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Critiques de Alix Deniger (10)
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I cursini

Depuis que je suis allée en Corse en 2022, je recherche et j’ai trouvé quelques trop rares romans policiers dont l’action se déroule sur cette merveilleuse île. Je viens de tomber sur celui-ci presque par hasard, et cette fois, c’était du lourd. Très éloigné de la Corse des cartes postales, ce polar nous plonge dans une ambiance délétère, dans une lutte à mort entre certains nationalistes indépendantistes, politiques et/ou armés, les clandestini, et la voyoucratie à tendance mafieuse. La frontière entre eux est aussi fine qu’un papier pelure, surtout quand trahisons, manipulations et bris de l’omerta s’en mêlent, quand l’argent vient à manquer et qu’on prélève l’impôt révolutionnaire en marchant sur les plates bandes des uns et des autres. Les flics ont donc du pain sur la planche mais peu de beurre dans les épinards et beaucoup d’œufs sur lesquels ils marchent tant bien que mal.



Ce polar violent, trempé d’hémoglobine, est intéressant et empreint d’un grand réalisme, ce qui ne m’a pas étonnée quand j’ai su que l’auteur a été policier pendant douze ans en Corse (il écrit d’ailleurs sous un pseudonyme) à l’époque où les indépendantistes de conviction se font vieux et cherchent un nouveau souffle dans la jeunesse corse désoeuvrée, peu instruite sur l’histoire de son île, apolitique mais engoncée dans de telles mortelles, dangereuses et bêtes certitudes, qu’une fois lâchée, elle devient incontrôlable.



La connaissance du terrain d’Alix Deniger est un atout indéniable pour écrire un tel polar, mais, et c’est pour moi le seul défaut du livre, les termes employés par les flics, les natios (nationalistes), les sigles, les noms des armes, et les quelques mots en corse rendent par moments la lecture absconse. Il y a des annexes utiles à la fin du livre, mais c’était encore insuffisant pour la lectrice lambda que je suis en la matière.

Sans ça, j’aurais mis cinq étoiles car j’ai été immédiatement happée par ce roman addictif, passionnant et instructif.

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I cursini

Avec son premier roman, Alix Deniger (c’est un pseudonyme) nous livre un sanglant jeu du chat et de la souris dans une île de Beauté aux prises, encore et toujours, avec ses vieux démons.



Le cursinu, chien corse par excellence, illustre parfaitement le contenu de ce très bon roman policier qui nous plonge dans les méandres de la Corse au lendemain de l’assassinat du préfet Érignac. Alors que l’action débute, les nationalistes sont exsangues, à bout d’énergie et de moyens, les voyous pèsent d’un cran supplémentaire sur les affaires locales, et les flics ont toujours autant de mal à retrouver leurs petits au milieu du cirque insulaire. Un homme, François Federici, figure historique des nationalistes devenu politicien, décide de relancer les attentats, ordonnant de nouveaux plasticages et le recours au racket pour obtenir des fonds. Devant les réticences de son équipe, il confie cette tâche à une bande de bras cassés aux motivations plus que terre à terre : il s’agit de sa première mauvaise décision. Elle entraînera tout ce beau monde dans un jeu de dominos funèbre.



Alix Deniger, ancien flic, a rédigé son premier roman avec l’ambition affichée d’éclairer, non l’actualité immédiate, mais les évolutions en cours dans l’île. Et c’est réussi ! Côté scénario, la structure est très classique, mais l’ensemble est rondement mené et le classicisme formel permet en fait de se concentrer sur les événements. L’auteur interroge en particulier les liens existant entre les structures politiques nationalistes, leurs organisations armées et les réseaux mafieux. Il dépeint un mouvement nationaliste en perte de vitesse, Il montre en particulier la logique infernale de la clandestinité, qui rend les frontières entre militantisme et gangstérisme de plus en plus poreuses. Plus les idéaux vieillissent, plus la perspective s’éloigne et plus les "combattants " s’autonomisent, cherchant à se tailler leur propre part du gâteau. Et ces prétentions nouvelles se règlent dans le sang et la violence. Deniger nous fait aussi partager le fonctionnement et le quotidien de la DCRI ( Direction Centrale du Renseignement Intérieur) chargée de surveiller les activités terroristes sur l’île. L‘auteur met ainsi à profit les années qu’il a lui-même passé dans les différents services de police et nous offre un roman extrêmement documenté. Avec un sens aigu du réalisme, qu’il s’agisse d’une perquisition, des planques, des filatures, d’une tentative de racket ou de la préparation du prochain attentat, le lecteur suit pas à pas les différents protagonistes. On a vraiment l’impression d’être sur le terrain… L’écriture, sèche et percutante nous happe dès le début. Captivant et passionnant. Un premier polar sur la Corse, violent et âpre, à découvrir.



