Tinder surprise - Ana Ker
Le plus dur avec la vraie vie, c'est qu'on est obligé de l'affronter, on ne peut pas se déconnecter et ignorer, on ne peut pas dématcher et passer à un autre. Ca fait tellement plus mal, mais c'est tellement plus vrai. Il n'y a pas d'écran pour se protéger, pas de Photoshop pour s'améliorer, pas de GIF pour se parler. On est à nu, vulnérable, imparfait, pourtant on se sent exister.
J'ai aimé, adoré, exulté, saturé, renoncé, hurlé, fatigué, bousculé, et finalement, j'ai avancé. J'ai été tour à tour ballerine, chasseuse de lions, chanteuse, astronaute, pilote de chasse, fleuriste, aventurière, plombière, étudiante, philosophe, commercial, videuse de truites, vendeuse e climatiseurs, guide touristiques, prof de français, agent secret, décoratrice, actrice, videuse, agent du FISC, joueuse de curling, présentatrice télé ou informaticienne entre autre professions inventées.
Une réunion Tinderware, c'est une nuée de desperate housewives accrochées à leur portable qui piaillent, caquettent, critiquent, ricanent et scannent de nouveaux hommes autour d'un thé matcha. En d'autres termes, c'est Copine 1 et Copine 2 qui squattent mon canapé, Tinder entre les mains.
J'ai matché avec 296 hommes sur Tinder, j'ai eu 577 likes sur OkCupid et 10 crushes sur Happn. J'ai rencontré 18 prétendants, bu 43 verres de vin, 3 cocktails, 4 shooters framboise-gingembre, 4 litres d'eau cul sec, 46 litres de thé noir, mangé 700 grammes de cacahuètes, 7 tranches de fromage, dépensé 110 euros, parlé 5 fois de soupe, prix 2 kilos, parlé 4 langues, découvert 7 bars vraiment sympas, pédalé 104 kilomètres, appris à défendre une thèse en GIF, visité Paris, ajouté 3 noms à mon répertoire, chopé une tendinite, couché avec un homme marié et passé plus de 12.000 minutes à trouver l'amour.
Profil : « Connard de base, beau gosse, égoïste et prétentieux, j’aime le sexe, le tuning et les voitures de sport. Le week-end, je regarde les matchs du PSG en me grattant les couilles et en buvant de la Kro, je laisse mes boîtes de pizza traîner en attendant qu’une fille les jette. »
Vingt-huit ans plus tard, l’existence me semble incroyablement plus compliquée. Pourtant, jusqu’il y a un an, Alex-qui-m’a-brisé-le-cœur et moi, on allait s’aimer jusqu’à nos cent ans.
Dans l'après-midi, on fait une réunion Tinderware. Une réunion Tinderware, c'est une nuée de desperate housewives accrochées à leur portable qui piaillent, caquettent, critiquent, ricanent et scannent de nouveaux hommes autour d'un thé matcha.
Bref, je fais mon shopping comme on feuillette un magazine de filles : une serviette dans les cheveux, un masque vert sur le visage, des rondelles de concombre prêtes à l'emploi au frigo, et j'admire ou dénigre les dizaines et les dizaines de mâles qui se présentent au poste.
Profil : « Sans amour, toute religion n’est qu’une sorte de divertissement métaphysique. »
Josémaria Escriva de Balguer l'a dit : le chemin de l'amour s'appelle sacrifice