Citations de Alix E. Harrow (144)
—Si elle vous a déjà endormie... comment se fait-il que vous ne soyez pas mariée à un prince ?
—Oh, j'ai décliné sa proposition. J'ai déjà dix-sept maris.
[...]
—Un dix-huitième, ça aurait été de la gourmandise.
—Tu m'étonnes, dis-je faiblement, en notant dans un coin de ma tête que toutes les princesses n'ont pas besoin d'être sauvées.
C'est toujours Agnes qui s'occupe de l'annonce "La bibliothèque fermera ses portes dans dix minutes", car le timbre de sa voix implique que n'importe quelle personne toujours dans nos murs d'ici neuf minutes et 50 secondes verra son corps assigné au don d'organe. Aussi, même les usagers les plus inébranlables se dirigent-ils vers la sortie.
—Alors, pourquoi la lande est-elle interdite ?
Ma question se voulait nonchalante, mais ma voix paraît tendue à mes oreilles.
—Est-ce qu'il y a des singes volants ? Des Rongeurs de taille inhabituelle ?
—Comment ?
—Simple vérification.
- The Calamitous Coven
- No.
- Eve's Army.
- No ! It ought to be about, I don'y know, sisterhood or union...
- The Ladies Union of Giving the Bastards What's Coming to Them.
- James Juniper, if you can't be serious, at least be quiet.
J’ai parfois l’impression que les portes se tapissent dans les replis de la moindre phrase, dont le point leur fait une poignée et les verbes, des gonds.
— Le Convent des Calamités.
— Non.
— L'Armée d'Eve.
— Non ! Il faudrait qu'il y ait dedans quelque chose comme, je ne sais pas, "sororité" ou "union"...
— L'Union des Femmes qui rendent aux salauds la monnaie de leur pièce.
Ceux qui fréquentent assidûment les livres - ceux qui passent leurs après-midi de liberté dans des librairies vieillottes, ceux qui caressent furtivement le dos des volumes familiers - savent que le feuilletage est une étape essentielle du processus d'apprivoisement d'un nouveau livre. Le but n'est pas de lire les mots, mais lire le parfum qui s'échappe des pages dans un nuage de poussière et de pulpe de bois.
Celui-ci ne sentait comme aucun livre que j'avais un jour ouvert. La cannelle et la fumée, les catacombes et le terreau. Les soirées humides en bord de mer et les midis collants de transpiration sous les feuilles des palmiers. Il sentait comme s'il avait voyagé par voie postale plus longtemps qu'aucun autre paquet, comme s'il avait fait plusieurs fois le tour du monde et accumulé les couches de parfum, tel un clochard les vêtements.
II sentait comme si on avait moissonné l'aventure elle-même en pleine nature, qu'on l'avait distillée qu'on en avait aspergé chaque page.
Les livres peuvent sentir le frisson bon marché ou l'érudition pointilleuse, le poids de la littérature ou les mystères irrésolus.
Le feuilletage est une étape essentielle du processus d'approvisionnement d'un nouveau livre. Le but n'est pas de lire les mots, mais de lire le parfum qui s'échappe des pages.
Être une femme est un risque en soi, d'après mon expérience. Qu'on soit en bonne santé ou une honnête travailleuse.
Nous donnons aux gens les livres dont ils ont le plus besoin.
—Comment... Vous voulez dire, sans délai ? Ce soir ?
Apparemment, Primerose n'a jamais appris la règle des mourantes n°1 : Magnez-vous.
—Évidemment, andouille. Combien de temps croyez-vous pouvoir tenir sans dormir ?
Genièvre sent les choses changer autour d'elles, les frontières devenir perméables. Elle voit des yeux - de jeunes femmes, surtout - où brille une fascination avide. Genièvre devine que ce sont celles qui veulent, qui désirent, qui se languissent ; celles qui s'insurgent contre les histoires qu'on leur a fait avaler et rêvent d'en entendre de meilleures.
Il n'y a jamais eu que deux catégories de bibliothécaires au cours de l'histoire du monde : 1. - les revêches coincées dont le rouge à lèvres coule entre les craquelures des lèvres, persuadées que les livres sont leur propriété personnelle et les usagers de dangereux délinquants venus les voler ; 2. - les sorcières.
Nous ne sommes que poussière et retournerons à la poussière. La tienne à la mienne, la mienne à la tienne.
Les apparences de la civilité et de la normalité sont de puissantes injonctions. Je me demande parfois combien de mal on laisse faire simplement parce qu'il serait grossier de s'interposer.
Elle pensait que la survie était une chose égoïste, un cercle serré autour du cœur. Elle croyait que plus vous laissiez entrer de gens dans votre cercle, plus le monde avait des moyens de vous blesser, et plus vous aviez d'occasions de les décevoir et d'être déçue par eux. Et si c'était le contraire ? Et si tous ces gens étaient là pour vous rattraper quand vous tombiez ? Et s'il existait un point de bascule invisible au-delà duquel un devient trois et trois devient l'infini, un point au-delà duquel il y a tant de vous à l'intérieur de ce cercle que cela fait de vous une hydre invincible ?
Elle regarde par la fenêtre et songe aux pucelles, aux gouttes de sang, aux hautes tours ceinturées de roses et aux vérités contenues dans les mensonges.
Genièvre repense aux matins où Mama Mags rentrait d'un accouchement difficile, les ongles encroûtés de sang et les yeux pleins de peine. Elle contemplait les volutes de brume qui s'élevaient de la vallée tels des fantômes, en frottant son pouce contre le cuivre de son médaillon. "C'est dans l'ordre des choses."
Genièvre est maintenant assez grande pour savoir que l'ordre des choses, c'est une bouse sans nom. C'est la cruauté et la défaite ; les portes fermées et les choix malheureux ; les sœurs séparées et les mères absentes.
A quoi sert la sorcellerie, si elle ne peut pas changer l'ordre des choses ?