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I cursini

Il y a bien longtemps que l’histoire du conflit en Irlande du Nord alimente le roman noir. En France, par contre les mouvements nationalistes ou indépendantistes, que l’on pourrait penser être une mine pour le genre, ont assez peu inspiré les auteurs à quelques exceptions près, comme Hervé Le Corre dans Du sable dans la bouche, cavale aux côtés de la rescapée d’un commando basque poursuivie par un tueur. C’est donc avec curiosité que l’on a abordé ce I Cursini écrit par ailleurs par un auteur connaisseur du dossier corse pour y avoir travaillé en tant qu’agent des Renseignements Généraux.



I Cursini, c’est donc les histoires croisées d’un commando de têtes brûlées (et vides) engagées par des indépendantistes à bout de souffle mais qui auraient tout aussi bien pu basculer du côté du banditisme, ainsi que des agents qui les suivent et essaient de déterminer leur rôle et leur action avant de pouvoir leur tomber dessus. Une trame a priori simple pour une histoire – et une réalité – bien plus complexe où les politiques, du côté de l’État ou des nationalistes, ont leur mot à dire et tiennent ou essaient de tenir la bride aux hommes de terrain, où les frontières entre lutte de libération nationale et banditisme sont poreuses, et où tous ceux qui veulent obtenir ou ne pas concéder une once de pouvoir jouent des parties de billard à trois, quatre ou cinq bandes dans l’espoir d’emporter le morceau.



Et l’on est finalement pas déçu par le roman d’Alix Deniger. Certes, l’auteur se laisse parfois prendre aux pièges de l’exercice : un vocabulaire un brin abscons du côté flic pour faire vrai de vrai et un autre plus pauvre et parfois caricatural, notamment dans l’emploi – trop peu ou pas assez – de la langue corse par les clandestins, une histoire d’amour entre flics qui n’apporte pas grand-chose… Mais il parvient toutefois à bâtir une histoire à la fois cohérente et que le commun des mortels peut arriver à suivre malgré la complexité des jeux de pouvoirs et des alliances qui se nouent.

Par ailleurs, I Cursini offre un regard différent sur la situation du mouvement indépendantiste corse, loin de l’image bâtie à coup de conférences de presse spectaculaires par ledit mouvement pour apparaître comme plus puissant qu’il n’est et par les services français qui se plaisent aussi à jouer ce jeu afin d’apparaître eux-mêmes comme particulièrement redoutables.

Et ce que l’on voit, en fin de compte, c’est un mouvement exsangue, prêt de se faire dévorer par des bandits qui ne le craignent plus et obligé de recruter dans une jeunesse dépolitisée mais avide d’enrichissement rapide et de pouvoir. Un mouvement qui ne survit qu’à grands coups de bluffs et parce que, en face, les services de renseignements sont tout aussi faibles, manquant d’effectifs, de matériel et d’une réelle volonté politique d’éliminer un adversaire qui, à l’occasion, peut servir d’épouvantail ou de trophée à exhiber.



