Bonnard, Bazaine, Ubac, Frenaud
Cette émission nous permet d'assister à la rencontre de trois amis, le poète
André FRENAUD, les
peintres Jean BAZAINE et Raoul UBAC puis de retrouver, filmé par Aimé MAEGHT, Pierre BONNARD, dans son intimité, lors d'une balade aux îles de Lérins.Raoul UBAC reçoit chez lui ses deux amis
André FRENAUD et Jean BAZAINE. Ils commentent les oeuvres de UBAC, évoquent leur rencontre et parlent...
Pour charmer
ta chevelure
de luciole,
Deborah,
toute la mer
a ourlé
ses tempêtes
en dentelles
à tes genoux.
DANS TA FORTERESSE
Si elle ne connaît pas ma demeure,
à moi aussi obscure,
elle distinguera parmi la broussaille
mes flèches, mes signes.
Et si elle ne sait pas voir,
mon désert l'entreprendra et l'acheminera.
Puis elle se glissera entre les terres meubles
sans trappe ni outils.
Elle saura éviter l'eau hagarde le long des défenses.
Guidée par l'œil intègre de l'épée, elle s'avancera par l'accès où toutes s'aveuglaient parmi les roches tailladées.
- J'ai tout prévu, limité le temps de l'approche.
Les autres, je les ai récusées.
Je me tiens dans mes liens. J'attends.
-Si je viens jusqu'à vous, j'entrerai avec les nuages dans votre forteresse.
Des entrailles de la terre se rue la foudre,
fourgonne, tombe...
Les gouttes chaudes.
La grosse averse tendre.
Clavier des tuiles dans la chambre,
puis le ruissellement sans fin , le chaos...
Déjà tout près les rais du soleil
départagent la montagne et le jardin
Tout recomposent.
TOAST EN RÉPONSE
Aux défis de l'impossible.
À deux déserts si distants.
À la lumière qui les sépare.
Aux gemmes incertaines de l'abîme.
À la vérité d'une approche éperdue.
À la médiation du feu.
À l'inacceptable. À la reconnaissance.
À l'échange. À la réparation.
À la migration ensemble.
Au commun accès.
À toi. À moi.
(Septembre 1962)
-Retour d'enfant prodigue-
Le vieux père est gâteux, il m'embrasse dès l'aube
et salit mon jabot avec ses yeux chassieux
Mes frères, je les hais, qui mentent comme je mens
pour sauver l'héritage dont il veut leur reprendre
les plus beaux boeufs pour la brebis perdue,
retournée au bercail en posture de repentance.
Qu'ils gardent les troupeaux, mais l'argent je le veux,
et ma soeur Adeline en tunique brodée,
qu'attisent ma misère et ce moignon verveux,
chemineau sur d'autres routes que leur niais chemin
qui mène de la maison natale au cimetière
par des comptes, par des amours, croient-ils,
parfaisant leur néant de vertu en vertu.
...J'en ai assez déjà , je veux brûler les meubles
et la famille, eux tous. L'incendie est exquis,
quand je repartirai gueniller par les villes.
Cette vie me plaît seule, de qui rien n'appartient
que troubles et que fureur à défaut d'avoir pu
être un autre ou m'aimer. (p.404 / Gallimard, 1986)
Malhabiles nous sommes à nous atteindre, les hommes
malgré la promesse entrevue dans l'eau du regard.
-Je te le jure-
....Nous ferons rendre le mauvais sang à nos blessures,
et les rêves passeront dans les veines l'un de l'autre,
colorant à chacun la voix qui n'est qu'à lui.
Chacun sera lui même quand il deviendra l'autre.
Nous nous ferons intacts, l'intégrité est en avant.
La mort qui est en nous depuis l'origine
n'infirmera pas notre amour de son mauvais sourire.
(p. 102 / Gallimard, 1986)
-De façon imperceptible-
Accession, égarement...Les maisons les plus âpres se laisseraient toucher par un sourire intermittent. (p. 67 / Gallimard, 1986)
Mortelle
Pour charmer
ta chevelure
de luciole,
Deborah,
toute la mer
a ourlé
ses tempêtes
en dentelles
à tes genoux.
,
-Neuf cimetières-
Les tombes ne survivent plus longtemps
aux morts, aujourd'hui. Dorés sur marbre,
les nouveaux inscrits n'émettent nulle
présomption d'espoir
en une ferveur pour eux perdurant
plus qu'au vieux ciel, la joie
...quelques édifices, vides, lavoirs ou temples,
se maintiendraient pour témoigner
de la solennité anxieuse de la pierre
taillée pour l'homme. (p.24 / Gallimard, 1986)