'est vouloir tout abandonner pour retrouver le goût de la vie."

La littérature l'a prouvé, il y a toujours de l'âme et du corps de l'auteur dans ses livres.

Autrement dit, si la guerre aux médias a bien une réalité concrète, sa réalisation est une illusion dans la mesure où elle vise le maintien du statu quo. La guerre existe pour elle-même dans un présent perpétuel : elle est un récit tout en mouvement mais sans progression, ni fin, un générateur de chocs narratifs et de clashs ineptes et inertes qui alimentent le storytelling et la rhétorique du président Trump.

Trump – dont l’onomastique est ici révélatrice puisque le verbe anglais to trump signifie notamment battre, écraser, prendre le dessus – s’est façonné l’image d’un homme à la masculinité clinquante qu’il exhibe notamment à travers l’impressionnante Trump Tower au sommet de laquelle il réside. Si elle est loin d’être le plus haut édifice de New York, sa grandeur (58 étages) participe pleinement de la symbolique phallique qui accompagne Donald Trump. Ce dernier est ainsi perçu comme un homme d’affaires redoutable, un milliardaire à la carrure imposante (1 mètre 90) et au parler-vrai qui domine la métropole new-yorkaise du haut de sa tour dorée.

La campagne pour l’élection de 2016 témoigne de la maturation et de l’amplification de ce phénomène de fracture partisane profonde entre les Américains, réduits à deux camps antagonistes qui ne se comprennent et ne s’entendent plus.

En n'étant jamais celui que nous souhaitions qu'il soit, il a toujours été l'unique objet de notre attention, de notre amitié, de notre amour irraisonné et irraisonnable.

Trois ans que je n'avais pas ressenti l'extase d'un regard échangé, la joie futile, fugace, alors que le monde semble figé et que plus rien d'autre ne compte que vous.