Ana Huang

Et j’ai compris : avant, ce n’était pas que je ne croyais pas en l’amour. C’était que je gardais tout en prévision de toi. 

La plupart des gens pensent que le plus grand sacrifice à consentir est de mourir pour quelque chose. Ils ont tort. Le plus grand sacrifice que l’ont peut faire est de vivre pour quelque chose, de se laisser consumer et transformer en une version de soi-même que l’on ne reconnaît plus. La mort, c’est le néant, l’oubli; la vie, c’est la réalité, la vérité la plus dure qui ait jamais existé.

Il devrait y avoir un PayPal pour les seins, qui permettrait aux femmes d’échanger leurs tailles de bonnets en un seul clic.

– Je n’ai pas besoin d’une fin heureuse. J’ai besoin d’être à tes côtés. J’ai besoin que tu sois comblée, en bonne santé et en sécurité. Bon sang, Bridget, j’ai besoin de toi. Par n’importe quel moyen. Sa voix se brise pour la première fois depuis que je suis avec lui, et mon cœur se fend. 

– Crois-moi, Princesse. Je préférerais mettre fin à mes jours plutôt que de te demander de faire quelque chose où tu risquerais de te blesser. 

Le chagrin n’est pas une émotion unique, c’est une centaine d’émotions enveloppées dans un linceul sombre.

Tes ennemis sont mes ennemis, tes amis sont mes amis. Et si tu me le demandais je brûlerais le monde pour toi.

Même quand tu n’es pas là, tu es partout. Dans ma tête, dans mes poumons, dans ma putain d’âme.

Mais voilà le problème avec la culpabilité. Elle se fout bien des faits et de la logique. Elle germe des moindres graines de doute, se glisse à travers les fissures de votre psyché, et le temps que vous compreniez ce que sont ces horribles trucs noirs qui suintent de vos veines, elle s'est déjà enracinée si profondément que vous ne pouvez pas l'extraire sans perdre une partie de vous-même.

Je suis là. Je ne pars pas. Je veille sur ce qui est à moi, et tu es à moi depuis que je t’ai vue devant ta maison mal sécurisée à Thayer. Enfin, jusqu’à ce que je m’en occupe, bien sûr.  

Je ne sais peut-être pas ce qu’est l’amour, mais je sais que je suis amoureux de Bridget von Ascheberg, au point que même moi – pourtant très doué pour me refuser tout ce qu’il y a de bon dans la vie –, je ne peux pas le nier. 

– Eh bien, eh bien, lâche-t-il, avec une pointe d’amusement. Je n’aurais jamais cru voir ça un jour. Rhys Larsen amoureux. 

Je tiens à ce que tu saches quelque chose, Princesse, dit-il de sa voix rauque, tout contre ma peau. Il n’y a pas grand-chose que je veuille proclamer mien dans ce monde. J’ai vu et fait trop de conneries dans ma vie pour croire en l’éternité. Mais toi… (Il saisit mon menton de sa main libre.) Tu m’appartiens. Je me fous de ce que dit la loi ou qui que ce soit d’autre. Tu es mienne. 

Je n’en ai rien à foutre. Bridget est à moi. Elle n’est pas pour moi, mais je la prends quand même. Ses rires, ses peurs, ses joies et ses peines. Chaque centimètre carré de son corps et chaque battement de son cœur. Toute à moi. 

Même quand tu n’es pas là, tu es partout. Dans ma tête, dans mes poumons, dans ma putain d’âme. 

– Peut-être… que j’ai toujours été destiné à trouver mon chemin vers toi. 

Elle n’est pas la seule à être en colère ce soir. Je suis furieux qu’elle ait passé la dernière demi-heure à laisser un connard sournois poser les mains sur elle. Je suis furieux qu’on se dispute alors qu’il ne nous reste que deux semaines à passer ensemble. Et surtout, je suis furieux de la désirer alors que je ne peux pas l’avoir. 

– Je préfère que vous soyez en vie pour me détester, plutôt que morte parce que vous m’appréciez. 

– Alors, ce livre ? me lance-t-il un peu plus tard, quand il a terminé sa séance de musculation. J’ai attrapé le premier volume à ma portée juste avant qu’il entre dans le salon.
– Captivant. Je m’efforce de me concentrer sur la page plutôt que sur la façon dont le tee-shirt humide colle au torse de Rhys. Pour des abdos, ce sont des abdos. Peut-être même en béton armé. Non que je m’interroge sur leur fermeté.
– Ça m’en a tout l’air, en effet. Son visage demeure impassible, je décèle pourtant une pointe de moquerie dans sa voix.
Il se dirige vers la salle de bains et, sans se retourner, ajoute :
– Au fait, Princesse, vous tenez le livre à l’envers. »

« – Et puis quelqu’un est entré dans ma vie et a bouleversé tout ce que je croyais savoir. Elle est tout ce que je n’étais pas, un cœur pur, confiant, optimiste. Elle m’a montré la beauté qui existait dans ce monde et, à travers elle, j’ai appris le pouvoir de la foi. De la joie. De l’amour. Mais j’ai peur de l’avoir souillée avec mes mensonges et j’espère, de tout cœur, qu’elle trouvera un jour le chemin pour sortir de l’obscurité et regagner la lumière. »