Roman désabusé, I Cursini est une vérité. Celle d’Alix Deniger. Ce n’est sans doute pas LA vérité – et l’on attend qu’un auteur nous donne celle d’un clandestin, pourquoi pas, pour pouvoir la croiser avec celle-ci. Mais c’est un angle de vue qui mérite que l’on s’y intéresse, d’autant plus qu’il s’accompagne d’une intrigue plaisante et sans temps morts portée par des personnages qui, bien que certains, trop monolithiques ou flirtant avec la caricature, auraient sans doute mérité d’être un peu plus fouillés, se trouvent être plutôt attachants, y compris lorsqu’ils révèlent leur bêtise crasse et leurs ambitions bas de gamme.




Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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I cursini

Pour un livre presque lu par hasard, écrit par un auteur a priori inconnu, c'est une bonne surprise à la Série noire. Alix Deniger nous expose une Corse au prise avec ses magouilles politico-mafieuses, où les services de police (et bon sang qu'il y en a !) coincés entre gangsters et nationalistes sont occupés à ne rien voir sous la pression de la hiérarchie.

L'auteur prend le temps de présenter ses personnages, de planter le décor dans l'île de Beauté, pour faire monter la mayonnaise jusqu'à ce que la situation soit en passe de devenir incontrôlable. Et là, il nous expose, avec une grande cohérence, comment ce système finit par s'autoréguler, la violence répondant à la violence jusqu'à ce que des intérêts supérieurs, l'Argent et le Pouvoir (notez les majuscules), imposent de trouver une solution... pour que tout recommence. Vraiment, une découverte intéressante.

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I cursini

Malgré un contexte qui y est tout à fait propice, les romans noirs sur la Corse sont assez rares. Entre terrorisme et mafia, plus le contexte particulier de l'île, il y aurait pourtant de quoi écrire. L'auteur de ce livre a passé trente ans dans la police, dont douze dans l'île de beauté dans les RG. Il connait donc bien, a priori, les arcanes de la police et des milieux nationalistes ainsi que le fonctionnement de la pègre locale. Et l'on voit donc bien les interactions entre les nationalistes, qui ont besoin d'argent, et les simples bandits et petites frappes complètement dépolitisés mais tirant profit de la cause (perception de l'impôt révolutionnaire, tout ça tout ça). Au milieu, les différents services de renseignement et de police sur le terrain, avec une hiérarchie qui ne veut pas trop se mouiller. Et tout finit en règlements de comptes entre les différentes parties !

J'ai bien aimé le livre pour le cadre, d'autant que j'adore la Corse. L'ambiance générale et les paysages de l'île sont bien restitués mais ayant l'habitude de lire des romans scandinaves où l'atmosphère est presque plus importante que l'intrigue, je trouve que l'auteur aurait pu mettre un peu plus l'accent dessus. Par contre, les personnages manquent un peu de nuances et de profondeur. Ils sont nombreux mais pas spécialement attachants. Et dans la deuxième partie, ça dézingue à tout va, entre trahisons et règlements de comptes. C'est bien qu'il y ait de l'action et du rythme, mais là c'est limite trop d'autant que vu la manière dont c'est amené, il n'y a pas trop de suspense. En fait, l'histoire est très intéressante, ça se lit bien et vite mais le style est un peu maladroit. Ca aurait pu être un chef d'oeuvre si ça avait été mieux construit et mieux amené. Là, c'est juste un bon polar.
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I cursini

Un bon polar écrit par un ancien policier, ça se sent tout de suite, l'univers est réaliste. L'atmosphère du danger corse plane sur les personnages du roman. Ce récit pourrait être une histoire vraie. Talent prometteur.
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I cursini

Deniger Alix, – "I cursini" – Gallimard- Série noire, 2012 (ISBN 978-2070138081)



Un roman policier consacré à la situation en Corse, écrit par un auteur qui semble vraiment bien connaître cette île. Très bien écrit (je l’ai lu quasiment d’une seule traite), avec une intrigue prenante. L’auteur traite de la situation corse au moment où le grand banditisme commence à l’emporter sur les sectes nationalistes lâchées par ces élus locaux profitant pleinement de la création de cette «Assemblée territoriale» propre à la Corse. Evidemment, on se tue et s’entre-tue pour la «bonne cause» chez les nationalistes, pendant que la mafia en profite pour déployer ses tentacules.

