Alta Hensley

Difficile d’imaginer que plusieurs générations d’hommes hautement instruits, issus des universités les plus prestigieuses du pays, puissent cautionner toutes ces pratiques sexistes, bestiales et perverses. Ce n’était pas seulement l’argent qui gouvernait l’organisation secrète, d’autant plus que tous les membres de l’Ordre avaient de l’argent. C’était la soif de plus d’argent. La soif de pouvoir et franchement… de domination absolue. C’était la cupidité plus que la transmission héréditaire qui suintait des pierres des Oléandres. L’Ordre du fantôme d’argent s’était égaré et je ne voulais rien avoir à faire avec eux. Absolument rien, à moins d’y être obligé.
Et j’y étais obligé.
Ma sœur avait besoin de moi.
Et là, alors que je pénétrais dans la grotte en portant Portia, je savais qu’elle avait besoin de moi aussi. Montgomery avait raison d’affirmer que nous ne pouvions réussir qu’à condition d’être une équipe. J’avais été un coéquipier plutôt merdique jusque-là, et je ne reprochais pas à Portia d’avoir songé à abandonner. Elle s’était retrouvée complètement seule dans cette histoire, et mon gros cul d’ivrogne n’avait fait qu’empirer les choses.

Je jetais des regards furtifs autour de moi. Toutes les filles étaient magnifiques. Maquillage et coiffure impeccables, robe tombant à la perfection. Lèvres brillantes et pulpeuses. Battements de cils séducteurs, comme si elles s’étaient entraînées.
J’avais les nerfs à vif. Étais-je la plus jolie ici ? Je n’en avais aucune idée. On m’avait déjà complimentée sur mon physique. Mais je ne savais pas si c’était juste parce que j’étais blonde aux yeux bleus ou si c’était parce que certains me trouvaient réellement jolie. Quelques-uns de mes professeurs m’avaient dit que je devrais faire des concours de beauté, mais bien sûr, nous n’avons jamais eu l’argent pour cela, et maman était toujours souffrante de toute façon.
Mais qu’allait penser de moi ce mystérieux « Initié » ? Chercherait-il au-delà des visages poudrés à deviner notre être intérieur ?
J’ai ricané en silence. Je rêvais ou quoi ? Tous les mecs que j’avais connus jugeaient les filles uniquement sur le physique. Que disait-on déjà ? Ah oui, qu’un homme jugeait une femme dans les premières cinq secondes, qu’elle lui plaise ou non. J’y croyais.

Oui, je détestais mon père, soupira-t-il. C’était un salaud d’égoïste qui ne pensait qu’à sa gueule et à son prestige. Rien de ce que ma sœur et moi faisions n’était assez bien pour lui. Il ne nous a jamais frappé ou autre, mais j’aurais préféré des baffes à la raclée verbale qu’il nous assénait les rares jours où il nous faisait l’honneur de sa présence à la maison. Je suis revenu pour offrir un soutien à ma sœur, et pour être tout à fait honnête, je suppose que je suis revenu aussi pour ma mère, de façon un peu malsaine. (Il a secoué la tête.) Ma mère ne valait pas mieux que mon père. Elle s’occupait plus de ses galas et œuvres de charité que de ses propres enfants. Mes deux parents étaient égocentriques et ils n’ont pas fait grand-chose pour nous élever. Tu peux remercier le flot continu de nourrices pour ma charmante personnalité, dit-il avec un petit sourire. Mais ma sœur était différente. Jasmine a un cœur pur, son amour pour moi est le seul véritable amour que j’ai ressenti en grandissant, et même encore maintenant. Elle est comme moi. Elle n’a pas demandé à naître dans cette cage dorée cauchemardesque.

Il ne s’agit que de ce que vous et moi ressentons. À ce jour, je me sens bien plus connecté à vous qu’à qui que ce soit d’autre. Ma vie me paraît hors de contrôle en ce moment. Mais vous êtes mon seul ancrage. Vous êtes la seule personne à comprendre réellement ce que j’ai vécu et ce que je ressens maintenant. Je ne me soucie pas du terme « épouse » ou de tous les aspects juridiques. Nous sommes ensemble. Je ne vous quitterai pas, et c’est tout ce qui compte. Vous êtes ma femme, Ember. Effacez de votre esprit tout ce qui peut dire le contraire, me dit-il en repoussant une mèche de cheveux derrière mon oreille.
Il se penche vers moi et pose ses lèvres contre les miennes. Ce ne sont pas les mêmes baisers qu’hier soir. C’est différent. J’entends sa respiration, je sens son souffle. Et lorsqu’il enfonce sa langue dans ma bouche, je goûte à son souffle. Il est empreint de faim et de désir tout comme le mien.

