Après lui

Un superbe premier roman, d'une sensibilité et d'une justesse époustouflantes.

L'intrigue amoureuse se déroule en trois parties, chacune correspondant au point de vue d'un des personnages principaux. Aurélien, Lucie et Mathias entretiennent une relation ambiguë et toxique avec le mystérieux auteur Arnaud Delacour, bourreau des âmes et des coeurs, astre inatteignable autour duquel tourne leur vie.

"Après lui" débute à l'automne 2013 alors qu'Arnaud vient de publier un roman cru et voyeuriste dans lequel il met justement au grand jour ces relations sentimentales dysfonctionnelles. Succès critique et commercial immédiat, le roman bouleverse l'existence de ses trois amis qui doivent alors négocier les conséquences des secrets révélés sur la place publique. Arnaud, quant à lui, disparaît du jour au lendemain, sans prévenir, imposant des questionnements sans fin à ceux qui lui vouent une passion insatiable.

Écrit avec une plume précise, tantôt crue, tantôt poétique, le premier roman d'Alexis Pichard sonde en profondeur les affects des trois personnages parfaitement incarnés, dont l'obsession en partage pour Arnaud s'entremêle à des démons intimes singuliers. Aurélien, le jeune prof de banlieue désabusé tente péniblement d'entrer dans l'âge adulte ; Lucie, la jeune éditrice issue d'un milieu bourgeois s'efforce à se soustraire aux normes sociales ; Mathias, l'auteur aguerri est aux prises avec le syndrome de la page blanche.

Ces trois portraits ajoutent des strates de complexité et d'humanité à une intrigue prenante qui culmine en un final magistral empreint d'une douce mélancolie.

A lire, absolument.

"Après lui", premier roman d'Alexis Pichard, est une oeuvre fascinante, travaillée par la hantise de la mémoire littéraire.

Au fil des 235 pages qui relatent les relations amoureuses toxiques entre un jeune auteur mystérieux et ses trois plus proches ami.e.s, Pichard brasse les références à Hervé Guibert, à Marguerite Duras et à Françoise Sagan. le schéma actantiel et les éléments topiques font ainsi écho à "Fou de Vincent" et à "Bonjour Tristesse", chefs-d'oeuvre de la littérature française dont l'auteur parvient à produire des réécritures croisées habiles et particulièrement sensibles.

Pour autant, ce sont surtout les références au "Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde qui sont les plus plaisantes à débusquer. Les noms des personnages (Clément Henri, double de Lord Henry, etc.), certains dialogues-clé (p. 21 : "Le monde nous appartient le temps d'une saison" est à l'origine une phrase prononcée par Lord Henry dans "Le portrait de Dorian Gray"), la construction des personnages et de la dynamique qui irrigue leurs relations (le protagoniste, Arnaud Delacour, apparaît comme un décalque revisité de Dorian Gray).

Cette intertextualité foisonnante permet à Pichard de façonner l'horizon d'attente du lecteur à un niveau dépassant le récit, tout en maintenant le suspense autour de la réactualisation à l'identique des intrigues-références.

Évidemment, "Après lui" ne se limite pas à ces jeux ludiques de reconnaissance. L'histoire déroulée est puissante et tient en haleine du début à la fin. Et quelle fin ! La justesse des affects est bouleversante et contribue à donner corps à des personnages humains et faillibles qui nous ressemblent.

Un coup de maître !

Après Lui est un roman choral hypnotique dans lequel trois narrateurs donnent corps au personnage d'Arnaud, auteur à succès, objet d'admiration et de désir.
Dans les échos narratifs, Aurélien, Lucie et Mathias se dévoilent et donnent à lire toutes les rugosités de leur âme.
Avec un style tout en finesse, Alexis Pichard manie les maux et joue des références et des intermittences littéraires qui procurent au lecteur le plaisir d'un texte maîtrisé. Cet effeuillage narratif se dessine comme “une mise en scène d'apparition-disparition” (R. Barthes) qui nourrit une analyse transactionnelle mettant à jour des personnages autant bourreaux que victimes, tantôt masochistes tantôt histrioniques mais toujours tragiquement humains.
Les narrations offrent un jeu de miroirs qui sont autant de perspectives d'Arnaud qui, lui, reste interdit. C'est donc sur le silence et les vacuités que le regard du lecteur se pose pour définir les contours de la morale et de l'abject. Une dialectique du désir est à l'oeuvre dans le vide d'Arnaud qui simule, stimule et dissimule jusqu'à l'aliénation. La mise en abyme devient presque une mise en abysses efficace tant il est impossible de se défaire de l'emprise qu'a la narration sur le lecteur qui se fait tour à tour voyeur, complice ou victime consentante et qui prend plaisir à se perdre dans un palais des glaces sinueux ou à errer dans une Foire aux Vanités dans ce roman sans véritable héros.
Alexis Pichard signe une oeuvre dense et jouissive qui interpelle, égratigne et expose les consciences.

Après lui est un roman captivant qu'il est difficile de reposer.

La plume est plaisante, diverse, personnelle et incisive.

Le roman s'articule autour du point de vue de trois personnages très différents les uns des autres mais qui ont tous un point commun Arnaud Delacour… leur ami, leur crush, leur faiblesse, leur obsession.

@alexispichard_off sait comment captiver son lecteur, comment le maltraiter mais surtout comment l'emprisonner dans l'intrigue… car finalement qui est Arnaud, l'éternel absent du roman mais qui est pourtant si présent. Arnaud, c'est une ombre, un fantôme, une chimère, un fantasme même. Existe-t-il vraiment ?

Tous en parlent mais nous ne le connaissons pas. On nous en dépeint un portrait peu flatteur, pourtant si touchant et attachant. C'est l'ami, l'amoureux, le bourreau… par moment c'est même une drogue dont le manque se fait sentir.

Vous l'aurez compris ce livre m'a énormément plu, je ne peux que vous le conseiller. Alexis a créé un vrai univers, avec des personnages aux caractères et la psychologie bien définie. le livre est coupé en trois parties, et il y a trois styles d'écriture différent.