Il y a probablement beaucoup de vrai dans ce roman, même si je ne puis guère en juger tant ces bandes nationalistes ou mafieuses s’y entendent pour brouiller les pistes.

J’en reste donc à mon humble opinion : la Corse est incontestablement l’un des plus beaux endroits du monde (largement au-dessus des soi-disant paradis comme les Seychelles ou l’île Maurice), mais les mises en scène des groupes nationalistes bardés d’armes de poing et encagoulés m’ont toujours semblé profondément ridicules, et maintenant qu’ils sont supplantés par des bandes mafieuses…

Un roman à lire.

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I cursini

L'auteur après 30 ans de police dont douze passées à chasser les terroristes de tout poil s'est mis à l'écriture pour construire un roman sur les autonomistes et les truands corses. Probablement un des seuls thrillers du genre. Il s'agit d'un melting-pot sur les agissements des nationalistes depuis 30 ans. Sur la dérive des jeunes (et moins jeunes) sur des événements, des idées, des convictions qu'ils ne maîtrisent pas forcément. L'orgueil du mâle corse, l'oisiveté patente dans une île écrasante de soleil et de beauté, que cette génération ne veut pas quitter, tout est mêlé. Dès lors, la vie d'un homme n'a plus grand intérêt lorsqu'il s'agit de vengeance, d'omerta non respectée, d'argent facile gagné grâce à l'impôt révolutionnaire, de grosses cylindrées ou de gros cubes. Le sang coule dans le maquis et les bombes explosent près des bâtiments officiels. Les bavures, les dommages collatéraux sont nombreux. Un roman intéressant surtout par les connaissances policières de l'auteur dont on suit les enquêtes, les filatures, les écoutes... etc... On aurait pourtant aimé qu'il pénètre un peu plus l'âme corse car les certitudes des " natios " sont laissés de côté. Mais il n'est pas Corse et c'est là toute la différence.
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I cursini

Le Cursinu, la préface de l’auteur nous en avertit, est un chien de race corse, docile, obéissant, calme… ¨Pourquoi alors ne puis-je m’empêcher de voir dans le titre l’incarnation de la bande de Pétru ? Jeunes chiens fous, agités, dangereux car avides et sans chef, sans cadre, sans espoir aussi.

Le roman tout entier se présente comme une coupe longitudinale de la Corse, façon étude géologique.

Dans un premier temps les « natios » tels que présentés, et qui paraissent bien inoffensifs. Une bombinette par-ci, par-là… rien de bien méchant. Mais parfois, les bombinettes tuent, essentiellement ceux qui les manipulent. C’est là qu’apparaît ce mot étrange, à double tranchant, à sens multiples : manipuler.

Après les nationalistes (les clandestins, les officiels) , apparaissent les voyous, qui empiètent sur les ressources de « l’impôt révolutionnaire ». Il faut alors, pour calmer le jeu, rien moins que l’intervention d’un niveau supplémentaire dans la hiérarchie : les chefs de clans…



On reste au départ dans l’anecdote folklorique. Cela change quand des lance-roquettes apparaissent dans le paysage, manipulé par de jeunes fous dévalant le toboggan irrépressible de la violence. Certes, leur désœuvrement les condamnait à quelques bêtises, mais les plus âgés qui refusent de poser les armes alors que le mouvement s’essouffle sont bien plus responsables, car ce sont eux qui ont enclenché ce processus de la violence.

On pourrait croire que dans tout ça les flics font de la figuration. Les gendarmes ferment soigneusement les casernes, le préfet fait surveiller son jardin, un mitraillage de temps en temps, une balle perdue qui fait des trous dans le ciment… Sans compter le défilé continuel de diverses brigades, dont certaines aux sigles abscons. Les flics continentaux sont repérés dès leur arrivée à l’aéroport. Comment travailler puisqu’ils ne peuvent poser un poil de basket dans le maquis ou les villages de montagne...

...la suite sur le blog de Jeanne Desaubry




Lien : http://jeanne.desaubry.over-..
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I cursini

Très bien écrit. L auteur nous plonge dans son univers dès les premières pages...A la frontière de la réalité et de la fiction..
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