Je n’avais jamais vu une bite si longue et si grosse de ma vie. Ma bouche s’est asséchée, et ce n’est que lorsqu’il a posé un genou sur le lit que mes yeux sont remontés vers son visage. – On dirait que la putain aime ce qu’elle voit. Putain ? Quel salopard hypocrite… Mais avant que j’aie le temps de répliquer intelligemment, il a collé sa grosse bite contre ma fente. J’ai senti mes yeux s’arrondir comme des soucoupes en même temps que je mouillais, me préparant à le recevoir. Tout ce que j’avais appris sur cet homme au cours des dix dernières minutes me le rendait méprisable. Mais mon corps… eh bien, mon corps n’avait pas vraiment compris le message. Tout ce qu’il voyait, c’est que l’homme le plus sexy que j’avais jamais vu se penchait vers moi en frottant d’avant et arrière sur mon clitoris la bite du siècle et… Je n’ai pas pu réprimer un spasme de plaisir en me cabrant contre Sully.

C’est le seul moyen de décrire ce qui se passait entre Sully et moi. Nous sommes passés de la haine à… eh bien, à l’opposé, en quelques jours, heures, voire minutes. Nos émotions jouaient au yoyo, et je ne savais pas comment le gérer. Je ne pouvais qu’imaginer qu’il ressentait la même chose. Je n’arrivais absolument pas à le cerner, ni même à le comprendre malgré tous mes efforts.
Aujourd’hui… il était bizarre. Distant, mais pas méchant. Nous étions mal à l’aise, mais pas froids.
J’étais dans la salle de bain en train de me préparer pour l’épreuve de ce soir. Aucun de nous n’avait la moindre idée du programme, car on m’avait livré une robe vert sauge qui descendait à mi-cuisse. Elle n’était pas indécente, et comme j’étais habituellement nue, je considérais que c’était une victoire. Mais rien n’était moins sûr dans ce lieu. Je savais qu’il ne fallait rien tenir pour acquis.

Oui, je marche certainement dans l’ombre de la mort. Chacun de mes pas est un pas de plus vers la perte de la personne que j’étais autrefois. Je ne serai bientôt plus qu’une coquille vide… tout comme mon père.
Ma sœur m’a pris la main et l’a serrée fort. Tous ceux qui nous observaient ont dû y voir un geste de réconfort fraternel. Mais la vérité, c’est que Jasmine me retenait. Elle savait que je ne voulais pas être là. Elle savait que je voulais m’en aller et ne plus jamais revenir. Elle savait que je ne ressentais rien d’autre que de la haine et du mépris. Pour une adolescente, elle était plus perspicace et lucide que tous ces trouducs narcissiques qui prétendaient être les amis de mon père.
J’étais là pour elle, et seulement pour elle, et Dieu merci, elle me l’a rappelé avant que je me carapate. Ma détermination s’affaiblissait à chaque mot de l’éloge funèbre du pasteur.

J’essaie de me tourner vers l’avenir. J’essaie de ne pas montrer ma peur. J’essaie de faire tout ce que m’a dit Christopher alors qu’il nous ouvre la voie à travers tous ces gens qui hurlent les questions et nous prennent en photo. Je n’arrive pas à voir la limousine, mais Christopher me traîne vers l’avant.

Maudits soient mon père et les gènes qu’il m’a transmis, car je n’étais pas compatible pour donner à ma petite sœur ce foutu rein dont elle avait tellement besoin. Tanya non plus – possiblement la benjamine, LeAnn, l’était, mais nous n’avons pas fait le test, elle était trop jeune et n’avait pas besoin de savoir pour la maladie de sa sœur.
L’État de Géorgie était le parent pauvre du pays pour obtenir une greffe de rein. Foutue loi de Murphy. Et il fallait que nous vivions ici.
Mais les jours étaient comptés pour Reba.
Alors, quand j’ai reçu une invitation loufoque d’un type loufoque en queue-de-pie et que j’ai réalisé que tout cela était réel, et que, telle une fée marraine, ils pouvaient exaucer tous mes vœux, même celui de placer ma petite sœur en haut de la liste pour une greffe de rein ?

Alors que j’étais encore éberluée, un homme s’est approché. Il était plus âgé, maigre, et il avait la peau du cou pendante et plissée comme une tortue sortant la tête de sa carapace. Il ne s’est pas embarrassé de politesses. Ses yeux bleus de fouine n’étaient que sur moi. En fait, ses yeux bleus de fouine n’étaient que sur mon corps. Je ne pense pas que son regard soit monté plus haut que ma poitrine.
Il ne s’est même pas présenté. Il a levé une main et m’a pincé le mamelon en le tordant douloureusement.
J’ai arraché sa main et je l’ai giflé.
Tout mouvement a cessé dans la pièce.
Oh merde.
C’était mauvais.
Je n’avais pas l’intention de le faire. C’était juste un réflexe. Une réaction pour virer les mains du vieux pervers de mon corps.